D. 34 L’envie et le besoin d’apprendre, ça s’apprend ?

Comment et pourquoi on apprend ? Je me suis fait la réflexion par 18 mètres de fond ce matin, en encadrant un couple de Belges, certifié Open Water avec sept plongées seulement au compteur.

Dans l’eau, ils gesticulent les bras comme si c’étaient des nageoires, et ils ont fini à 50 bars en trente minutes (il y avait du courant, je les voyais palmer comme des dératés).

Je les regardais bouger dans tous les sens, galérer à maintenir leur stabilité, et j’ai eu un flash de mes propres débuts. Y a pas de miroir sous l’eau, donc je ne me suis jamais vue, mais j’imagine que je ressemblais à ça, un pantin désarticulé qui secoue ses membres dans tous les sens.

J’ai progressé, j’ai appris, et maintenant c’est mon tour de pointer les erreurs et d’aider à progresser. Alors de retour sur le bateau, j’ai pris le temps de réfléchir au débrief que je voulais leur faire.

Ils sont en vacances, pas en formation, donc ça doit être bref et droit au but si je veux être efficace. Il faut que je leur donne des conseils ciblés, faciles à mettre en oeuvre, pas un cours théorique.

… Je leur dis quoi ?

J’ai pris le problème à l’envers. Been there, done that, alors qu’est-ce qu’on m’a dit, à moi ? Et qu’est-ce que j’avais besoin/envie d’entendre, quand j’étais à leur place ?

Pourquoi j’apprends ?

Tout ceci m’amenée à me poser la question : pourquoi j’apprends des trucs ? Et comment ? Si je décortique ça, je vais réussir à reproduire le schéma avec d’autres personnes. L’idée étant d’aider les gens à apprendre des trucs sans en avoir l’air, ce qui est particulièrement utile avec les gens (un peu) traumatisés de l’école et sa pédagogie du bâton.

J’apprends par curiosité : quelque chose retient mon attention parce que ça sort de l’ordinaire, j’ai envie d’en savoir plus. C’est un apprentissage motivé par l’envie.

J’apprends par pragmatisme et intérêt : quelque chose est utile, et va me servir à obtenir quelque chose d’autre par la suite. Ce sont des méthodes ou des connaissances que j’ai besoin d’acquérir comme outil, qui auront une utilité future. C’est un apprentissage motivé par la nécessité, le besoin.

J’apprends par défi, par challenge : quelque chose est inaccessible, ou difficile à atteindre. Apprendre devient aussi gratifiant que d’entreprendre l’ascension d’un sommet. On dit que c’est pour la vue, mais soyons honnête : si c’était pas l’effort en soi qu’on kiffait, on se contenterait des photos. C’est un apprentissage motivé par l’inspiration, le « drive » en anglais. L’intuition ? La « faim » ?

Sans surprise, j’apprends plus vite et plus efficacement quand ces trois canaux convergent, que lorsque je suis uniquement la voie de la nécessité. L’envie seule peut m’amener à court de motivation assez rapidement, c’est difficile à tenir sur le long terme. Et le défi est trop incertain de nature pour justifier un investissement trop important.

Mais combiner envie, besoin et challenge, c’est l’autoroute de l’apprentissage réussi.

Pour moi même, ou pour les autres, je dirais donc que la recette d’un apprentissage réussi, c’est :

  • Une bonne base de nécessité : identifier une compétence utile à acquérir et à développer.
  • Une couche généreuse d’envie : susciter la curiosité et l’intérêt pour cette compétence, qu’il y ait davantage à y gagner que juste la maîtrise d’un truc utile.
  • Un soupçon de challenge : les plus joueurs seront réceptifs à la simple présence d’un défi, pour les autres, il s’agit de donner le goût de l’effort (par exemple avec des points d’étapes pour mesurer le chemin parcouru). Et si y a pas de sommet à l’horizon, à moi d’en fixer un.

À creuser.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s