D. 14 Sept jours à quai

Le verdict est tombé : j’ai une otite — enfin, ce qu’il en reste, la marinade d’huile d’olive à l’ail et les anti-inflammatoires auront effectivement évité que l’infection ne passe de l’oreille externe à l’oreille interne. Mais voilà, il y a bien un dépôt bactérien au fond, là, et si mon tympan gauche a retrouvé sa souplesse (et moi, le sens de l’ouïe de ce côté), il n’est pas recommandé de le noyer d’eau chaude salée en lui plaquant 300% de variation de pression trois fois par jour.

Donc, l’excellent jeune médecin que j’ai vu ce matin m’a prescrit des gouttes et des pilules pour une semaine, et donné rendez-vous dans sept jours pour une visite de contrôle, date à laquelle il réserve son jugement sur la suite de mon aventure.

Il m’a laissé le choix, bien sûr. Je pouvais partir, il m’aurait écrit une ordonnance pour que je puisse aller voir un autre médecin, dans sept jours, où que je sois. Je suis allée m’assoir en terrasse, surplombant le port de Labuan Bajo, pour réfléchir à mes options.

D’abord, le constat : je ne plongerai pas à Komodo cette année. C’est vraiment rageant de passer, au final, près de deux semaines sur les plus beaux sites de plongée AU MONDE et de ne pas pouvoir mettre la tête sous l’eau. Je sais pas quelles forces cosmiques j’ai contrariées pour mériter pareille ironie du sort, mais soit.

Ensuite, les options : partir, ou rester à Florès. Partir, ce serait renoncer de moi-même à mon plan A, et partir directement pour Sulawesi en attendant « le verdict » sur place serait d’autant plus cruel et difficile à encaisser s’il était négatif. Tant que je n’ai pas mis les pieds sur le camp, je ne sais pas trop ce que je rate… Et je ne suis pas sûre de savoir quoi faire à Sulawesi une fois que j’y serai si je ne peux pas plonger. Repartir finirait par être couteux : j’ai déjà réservé mon billet d’avion retour de Makassar pour Denpasar le 3 septembre, que je ne peux pas annuler, évidemment.

Perdre 60€, ça va, mais re-payer peut-être le double pour rallier Jakarta… ça va finir par être cher.

C’est donc l’option « rester » qui l’a emporté. D’une part, parce que j’ai l’impression d’avoir passé mon temps à courir en avant depuis mon arrivée, vers la prochaine étape de mon programme. Quitte à être clouée à quai, j’ai envie de m’arrêter vraiment quelques jours, et de prendre mon temps ici.

L’Internet est encore plus dégueulasse qu’à Gili Trawangan, même ma 3G indonésienne déconne, c’est infesté de moustiques et de touristes, la rue principale est blindée de shops de plongée (so much for distraction), mais ça va le faire.

J’ai attendu patiemment 14h pour pouvoir aller rejoindre le « homestay » que j’avais réservé pour 5 nuits, pour découvrir qu’en fait, ils ne prennent pas vraiment les réservations (ce qui rend leur utilisation de booking.com pour le moins surprenante, mais bon).

J’ai pris le « sorry we are full » des deux jeunes femmes de l’accueil avec une bien bonne humeur, considérant que je déteste que mes plans soient contrariés, habituellement. (Mais, haha, depuis hier, les habitudes et moi, on est en phase de rupture.) Pendant mon tour de la ville à la recherche d’un médecin, j’avais repéré un peu par hasard la terrasse du Bajo View, un hostel extrêmement pas cher et pour une bonne raison : en guise de chambre, ce sont des tentes demi-cylindriques, avec deux matelas et deux oreillers posés dedans. Et c’est tout.

Mais la vue depuis la terrasse est superbe. Il y a aussi des tentes avec vue pour 10 000 Rp de plus, mais je ne voulais pas faire des folies. J’ai donc « un toit » — façon de parler, pour les quatre prochaines nuits. 400 000 Rp les quatre nuits, soit moins de 30€. Imbattable !

J’ai quand même investi une demi-heure à installer convenablement ma moustiquaire au-dessus de mon matelas, et à organiser mes affaires de sorte à toujours porter sur moi mon cash et mes objets précieux : téléphone, ordinateur, passeport… Il n’y a que l’ordinateur de plongée qui reste planqué dans le cadavre de mon sac à dos, au milieu des fringues un peu poisseuses à force d’être lavées au savon seulement et constamment pulvérisées d’anti-moustique. J’ai vraiment pas la fois de le porter au poignet, pas en me sachant bloquée à quai.

Mais bon. Je vais passer les trois prochains jours à Labuan Bajo, probablement à écrire, lire, et boire des jus de citron sans sucre depuis des terrasses aux vues exceptionnelles. Puis, je vais essayer de partir en excursion dans les montagnes lundi, mardi et mercredi, pour être de retour chez mon ami le médecin jeudi 28. Si mon oreille s’est bien défendue, il y a un ferry pour Bira le 29…

Si non, il y aura sans doute un avion pour Java aussi tôt que possible, et cinq semaines passées à rallier Denpasar à travers les volcans (et les lieux culturels remarquables du sud-est de Java).

Mais je ne m’interdis pas de rester quelques jours dans un endroit dépaysant. Je ne m’interdis rien, en fait. Je suis déjà tributaire de tant de paramètres qui m’échappent complètement, je vais pas me rajouter des contraintes.

C’était le quatorzième jour. Déjà deux semaines que je suis là, seulement deux semaines, en fait. J’ai l’impression d’être partie depuis des mois, et que le retour est tout proche. Même en passant sept jours ici, le plus gros du voyage reste encore devant moi.

Deux semaines. Il était temps que je me pose un peu !

D 5. What it takes to be(come) a Dive Master

I don’t remember the last time I had a long term objective this precise, let alone one I actually pursued with this much dedication. And it’s no joke, by the way. I can’t think of anyone who would spend the third day of their dream vacation learning the many ways someone can die, playing through accident scenarios, learning how to break ribs to save a life, and so on. (Yeah that rib thing did traumatise me quite some.) I had to know what I was doing, and be determined to see this through, in order to spend three dives in these phenomenal waters learning how to assist an inexperienced diver, rather than just drifting through the most wonderful real life aquarium I had ever seen.

When I first thought of becoming a Dive Master, it was in the form of a challenge. I met a girl, six years younger than me, not much fitter than I was, most probably not smarter than me. She had done it. So could I, if I really wanted to, uh?

But why would I want to do that? To what end? I’m no longer a student, looking for a smart and cheap way to spend as much time as possible in the most beautiful places of the world. I’m turning thirty this year, surly I need to be thinking of real estate and retirement plans, not travel hacks and a clever escape to some paradisiac island, shouldn’t I?

That’s the first step of going after your dreams, isn’t it? To realise you’re allowed to stray away from the beaten tracks. Once you take that step, and allow yourself to actually turn a crazy thought into a « why the fuck not » impulse, then comes step two: will power. If you really want this, you’ll find a way. No matter how scary it may seem, or difficult it may be.

I never thought myself capable of keeping my cool under water, yet the more I dive, the better I feel. It’s been nearly two years since I’ve started, and I haven’t hit that frustrating ceiling yet, that moment when I don’t make any progress anymore, but I do, in fact, keep getting better and better. And my first instructor knows how far I’ve come down that road, if my very first dive was any indication… (hashtag panic attack on the way to the diving site, let’s not forget).

A year and a half later, here I am, in Indonesia, starting my training. If everything goes according to plans, I could very well be a Dive Master at the end of the summer. I would be a professional diver. An actual hard skill that I can find work with, a job that would require living near the ocean, diving frequently, meeting new people, and practising my foreign languages — even learn some new ones, enough to brief visiting divers and show marine life.

I am looking at the Diving Instructors who have taught me rescue and emergency first response these past three days, thinking: that could be me (Instructor is a step above Dive Master, but one that I intend to take with a little more experience). That could be me, clearing up the dock at the end of the day, preparing the gear and boat rotations for the next morning. Welcoming guests. Training experienced divers, introducing the activity to beginners. That could be me. And I very much like that thought.

I could be living in my bathing suit, and using all the spare time provided by the long afternoons and evenings, the lack of guests, the weather delays, to write. All the novels I have in store, somewhere up in my mind. I could use the relaxing feeling triggered by every submarine immersion to draw endless inspiration. Who needs to get drunk when you can achieve this level of serenity by practicing your actual occupation?

Now I know. Dive Master is a great responsibility. I’d have to stay alert at all times, and assist my divers. Should anything happen, I need to act without fail, for a small mistake underwater can become a great accident. But even this kind of positive stress does not dull my senses, nor my inspiration. And with more experience, I’m confident that I would be able to resolve many more stressful situations, beyond the few (twisted!) scenarios that my Instructor has pulled on me during our three training dives.

« Dive, eat, sleep »: #LifeGoal

So there I am. On the threshold of a new choice, profiling ahead, months, maybe years away… Maybe less. As difficult as that upcoming choice may be, the hardest is yet to come. I may feel confident enough to play Dive Master to an Instructor pretending to be inexperienced, I may be skilled enough to assist an average diver, but I’m a long way away from being able to calm down a stressed beginner, yet alone defuse a panic underwater. I’ve got decent skills, good reflexes, and cool-quick thinking. That’s a start. But not the end of the road, far from it.

It’s an exciting journey, and I intent to enjoy every minute of it. May it be discussing pulmonary oedemas under a parasol, or suffering a sunburn from playing drowned & rescue in a pool for 3 hours, or gazing at my very first giant sea turtle, resting on a reef, with a fish nested on top of her shell.

I had to blink a few time under my mask, the salty water stuck to my lashes wasn’t from the sea.

Ultimately, I don’t know whether or not I’ve got what it takes to become a Dive Master, then an Instructor, to do this job. One thing I’m sure of though: I won’t find out until I’ve tried, with everything I’ve got.

Bring it on: I’m doing this 200%.

Oh, and by the way: I passed. Emergency First Response and Rescue. I’m qualified to coordinate a rescue. And I actually feel confident that I could if — God forbid, I ever needed to.

D 1. Rookie mistake(s)

J’ai pensé à tout. Bah si, j’ai même pensé à m’équiper de manches longues pour pouvoir me balader à l’aise dans une région où les femmes qui montrent trop de peau, c’est manquer de respect à la culture locale. Ouais je grince un peu des dents en écrivant ça, parce que fondamentalement, je ne comprends pas la différence entre les épaules des hommes et celles des femmes. Mais bon. S’il s’agit juste de ne pas déambuler en bikini dans les rues de la ville, ça me va. Faut juste pas trop que je réfléchisse au pourquoi on utilise un pictogramme de meuf en bikini pour dire « respectez la culture ».

Le diable et le détail

J’ai pensé à tout, SAUF au fait que les retraits de cash étaient plafonnés. Non pas par ma banque française, que j’avais pris soin d’avertir de mon départ imminent et de mes besoins assez importants en liquidités. Et je me retrouve sur une île, limitée à 1 million de roupies par jour (environ, ça peut varier selon les banques), et qu’en plus, les ATM n’ont plus été approvisionnés depuis plusieurs jours parce que c’était la fin du ramadan. (C’est Annabelle, une plongeuse rencontrée au comptoir du club qui va me faire passer mes cours de secourisme, qui m’a appris ça. Ouais. J’avais pas eu le mémo, personnellement).

J’ai pensé à tout, sauf au moment où je commande un thé vert au comptoir de Dunkin Donuts pour profiter de leur Internet, et qu’au moment de déballer la paille et de l’enfoncer dans la boisson glacée, je me souviens que glace = eau, eau = tourista. L’erreur de débutant. Même si Le Routard dit qu’à Bali, la situation sanitaire s’est considérablement améliorée, je sais pas, jour 1, j’étais pas d’humeur à parier.

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Rookie mistake, fig. 1

De la négociation au dilemme

J’ai pensé à négocier le taxi au départ de l’hotel, pour rejoindre le port de Sanur.

– Ça va coûter combien environ ?
– Je sais pas, j’ai pas de meter… Environ 650 000 ?

MAIS GARS. J’ai payé qu’une nuit sur les 2 que j’avais réservées, et je m’en sors à 270 000. C’est pas pour te lâcher le triple pour 20 minutes de bagnole.

J’ai pensé à négocier mais j’arrive pas à négocier, parce que je suis une putain de gosse de riche qui vient passer ses vacances les poches pleines de cash dans une île où les gens bossent un mois pour gagner ce que je dépense en une journée, entre un taxi, un bateau, et un resto. Alors je peux pas, je veux pas me battre pour 2€ par-ci, par-là. Je viens pas non plus donner la charité, acheter par pitié, parce que je suis pas Tintin au Congo.

Une dame qui vendait des sarongs m’a abordée pendant que j’attendais mon bateau. Je voulais un sarong, j’avais prévu de m’en acheter un. Je lui demande combien ? Elle répond 70 000. Je sais que je dois négocier, si elle me demande 70, ça doit en valoir 30. Mais je peux pas négocier. Dans ma tête, j’ai fait le calcul. 70 000 roupies, c’est moins de 5€. (100 000 Rp = 7€). Elle me demande 4€ et des poussières pour un vêtement que je vais utiliser tous les jours de cet été, que j’utiliserai en France comme foulard cet automne, que je vais porter au turban ici tous les soirs pour protéger mes oreilles de la clim’ et des ventilos. Moins de 4€.

J’ai pris à 70 000. Quelques minutes plus tard, une autre femme m’aborde. Elle vend des breloques, le genre de trucs dont tu veux pas t’encombrer quand t’es en mode backpacking, jour 1. Je refuse. Elle insiste. Je refuse toujours poliment, je lui montre mon sac trop lourd déjà, blindé. Elle me demande ce que je fais là, combien de temps je reste, etc.

« you very rich girl »

Eh ouais. Very rich girl, limitée en cash par les banques de ce pays, aussi. Elle me demande un euro, pour sa collection de pièces. J’suis con aussi, d’avoir vidé mon porte monnaie avant de partir… Mais attend, il m’en reste un. Je lui offre, elle me montre quelques unes de ses pièces du monde entier, et m’en offre une, chinoise, avec un trou au milieu. On a discuté, le peu qu’on a pu.

Voilà, j’ai un sarong et une pièce de monnaie chinoise en porte bonheur, dont je me ferai sans doute un bijou en rentrant. Pour 5€.

Le juste prix

C’est dur, de se retrouver sans repères. Je suis sur un budget serré, mais je suis FUCKING RICH pour ces gens. Je suis censée négocier tout ce que j’achète, mais j’ai l’impression de leur manquer de respect quand je le fais, et de leur manquer de respect quand je le fais pas. D’un côté, j’suis une connasse de gripsou, de l’autre, j’suis une connasse de néo-colonialiste qui entend « sauver les indigènes » à la force de son porte-monnaie.

Du coup, j’ai arrêté de me prendre la tête. Je paie le prix qui est juste pour moi. J’ai besoin de ça ? À quel prix j’en ai besoin ?

Arrivée à l’auberge « Gili la Bohème », j’ai changé de dimension. Ce lieu est trop fou pour que je n’en fasse pas le cadre d’une de mes scènes de roman, c’est obligé. Je suis entrée en sueur, mon sac décidément trop lourd sur le dos. Direct, « Emi » m’a accueillie avec un verre d’eau.

J’ai hésité. J’ai vraiment hésité, mais je me suis retenue de demander « is it drinkable ? ». Non connasse, c’est de l’eau stagnante, le mec qui tient l’auberge adore empoisonner les étrangers qui viennent tout juste de débarquer, il kiffe récurer les chiottes bouchées par la diarrhée de touristes, sans aucun doute.

J’ai bu l’eau, en me souvenant de ce que j’avais lu sur le Guide du Routard : il n’y a pas d’eau douce sur Gili Trawangan. Donc l’eau potable-potable, c’est pas juste un luxe d’étrangers, c’est le même problème pour tout le monde, ils ne boivent pas d’eau déssalée non plus.

J’ai pensé à tout. Sauf au fait que ma sur-préparation pour aller visiter un vrai pays avec des vrais gens qui vivent là toute l’année, ça pouvait virer à l’irrespect total, si je me laissais aller…

« We are all mad in here »

Mais voilà. 19h, premier repas chaud. Enfin. J’avais oublié de manger, en vrai j’avais pas eu le temps, et surtout aucune envie d’avaler quoi que ce soit dans cette chaleur tropicale. Une barre de céréales-coco-raisin quand je commence à flancher, ça m’a fait tenir toutes les 3 heures aujourd’hui. Le temps que mon corps s’adapte à ce nouveau paradigme un peu traumatisant quand même.

Mais ce soir, je suis assise dans un gros pouf à même la plage, à la terrasse d’un bon restaurant. Comprendre : les prix sont plutôt autour de 70-90 000 roupies le plat. (Encore une fois : moins de 7€). J’ai les orteils dans le sable, une paille plantée directement dans une noix de coco.

On me sert un curry vert de légumes au riz brun, dont je ne me remets pas. Le tout sous un ciel noir perlé d’étoiles, au son des vaguelettes qui viennent chatouiller le sable à quelques mètres, en diffusant un parfum salé.

Et la lune est renversée, de ce côté du globe. Son croissant lui dessine le sourire du Chat Cheshire, de l’autre côté du mirroir. Monde fou, me glisse-t-il à l’oreille. Si tu sais pas où tu vas, tu t’en fiches du chemin que tu prends. Et si tu sais où tu vas, tu t’en fiches de te perdre : tu as un cap, et une destination.

J’ai un cap. Quelques escales prévues en route, et sans doute encore pas mal d’erreurs et d’hésitations sur le chemin.

D day. Une conviction : pas de certitudes

Je sais pas. Je sais pas comment ça va se passer. Je ne suis pas sûre de savoir où je vais atterrir, à quoi ça va ressembler. Alors ça m’angoisse, et ça m’excite en même temps. Comme c’est un voyage, des vacances, et que j’ai choisi la destination, j’arrive à me débarrasser de la couche de stress pour me focaliser uniquement sur les émotions positives. Je me prépare à kiffer, parce que quoiqu’il arrive, au fond, je sais que ça va être une aventure folle.

Même si je chope le palu, la dengue, dix gastro, je vais trouver le moyen d’en rire et ça me fera des bêtes de souvenir, parce que c’est mon état d’esprit. Et c’est un peu ce que je pars chercher, ou plutôt retrouver, au bout du monde. Cette naïveté d’enfant, qui faisait que chaque jour était une surprise, pas un traquenard.

Je veux me souvenir de ces sensations, du temps où l’incertitude des lendemains n’était qu’une source d’excitation, jamais d’angoisse. Parce qu’il ne pouvait rien m’arriver de grave. Et quand bien même un drame survenait, en souffrir par avance n’a jamais diminué la peine ressentie.

Je pars pour huit semaines d’inconnu total, et je ne me suis pas torturée avec tous les scénarios catastrophes qui pourraient se passer. La différence avec quand j’avais sept ans, c’est que là, j’ai déclaré mon voyage au service Ariane des Affaires Étrangères pour être prévenue en cas d’attaque terroriste, et que j’ai un stock de médocs suffisant pour survivre à douze gastros ET me prémunir du palu.

C’est plutôt un bon compromis d’adulte, je trouve. Continuer à me nourrir de cette belle insouciance enfantine, tout en étant préparée à affronter les déconvenues les plus attendues. J’ai peut-être un spray anti-moustique de trop, dans ce sac. Il servira peut-être à quelqu’un d’autre. Peut-être qu’il ne sert qu’à me rassurer… On s’en fout, en fait. Tout ça c’est du détail. Je viens apprendre à arrêter de me focaliser sur les détails de l’existence, du quotidien.

Je sais pas pourquoi on s’attache tant à se construire des certitudes. C’est jamais que des chateaux de cartes balayés par la réalité. Avant, je faisais des plans, pour tout, sur tout, tout le temps. C’était ma boussole dans la vie, j’avançais comme un joueur d’échec, avec quatre coups d’avance en tête — pour chaque scénario. Je faisais pas des choix, je dessinais des arbres, des flow-charts dans ma tête, pour ne pas être prise au dépourvu, jamais.

Mais depuis que j’ai arrêté de faire ça, j’ai perdu ma boussole. Je sais pas comment, mais je me suis perdue dans le process : tout ce cirque des choix, au départ, ça devait être juste un moyen, pas une finalité. Y a pas de bons ou de mauvais choix dans l’absolu, ça dépend de mes objectifs, de ma destination.

Au départ, c’était pour m’aider à prendre des grandes décisions de vie, mais aujourd’hui, j’ai l’impression que je calcule jusqu’à mes menus de la semaine, le programme de mes weekends, tout est planifié jusqu’aux heures de glande que je m’accorde. Que je m’octroie, devrais-je dire.

Alors avant tout ce bordel, comment je faisais mes choix, pourquoi ? Comme quand j’étais gamine, je crois : en fonction de ce qui me rend heureuse, de ce qui m’éclate, m’épanouit. Juste parce qu’aujourd’hui j’ai des contraintes à rajouter dans la balance, c’est pas une raison pour ne plus écouter ses envies.

C’est ça, « la boussole », au fond. C’est les « envies », que j’appellerais plutôt mes convictions, parce que toutes ne sont pas des kiff. Y a quelques chemins bien ardus aussi, beaucoup de boulot sur la route pour accomplir certains rêves, certaines ambitions. Mais au départ, y a toujours qu’une petite aiguille sur un cadran : la conviction que cette voie est la bonne, pour moi, à ce moment.

C’est pas grave de plonger dans l’inconnu, de naviguer dans un océan d’incertitudes. Ce qui compte, c’est d’avoir un cap, et de ceux-là, j’en ai plusieurs.

Une conviction, pas de certitudes.

And now… Off to adventures!!!!

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PS : je ne serais pas de mauvaise foi, la sécurité, c’est hyper-confortable. Ça l’est infiniment plus que de suivre ses envies, vivre selon ses convictions, et prendre des risques. « Si c’était si facile, tout le monde le ferait » comme le chante si bien Orelsan.

D-2. Is is time to panic yet?

OK I’M LEGIT FREAKING OUT NOW!!!!!!

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Nobody told me it would be this scary, less than 48 hours prior to departure. What haven’t I thought of??? OH WELL. SO MANY FREAKING THINGS given that I have only booked 2 nights after my arrival. I don’t even know where to start to calm down. I have 2 nights left on this side of the globe but the hell if it makes any difference since I’ve stopped sleeping 2 nights ago. Too close to the unknown to close an eye.

You’d be awake too if you were off balance. Yeah, that’s how I feel right now. Off balance. Which is kind of the whole point of this adventure, isn’t it? I mean, of course I’m in it for the dives, but first and foremost to shake off my habits, and start new. I may end up living the same life, in the same place, doing the same things, but it’ll be because I truly enjoy this, not because I somehow ended up here, and it feels nice enough that I won’t risk losing it on a bet for a better life.

I’m heading out to find out what I truly need in life to be happy. Is it a clearer sky, an unblocked view on a different sunrise every morning, a warm and safe place to sleep at night, a tasty hot meal served on a porcelaine plate? What is it that does the trick? Is it a place? A level of material comfort? A temperature? A feeling? Which one?

If my life is a quest, it’s about time I ask myself: what is it that I’m after? Purpose? Gain? Balance? Challenge? If I had nowhere to be tomorrow, where would I go? If I didn’t have to move forward, would I? Why?

All this needs some figuring out, or at least some long hard thought. Rolling the dice isn’t a bad way to live, if you ask me. I just want to ponder and figure out: what’s a win, and what’s my prize?

I feel like I need to cry, but I’m too excited and too happy to shed any tear. I feel like I need to sleep but my eyes won’t stay closed, because when they do, I get blinded by images of endless beaches, sunny skies, white sand and blue lagoons. Raising expectations, and I can’t have that. If I had no idea what to expect, would I still go?

That’s the question, really, isn’t it? The key to moving forward in life. You can never truly know what to expect when you make a choice. Would you still take that turn if you could see what’s ahead?

Wait, I know what I’ve forgotten: what do the electrical plugs look like in Indonesia? I definitely need a multi-socket for the trip.

And I only have 2 hours and 52 minutes of music on my #IBaliveIcanDive playlist. That’s definitely not enough. Real issue there.

So. All in all, not really time to panic, after all.