Parfois, j’oublie que ça fait peur. Les responsabilités m’écrasent. C’est la gravité, ça te tire vers le bas, et la peur agit comme un poids. Du coup, ça t’écrase encore plus. Et ça te demande encore plus d’effort de relever la tête, de continuer à avancer.
La peur nourrit la peur, alors c’est de plus en plus lourd. Bientôt, tu peux plus mettre un pied devant l’autre tellement ça t’écrase les épaules, le dos, ça te serre la poitrine, ça comprime les poumons.
La pression t’étouffe. Et bientôt, tu respires plus.
Parfois j’oublie que la peur a cet effet toxique et paralysant. Et parfois, je me rappelle qu’elle peut aussi procurer un effet stimulant, enivrant, grisant. Et c’est juste une question d’état d’esprit.
Alors je me rappelle que la peur existe pour que mon cerveau soit en état d’alerte, parce que j’ai besoin d’être à 100%. Si je ne bouge pas, si je ne fais rien, c’est comme si je me laissais paralyser : puisque je refuse de prendre l’initiative, mon cerveau prend celle de m’immobiliser. C’est plus sûr. Si on reste sur place, il ne peut rien nous arriver.
Mais c’est faux, bien sûr. Ou plutôt, y a un peu de vrai : il ne peut rien m’arriver. Le bad, vraiment. Je veux vraiment d’une vie où il ne va rien m’arriver ? Bien sûr que non. Alors il faut que j’accepte le risque. Et l’annonciatrice du risque, souvent, c’est la peur.
Parfois j’oublie que la peur est aussi un stimulant. C’est juste à moi de le décider, et d’agir en conséquence, sans me laisser paralyser.
« Clémence, you’re leading today »
Bien sûr que ça me fout les jetons d’emmener 5 personnes par 30 mètres de fond. D’assumer la responsabilité d’un groupe de plongeurs, avec lesquels j’ai jamais plongé.
Bien sûr que ça me paralyse, de me dire qu’à l’avenir, ça pourrait être mon job à plein temps, que je serais responsable d’un groupe de plongeurs après l’autre. Sans instructrice pour assurer mes arrières. Ce serait sans filet.
Bien sûr que ça me fait flipper. Mais c’est à ça que je reconnais les frontières que je dois dépasser, les limites que je dois repousser pour me stimuler, apprendre, grandir, à tous les sens du terme.
Parfois j’oublie que la peur est grisante, quand je décide de ne plus la laisser m’étrangler, mais que je me sers de son poids pour garder les pieds sur terre.
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