D. 28 Need for Speed

Ça va mieux. J’ai toujours la crève, mais j’ai l’esprit beaucoup moins embrouillé. C’est très paradoxal, mais du coup, j’ai eu beaucoup plus de mal à maintenir ma concentration sur la lecture de mon manuel de plongée, aujourd’hui.

Hier, je tournais au ralentit. J’avais qu’un seul « canal » ouvert, il suffisait de lire et de ne pas bouger pour que mon esprit, aussi embrumé qu’il était, imprime néanmoins l’essence de ma lecture en mémoire.

Mais aujourd’hui, la moindre phrase me lançait dans une fourche. Mes yeux lisaient déjà le paragraphe suivant, tandis que mon cerveau déroulait des fils dans tous les sens. Je devais mobiliser de l’énergie à me concentrer activement sur ma lecture, pour ne pas réfléchir d’un lobe aux différents scénarios pratiques que j’étais susceptible de rencontrer, à la lecture théorique en cours par l’autre lobe.

C’est une des raisons qui fait que je m’épuise toute seule, je crois bien. Je cours sans arrêt après mon esprit, au lieu d’investir de l’énergie à me ralentir quand c’est nécessaire. Rien ne va jamais assez vite, je ne parle pas assez vite, les autres ne répondent pas assez vite, les conversations ne vont pas assez vite, la lecture ne va pas assez vite, pas assez droit au but, pas assez à l’essentiel.

Je m’épuise à courir en me plaignant que c’est la faute du reste du monde si l’essence des choses est enfouie derrière tant de pertes de temps. Mais c’est de ma faute, je crée et je nourrie au moins autant de « bruits » parasites que ceux qui me fatiguent. Moi non plus, je ne vais pas à l’essentiel dans mes propres pensées.

Pourquoi je m’inflige la lecture extensive de tout un bouquin dont je connais déjà 70% du contenu, et dont le « test de connaissance » sera un QCM ? Pourquoi je ne saute pas l’étape « lire le bouquin comme on me l’a demandé », et que je n’attaque pas le problème exactement comme je devrais, c’est-à-dire en procédant à l’extraction de son essence :

– lire le sommaire
– identifier les notions clés
– passer sur chaque chapitre en diagonale et noter la notion-clé de chaque sous-section
– repasser sur le sommaire pour vérifier que je connais désormais la notion-clé de chaque titre
– croiser avec les tests de fin de chapitre pour vérifier que j’ai pas zappé une question utile à l’examen.

Le syndrome de la bonne élève

Pourquoi je fais pas ça, pourquoi je prends pas « le raccourci efficace » mais que je passe par la route principale ? Parce qu’on me l’a demandé. C’est le syndrome de la bonne élève, n’est-ce pas. Il faut suivre la consigne, suivre la méthode donnée par le prof. C’est une obligation de moyens ET de résultats. Mais se plier à l’obligation de moyens est une assurance de résultat : si je me plante, je pourrais me justifier « pourtant, j’ai bien lu le bouquin ! »

Si j’en fais qu’à ma tête et que j’échoue, j’ai pas d’excuse. C’était comme ça, à l’école.

Sauf qu’on n’est plus à l’école, et qu’au fond, il n’y a toujours eu que le résultat qui comptait. Et la méthode, elle ne me convient pas. J’emprunte une route qui me mène dans le mur, parce que les informations ne sont pas « rangées » correctement, et que le test (un QCM) me les demande de façon illogique.

Je sais expliquer toute la théorie de la plongée, mais je peux me planter dans un texte à trou, si « la » bonne réponse est celle qui est donnée dans le livre. Trouver un mot qui manque, c’est con, expliquer un concept, c’est compliqué. Résultat.

Je me comprends.

Faut vraiment que j’arrête de faire ça. La bonne élève. À qui je vais faire signer mon bulletin ? C’est mon temps que je perds, et mes nerfs que j’épuise à faire ce qu’on me demande au lieu de réussir ce qui est attendu.

Je dois assimiler un manuel de 250 pages. Pour la plupart des gens, ça passe par le lire. Et pour moi, ça passe par un autre chemin.

Au lieu de passer mon temps à pester que ça va pas assez vite, j’ai qu’à m’engager dans les raccourcis, et arrêter d’avoir peur de me faire engueuler si on me chope à traîner loin des rues principales.

Je me comprends.

J’aurais pu intituler ce billet « Fuck You Hermione Granger », mais ça aurait été de la mauvaise foi. Même Hermione a compris qu’elle avait le droit de tracer sa propre route quand il n’y avait pas de voie assez efficace pour atteindre ses objectifs.

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