Quelle sensation étrange, euphorique, vertigineuse et flippante à la fois : le point final.
Déjà, c’est encore une première fois à épingler au tableau de cet été. C’est la première fois que je termine un roman. Rien que de l’écrire, ça me procure un sentiment bizarre. Comme « un soulagement positif ». Ce n’est pas une douleur ou un manque que je soulage, c’est un accomplissement que j’achève.
Et c’est étrange.
Je me suis relue, critique et scrupuleuse, avec un oeil acéré et les doigts tendus sur le clavier. J’ai traqué les anglicismes involontaires, les coquilles, les fautes d’accord. J’ai ciselé les phrases complexes, taillé dans les structures lourdes, construites à l’envers, les propositions mal reliées, mal assemblées.
J’ai interrogé mon intention, derrière chacune de mes idées. Est-ce que ces mots ont un sens ? Est-ce que leur contexte le rend univoque ? Est-ce que le point est clair, clairement amené ? (Est-ce que j’ai bien évité des anglicismes insupportables à la « le point est » ?)
Est-ce que j’ai pas intégré des références à d’autres oeuvres, qu’il faut soit assumer en bonne et due forme, soit retirer du texte ? (Ou la hantise de choper des idées chez les autres sans s’en rendre compte…)
Est-ce que ma chronologie est cohérente, est-ce que les « portes ouvertes » sont des négligences, ou des clins d’oeil volontaires à la suite ? (Spoiler alert : j’avais fait n’importe quoi dans les dates, MDR… ET je me suis surprise en retrouvant quelques unes de mes « pistes » pour les tomes suivants, en mode « ah mais oui lol faut pas que j’oublie çaaa »… Hashtag autrice en carton…) (mais c’est bon j’ai pris des notes hein)
Je me suis relue, et je ne peux pas m’empêcher de me demander : est-ce que c’est publiable ? Je ne doute pas vraiment que cette histoire soit intéressante à lire, sans fausse modestie : ça va faire dix fois que je la lis, et je prends toujours du plaisir à la re-découvrir, j’oublis certains détails (cf paragraphe précédent).
Après plusieurs relectures, je pense avoir lissé le style, même s’il doit rester quelques lourdeurs, et quelques répétitions (malgré mes efforts pour retirer mes usages abusifs de l’expression « briser le silence », il doit en rester trop…)
Et même après plusieurs relectures, toujours le même sentiment : bordel, j’ai vraiment TOUT découvert, là. Je ne me suis jamais sentie aussi nue qu’en voyant mes états d’âmes, mes dilemmes moraux, mes batailles intérieures exposées comme ça, tous ces sentiments traduits en paroles prêtées à des personnages, que j’agite comme des marionnettes, planquée derrière un mince écran de papier.
C’est exactement ça. Tout est de moi. Tous les personnages sont moi, leurs caractères, leurs hésitations, leurs doutes, leur détermination, leur courage et leur lâcheté, leur altruisme et leur égoïsme. Leurs ambitions et leurs angoisses, leurs rêves et leurs limites.
Ils ont les visages de gens que je connais ou que j’ai sans doute croisé, et que mon subconscient me recrache lorsque j’entends leur voix, dans mon esprit. Mais je n’ai pris aux gens qui existent que leur apparence physique, et encore, seulement à travers mes propres yeux. Un détail de chez eux.
C’est vraiment une expérience étrange, de coucher tout ça sur le papier. Et plus encore de le relire deux ans après le premier jet, et de toujours s’y retrouver. Comme si c’était une photo de moi qui vieillissait avec moi, sans que l’image ne change.
J’ai dis que j’y ai mis un point final, mais c’est faux, bien sûr. C’est un « à suivre » que j’ai apposé à la fin, parce que c’est pas du tout la fin, au contraire. C’est à peine le début de l’aventure.
Expi(r)ation, Renaissance, Tome 1. Peut-être bientôt en librairie (PS : je cherche un ou une éditeur•rice, à bon entendeur, cordialement), et sinon, sur Internet.
« Coming soon », whatever happens!
544 851 caractères
88 043 mots
241 pages en PDF, interligne 1.3
29 chapitres + 1 épilogue
Et un point final.
🙂
Ah, et du coup : défi relevé !!!
2 réflexions sur “D. 55 Point final”