An Open Letter to Leonardo DiCaprio #BeforeTheFlood

I attended the premiere of #BeforeTheFlood in Paris, and I had a question ready for you even before the screening started. See, I know that you’ve been an activist for the environment for a while, and I wanted to ask you: how can we still find hope, we, the people of my generation, the 20 & 30-something who won’t live long enough to benefit from the improvement, and should yet not only change their lives, but also convince older and younger generations to follow? Where can we find the strength to face the responsibility that has been put upon us by our predecessors?

But you answered that inside the documentary. « Hope won’t be enough ».

You’re right. You’re absolutely right. I’m 29 years old and I’m out of hope for this world. But I do have plenty of anger instead. I’ve sat through this cold exposé of our present situation, but you’ve left me with less hope than anger.

I was born into a system that led me to believe that this is the way that we should live. But « this way » is criminal in so many levels, and ignorance has made me an accomplice. Had I had any say in it, I would never have supported such a pillage of our planet. It’s not the footing of the bill that angers me besides myself, it’s the responsibility that I now face, and how powerless I feel, looking at our situation.

I am standing before the flood armed with a tea spoon: this is how powerless I feel. Yet you would want me to believe that I, and everyone of us, have the power to change our future? That our billions of spoons put together might just stop an ocean rising?

You say that we can turn things around by the choices that we make every day, I see us nailing our coffins with the choices that have been taken out of our hands, every day.

You’re damn right « hope won’t be enough », I have none left for this world, and I’m not sure it deserves any. Because from where I’m standing, I’m not sure that I want to stop that flood anymore. We have the leaders we elect, we get the products that we buy, at the prices that we ask… Ignorance was a good excuse, but now what?

You’ve left me short of hope Before the Flood, and I’m already drowning in rage. You talk about consumer choices, but all I want to do right now is to scorch the handful of corporations which have been burning our forests to the ground. All these companies and men, who have long since forgotten the actual value of green — not the dull shade of a dollar bill, but the bright green of a tropical leaf — I want to tear them apart.

You advise us to vote wisely, but the last thing I want to do right now is to trust another spineless politician, and watch them yield to corporate interests quicker than you can cash a check.

All I want to do right now is to overturn the table of negotiations like an hourglass, to buy back the time that was lost in empty talks and promises void of actual commitments.

I’ve taken aim at you, but held my fire.
Because I know better than to shoot the messenger.

So I do have a question for you, after the screening of #BeforeTheFlood. You have met quite a few World leaders, government officials… Tell me: do they realise their responsibility? Do they really understand what needs to be done, and the timeframe that we have to react?

You see, I need to know this. Because we’re not « before the flood », we’re already inside the storm. I need to know that our leaders are prepared to act upon the promises that they have made at the COP21, and to push further yet.

Watching your movie wasn’t an incentive to vote. It made me want to riot.
It didn’t deprive me of hope, it just melted away its remnant, in the form of illusions.

If that system can’t be changed, then we’ll have to bring it down. We may not be able to stop a flood with a billion spoons, but governments and corporations have been brought down with fewer numbers.

At least, some hope’s back on our side.

D. 60 bis Décollage…

Ouais, j’ai déjà posté un truc aujourd’hui. Mais c’est l’heure du départ, ça y est.Tu auras remarqué que je dis « départ » et pas « retour ». C’est vraiment l’arnaque du siècle, de croire qu’on peut « revenir » de ce genre de voyage. Quand tu vas de l’avant comme ça, que tu affrontes des peurs, que tu te dépasses, accomplis des défis que tu n’aurais même pas imaginé il y a de cela quelques années, tu ne « reviens » pas à ton point de départ.

Tu vas de l’avant. Toujours. Tu vas plus loin qu’avant.

Je continue mon voyage, même si la prochaine étape ressemble à mon point de départ, je sais que ça n’aura rien à voir.

Hier soir, j’ai regardé le coucher du soleil depuis la plage de Kuta, saoûlée par la foule de touristes, saoûlée par les sollicitations permanentes des vendeurs en tous genre, bref, un peu saoûlée de tout en cette fin de trip.

Ce matin, je suis allée nager une demi-heure dans la piscine de l’hôtel, juste parce que je peux, un peu pour le kiff et beaucoup pour me fatiguer dès le matin, histoire de réussir à dormir dans l’avion.

Deux jours à Bali, c’était presque trop. Un de plus et je me faisais chier, c’est sûr. Et puis j’ai déjà fait tous les massages possibles (les massages d’une heure à 7€, ça va me manquer. Vrai-ment me manquer).

J’avais hâte de partir hier (aujourd’hui ça passait mieux, j’avais calibré ma journée pour ne pas avoir de temps mort). C’est parce que j’ai hâte de ce qui va suivre.

Je suis partie avec beaucoup de questions, sur moi-même, sur mes envies, sur mes projets, sur mes rêves, sur mon futur… sur mes ambitions. Et en deux mois, j’ai trouvé beaucoup de réponses. J’ai niqué des complexes et tué des démons, j’ai dépassé des frontières pour ma plus grande surprise.

C’est ma nouvelle drogue, je crois : ma capacité à me surprendre moi-même. Je vais continuer, c’est sûr : tu te lances un défi. Tu te demandes comment tu vas y arriver. Tu fais des plans, des tentatives, tu te plantes, tu corriges, tu améliores… et tu réussis.

Et ça, c’est vraiment un kiff de malade — pardon my french.

« Going home? »

À tous les gens qui me demandaient, ces derniers jours, si je rentre « chez moi », je répondais « oui » en pensant : rien à voir. J’ai pas de « chez moi », et quand bien même, « chez moi » c’est n’importe où je le décide, où j’ai des trucs à faire, où mes voyages m’emmènent.

Pour un temps encore, « mes voyages » m’emmènent à Paris, parce que c’est le départ d’une autre aventure, celle qui me motive le plus, et me donne envie de repousser encore plus de frontières. Encore des premières fois, encore des problèmes à résoudre, des puzzles à construire, encore des défis à relever.

Et puis, sans rire. J’vais pas abandonner le navire à la veille de l’élection présidentielle. Qui va monter au front contre l’OPA de l’extrême droite sur le féminisme, et démêler la xénophobie de la lutte anti-sexiste ?

Embarquement immédiat. See you on the other side, comme dirait Adèle.

D. 60 Tu crois que maigrir, c’est trahir ?

Je m’étais pas vue de plain-pied depuis mon départ. Les miroirs sont rares, petits, accrochés trop haut, bref, si j’avais accès au reflet de mon visage pendant mon séjour à Bira, impossible de me voir sous la poitrine.

D’où parfois des surprises en découvrant des bleus, des écorchures, parce que v’là la vie à bord d’un bateau. Et je ne parle pas des piqûres et morsures diverses, infligées par des animaux inconnus.

J’ai eu un mini-choc, quand même, en me découvrant dans le miroir mural de mon hôtel. Alors, je crois que j’ai perdu du poids. Mais genre pas mal, quoi. Au niveau du ventre je le vois pas, parce que les proportions ont l’air d’être toujours les mêmes, mais mon tour de cuisses et de hanches a diminué, et surtout, le haut du corps ptin…

Les clavicules, j’aperçois même des côtes, de face et sur les côtés… Même le trait de la mâchoire ressort vachement. C’est assez unique de réussir à voir le changement aussi nettement, parce qu’on se voit tellement souvent dans les reflets, dans les miroirs, qu’on intègre les micro-transformations au fur et à mesure. Il faut comparer des photos d’une année sur l’autre pour vraiment trouver la différence flagrante, en tout cas pour moi : je n’ai jamais « vu » mes différentes oscillations de poids/morphologies dans un miroir.

Là, ça m’a surprise, mais ça n’aurait pas dû, au fond. Ces dernières semaines, même si je ne voyais pas le changement, je le ressentais. De ouf. Au début du stage, je n’arrivais pas à porter les bouteilles d’air à une main, je n’arrivais pas à mettre et enlever le bloc toute seule, ni d’ailleurs à sortir du bateau avec le bloc sur le dos : il fallait monter une marche, et je n’avais pas assez de puissance dans mes jambes pour me hisser aussi haut.

Fin du stage, évidemment, tout ceci était devenu possible. J’ai des bleus assez moches au bras droit, là où je laissais glisser la stab’ de mon dos vers le sol, mais j’arrivais désormais à réaliser des gestes qui m’étaient inaccessibles auparavant : je n’avais tout simplement pas les capacités physiques pour.

Où l’on reparle des croyances limitantes…

Ma première pensée, en me voyant dans le miroir, c’était :

« Ah mais pourtant j’ai rien fait pour ! J’ai pas fait exprès ! »

Ah mais sérieux meuf ? Tu t’excuses d’avoir maigri ? Genre tant que « t’as rien fait pour » alors ça passe ? Parce que sinon, c’était une trahison du féminisme, c’est ça ? C’était de l’hypocrisie envers toutes les filles à qui t’as déjà conseillé de « nique tes complexes », c’est ça ?

Mais dans quel univers se faire du bien serait une trahison de quoi que ce soit ? Ce serait pas ENCORE une saloperie de croyance limitante que tu t’es/ qu’on t’a mise dans la tête, hmmm ?

Probablement oui. Parce que le problème avec la recherche de la maigreur/minceur, c’est :

1. Les moyens
2. Les objectifs

Si ton objectif, c’est d’être « beach body ready » selon des standards complexants et sexistes, tu fais fausse route. Si les moyens que tu mets en oeuvre pour atteindre l’objectif « minceur » sont : un régime nocif (ou une alimentation insuffisante) et « se faire violence » à tous les sens du terme, là encore, tu vas droit à la catastrophe. Moyens nocifs pour objectifs toxiques, voilà la recette du désastre.

Mais si ton objectif c’est de réussir à ouvrir les pots de cornichons, à porter tes courses sur 3 étages sans rendre un poumon, à pouvoir courir un 10 km de temps en temps sans te claquer tous les tendons, voire poursuivre une passion sportive sans finir en lambeaux à la fin de la saison, ALORS peut-être que de secouer un peu de gras et refiler la place dégagée aux muscles est tout sauf une mauvaise idée.

Si ton objectif est sain, et que les moyens que tu vas mettre en oeuvre le sont aussi, alors « perdre du poids » n’est plus un mauvais exutoire à complexes empoisonnés, mais bien un moyen, voire une finalité d’atteindre un état de santé physique confortable.

J’ai un peu hâte de me peser quand même : je suis persuadée que l’aiguille n’aura pas bougé d’un kilo, parce que j’ai fait pas mal de muscle cet été. Donc on devrait rester sur un indice d’IMC constant, qui me place « en surpoids », preuve supplémentaire s’il en fallait que cet indicateur est du bullshit en barres.

Fun fact : mon sac faisait 14kg au départ, et me taillait les épaules tellement je le trouvais lourd, surtout au bout de dix-quinze minutes.

Désormais, il pèse 16-17kg (pesé au départ de Makassar), et guess what? Je le porte pratiquement sans effort. Beaucoup moins d’effort qu’à l’aller.

Bordel, j’ai l’impression d’être Peter Parker s’étant réveillé avec une force surhumaine. Bien sûr que je vais continuer à me muscler, maintenant que j’ai pu goûter aux bénéfices d’une amélioration physique tangible, there’s no going back!

Et en parallèle, je continue la chasse aux croyances limitantes qui ont pris racine dans mon esprit, et je tâche de désherber tout ça fissa.

Oh, et by the way: je prends l’avion dans six heures.

D. 58 L’autre ciel, plus dense que le velours et plus doux que la soie

J’ai toujours aimé l’odeur de la mer, tout en étant terrifiée par son étendue. Elle incarnait pour moi l’angoisse de l’inconnu, je pense. Face à elle, tu vois loin, jusqu’à l’horizon, et pourtant tu vois rien : en-dessous de la surface tout est un mystère. Pour de vrai, en plus.

L’Homme sait explorer l’Univers aux confins de la Galaxie par toute une tripotée d’instruments, mais on est toujours au moins aussi ignorants de ce qu’il se passe à des années lumières de la Terre, qu’à quelques kilomètres de fond entre deux continents.

L’activité humaine, entre pollution et surpêche, est en train de bouleverser l’équilibre d’écosystèmes dont on ignore encore l’existence. Les espèces marines meurent et disparaissent plus vite qu’on ne les découvre. La chaîne alimentaire aquatique se casse la gueule à mesure que la pêche intensive en pulvérise des maillons entiers. Les déchets de nos élevages intensifs charrient des polluants mortels pour la faune et la flore sous-marine.

J’ai toujours eu peur de la mer, mais c’est elle qui devrait avoir peur de nous.

J’avais arrêté d’acheter des fruits de mer ou du poisson avant de mettre la tête sous l’eau pour la première fois. Avant de découvrir la richesse, la majesté, la grâce, la beauté de cette environnement. Que dis-je, d’une infinitésimale fraction de cet environnement seulement.

J’ai effectué 109 plongées. Passé plus de soixante heures sous l’eau. Vécu des rencontres émouvantes, intrigantes, impressionnantes, excitantes… De l’extraordinairement petit (un hippocampe pygmée, moins de 5 millimètres), à l’incroyablement grand (une raie manta).

Et j’ai encore rien vu.

Sunset above the clouds

Lorsque mon avion a percé la couche de nuages, le soleil éclairait encore la voûte céleste, peignant un bandeau rose fluorescent par-dessus l’horizon.

La lumière descendante jetait un voile irisée sur la soie des nuages, et le velours de la mer, quelques kilomètres plus bas.

Voilà, ça y est, j’ai obtenu un niveau de plongée « pro », une étape seulement, comme une licence pour aller explorer toujours plus, toujours plus loin… Mais je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qu’il restera à explorer d’ici quelques années.

Déjà, la différence est flippante entre les eaux ouvertes à la pêche et aux loisirs, versus les espaces protégés, les réserves marines. C’est bien simple, hors réserve, on ne voit pas de « gros » (pêchés, ou barrés vu qu’on pêche leurs proies). Il n’y a pas de « moyen » non plus (pêchés, barrés ou décimés par la pollution). On ne voit que du « petit », de l’anémone, de l’éponge, du petit crustacé, mais eux aussi souffrent de la pollution et disparaissent.

C’est marrant, parce que je m’étais toujours dit que je ne serais probablement pas végane si je n’habitais pas à Paris. Je consommerais du local si je vivais dans un îlot perdu, au bord d’une plage, au fin fond de l’Indonésie.

Sauf que le fin fond de l’Indonésie, j’en reviens. Et que même « manger local » augmente la demande, donc la pression sur les pêcheurs locaux, donc sur l’environnement. Donc en fait, c’est toujours non. Je ne sais pas quand est-ce qu’on finira par collectivement s’y résoudre, l’océan n’est pas notre garde-manger, c’est notre réserve d’oxygène, et le problème c’est qu’il ne peut pas continuer à assouvir ses deux fonctions en même temps.

C’est soit l’un, soit l’autre, à terme. Tu préfères : manger ou respirer ? Y a pas de piège…

Ma rencontre avec les tortues

C’était fascinant, et en même temps, j’ai eu un vrai choc en côtoyant les tortues de mer. Elles sont vraiment magnifiques. Il y a quelque chose de profondément surréaliste à voir des animaux aussi gros flotter sans effort. Ils vivent dans un autre monde, où la gravité n’a pas de prise.

Mais ils sont soudain rappelés au nôtre lorsqu’ils suffoquent en avalant des sacs en plastique, ou qu’ils se prennent au piège de filet dérivants.

J’ai vu ça de mes propres yeux. Des filets que même moi, avec mes yeux d’humain bien protégés à l’air de mon masque, je distingue à peine, malgré l’effet loupe.

J’ai scruté le bleu en plissant les yeux, persuadée d’apercevoir une méduse irisée, un calmar translucide, un animal marin non identifié batifoler à quelques mètres… C’était un sac en plastique. À chaque fois.

Décider et agir

Alors voilà. Tu prends les tortues, les filets, les sacs plastiques, et tu les additionnes. On serait choqués de donner de la mort au rat à des chats, pourquoi on ne s’émeut pas du fait qu’on approvisionne les tortues en sacs étouffoirs ?

Encore des questions que je ne peux pas poser, que je ne peux pas écrire, parce que c’est culpabilisant, n’est-ce pas. Moi je crois que c’est responsabilisant, et que c’est ça qui fait mal. Parce qu’on ne peut plus ignorer que notre utilisation abusive et fainéante du plastique nuit gravement, et directement à la faune océanique. (Je parle même pas de manger de la soupe de tortue, parce qu’après avoir nagé avec les bestioles, je sais pas, elles imposent tellement de respect et de majesté que finir en soupe, c’est vraiment une honte).

On ne peut plus ignorer non plus qu’on a le pouvoir de changer tout ça. C’est extrêmement facile. On a juste besoin de le décider, de le faire, et d’ajouter au nombre. C’est aussi simple, et compliqué que ça : décider et agir.

Dommage collatéral de mon voyage, je songe sérieusement à militer pour Sea Shepherd (mais je suis moyennement chaude à l’idée d’être fichée « éco-terroriste » aux RG pour la décennie à venir… Donc bof).

De la responsabilité…

J’avais commencé à écrire ce billet hier soir, et j’avais pas prévu de lui donner un tournant aussi pessimiste. Mais en fait, je sais pourquoi j’ai fait ça. Entre temps, depuis l’atterrissage, j’ai fait un tour dans Kuta, passé du temps à feuilleter les cartes des resto. Boeuf, porc, poulet, poisson, crevettes… Déclinés à toutes les sauces.

Oh, y a bien quelques plats végétariens, mais ils sont relégués en fin de carte. On peut bien sûr obtenir un curry sur demande, hein. Mais faut demander. Ce n’est pas proposé.

Boeuf, porc, poulet, poisson, crevettes… Multiplié par combien de resto ? Par combien de touristes ? Par combien de repas ? C’est pour les touristes, tout ça. Les locaux mangent beaucoup moins de viande, et alternent pas mal avec le tofu et le tempeh.

Et donc, vous croyez que tous ces boeufs poussent à Bali ? Que tout ce commerce n’a aucune incidence sur la population et l’environnement, dans un pays qui peine à organiser la collecte de ses déchets (je ne parle pas de tri, hein. Je parle de COLLECTE. Du fait qu’il n’y a pas de poubelles dans les rues, ou plutôt, que les bords de rues deviennent des poubelles par endroits…)

On est en train de détruire des paradis à coups de fourchette. Qu’on se le dise. C’est pas pour se culpabiliser, j’en ai rien à secouer de nos états d’âme. C’est pour nous responsabiliser.

Qu’on arrête enfin de se convaincre que « poulet ou poisson » c’est notre choix, comme s’il n’impactait que notre taux de cholestérol.

Ça va au-delà de l’empathie pour l’animal ou l’être humain, et ça va bientôt devenir une question de survie, pour nous tous.

Une fois au pied du mur, est-ce qu’on attendra encore une loi, ou que « les autres » fassent le premier pas ?

Here we go again…

C’est fou, j’étais persuadée que ce voyage me ferait lâcher du leste sur le véganisme. C’était ma grande réserve, à ce sujet : n’est-ce pas là un régime de petit bourgeois, au fond ? Est-ce que les populations moins aisées n’ont pas d’autres préoccupations que celle de l’éthique alimentaire et la sauvegarde de l’environnement ?

Eh bien non, figurez-vous. Les populations moins aisées sont d’autant plus vulnérables à la tension qui pèse sur les ressources naturelles. Nos fruits de mer sont contaminés par la hausse de température et l’apparition de micro-organismes nocifs ? Oh bah. Ça râle, mais on se rabattra sur le foie gras à Noël.

Sauf qu’il n’y a pas de « plan B » pour les gens qui vivent directement de l’exploitation d’une ressource. Sous nos latitudes, y a toujours quelques subventions publiques, assurances ou aides exceptionnelles pour tenir jusqu’à la saison prochaine.

Mais ici, il n’a pas vraiment pas de « plan B ».

Bref. Encore une mise au point avec moi-même : je peux désormais embrasser le véganisme en toute sérénité, j’ai vu que c’était aussi une nécessité pour les gens que j’imaginais vivre de la pêche ici. Ils en vivent, oui. Nous, on s’en gave. La nuance est de taille.

— Samedi, 3 septembre 2016

D. 56 Garde les yeux sur la ligne d’arrivée

Au départ, tu transpires de l’énergie par tous les pores. Tous les niveaux sont au vert. La motivation est là, l’envie te donne des ailes comme un vent de large gonflerait les voiles. Les premières foulées te libèrent, l’effort te soulage, t’en avais besoin pour lâcher la pression.

Tu persévères même si ça tire dans les jambes, et ta force nourrit ta motivation. Tu penses à l’arrivée mais elle est loin, et plus ça tire moins tu vas vite, parce qu’il t’en coûte de continuer à ce rythme.

C’est de plus en plus dur, ton corps proteste, t’envoie des signaux de détresse, et toi, tu te demandes ce que tu fais là, parmi les fous qui se font du mal et entretiennent l’illusion que c’est pour leur bien. Tu ne sais plus pourquoi t’as cru que le jeu en valait la chandelle, tu ne vois même plus s’il y a vraiment de la lumière à l’autre bout du tunnel.

Tu te demandes à quoi bon… Pourquoi tout ça ? Pour le challenge ? Arrêtez-tout, qu’est-ce que je fais là ?

Y a plus de motivation, y a plus d’envie, y a même plus de force, t’es au taquet de la réserve et y a bientôt plus d’énergie…

Mais tu repenses à la ligne d’arrivée. À l’objectif qui t’avait amenée à t’aligner au départ, et à te lancer dans la foulée. Elle est loin, tellement loin, mais tellement plus près que quand t’avais commencé. Tu la vois pas, mais tu sais qu’elle est là, et qu’elle se rapproche à chacun de tes pas.

Tu chasses de ton esprit la douleur de l’effort, la fatigue et les velléités d’abandon, et tu y installes au milieu, en grand, en brillant, l’image de la ligne d’arrivée que tu franchis en triomphe.

Alors ton souffle revient, tes muscles trouvent une nouvelle force, et l’envie de continuer dépasse la tentation d’arrêter. Tu crois que t’as retrouvé de l’énergie, mais elle a toujours été là : c’est la motivation que t’avais perdue en route, et que tu viens de récupérer et de regonfler, en gardant les yeux sur la ligne d’arrivée.

« Congratulations, you are now: a Divemaster! »

Quand Laura a prononcé ces mots, j’ai oublié que j’avais froid, que le sel piquait mes écorchures aux orteils, que la piqûre de méduse me brûlait au contact du vinaigre, que mes oreilles bourdonnent encore après la remontée, que je meurs de soif et que j’ai une sacrée dalle.

Deux secondes avant j’aurais tué pour une douche chaude et un plat de pâtes, deux secondes après j’ai oublié tout ça, et je suis au bord des larmes, j’ai les mains qui tremblent et les poumons plein d’un air que je ne me souviens pas avoir inspiré.

J’ai passé la ligne d’arrivée, et je savoure l’euphorie des vainqueurs dans un éclat de rire. Un high-five à l’équipage, et je me suis auto-baptisée d’un plongeon élancé. Je sens plus les plaies, les bleus, le vinaigre sur la piqûre de méduse (enfoirée), je sens plus le froid, le sel, plus rien d’autre que cette profonde satisfaction mêlée de fierté.

#AchievementUnlocked. Et bordel, je suis allée le chercher loin. (Petite pensée à mon prof de sport de 5ème, qui m’a prononcée « nulle en sport ». Je suis désormais une plongeuse « pro », genre c’est un métier, t’as vu. Allez bisou. And Don’t ever fucking tell me what I can’t do)

Débriefing : on refait le match

J’ai énormément appris sur moi-même cet été, mais particulièrement durant ce mois de formation Divemaster.

C’était ma première formation « concrète », parce que ça peut pas s’apprendre dans les bouquins. Bien sûr, il y a une partie théorique, mais c’est juste la base. La réalité du métier s’apprend au quotidien. Et mine de rien, ce que je retiens de ce training intensif est assez facilement transposable à mon quotidien loin des plages. Je m’explique…

Assess the situation

La base du secourisme en plongée (et du secourisme tout court d’ailleurs), c’est d’évaluer la situation AVANT de se ruer sur la victime. Si tu te fais renverser par une voiture ou dégager fissa par un courant, ça fait désormais deux victimes. Donc bof, comme stratégie de rescue, n’est-ce pas.

C’est pas le pire des réflexes à prendre, dans la vie, au taf, lorsque t’es confrontée à un problème : commencer par évaluer la situation, c’est faire un point sur l’objectif, les moyens, les obstacles.

Un bon point de départ pour tout projet, au fond.

Review and adjust your plans

Une plongée, ça se planifie. Où on va, à quelle profondeur, pour combien de temps, combien d’air on se garde en réserve, comment on se met à l’eau et comment on en sort… On ne laisse rien au hasard — on n’a jamais vu des astronautes sortir de la station spatiale en disant « on va se balader, on verra quand/comment on rentre, LOL ». (NOPE).

En milieu hostile, la préparation est la clé. Transposé à ma vie de bureau, ça donne : quand je me lance dans un projet difficile, un temps de préparation et de planification en amont est indispensable.

Mais ça c’est la partie « plans », dont on remarque qu’elle est précédé de « review and adjust ». Parce que le plan c’est la base, le fil d’Ariane, le filet de sécurité, mais c’est pas figé dans le marbre. Ne serait-ce que parce que les circonstances changent, et que : cf 1er point, évaluer la situation…

Réévaluer le plan, c’est avoir la capacité d’adapter sa réponse et sa réaction en temps réel. C’est lâcher prise parfois, utiliser son expérience et son intuition comme des ressources au moins aussi importantes, sinon davantage, que la théorie. La théorie, c’est une base. L’expérience, c’est ce qu’on construit dessus.

Les mouvements parasites ne sont qu’une perte d’énergie

J’en ai vu passer des plongeurs, en un mois. Des débutants, des confirmés, des hésitants, des chevronnés, mais c’est pas toujours à leur niveau de certification ou à leur nombre de plongées que je les repère. C’est à leur position dans l’eau, et à leurs mouvements de bras.

Les plongeurs inexpérimentés moulinent comme pas permis dès qu’ils changent de position ou de direction. Ils crachent des colonnes de bulles assourdissantes. Et forcément, ils siphonnent leur bouteille en moitié moins de temps que les autres.

Les « bons », ceux qui tiennent le plus longtemps sous l’eau, gardent les bras croisés sous la poitrine, ont un rythme de respiration lent, une seconde d’inspiration pour plus de trois consacrées à l’expiration. Ils sont calmes en toutes circonstances sous l’eau et avant d’y aller.

Et ça tu vois, c’est pas la pire des leçons à retenir, au quotidien. Les mouvements parasites ne sont qu’une perte d’énergie. Ce sont tous les mouvements ou toutes les actions qui ne servent à rien, mais ça inclut aussi les émotions et l’état d’esprit.

Tout à l’heure, pendant mon épreuve de « skill demo » (je dois faire des démonstrations de compétences sous l’eau, comme si j’apprenais à quelqu’un à vider son masque, etc), la houle s’est levée et j’ai commencée à être sévèrement ballotée, donc à perdre mon équilibre (alors que j’étais correctement lestée ce coup-ci, sans déconner).

Je me fais balayer une fois, deux fois, ça m’énerve, je sens plusieurs émotions monter en même temps :

  • la peur de l’échec : si j’arrive pas à rester stable, je vais me planter
  • la frustration : mais putain de bordel de merde, j’peux avoir CINQ MINUTES DE CALME SVP?

…Et je me suis rappelée que ni la peur de l’échec, ni la frustration n’étaient des réactions productives. Que la seule conséquence de ces sensations, c’était d’augmenter ma fréquence respiratoire, DONC de me déséquilibrer encore plus.

Je souffle. En plus, souffler, ça calme (et ça marche aussi à la surface, by the way). Je souffle encore. Je me déplace pour offrir moins de prise au courant (ie : je m’adapte aux conditions extérieures au lieu de pester contre elles). Je souffle. Oh ben magique je suis stabilisée.

Magique, ou logique, en fait : quand tu élimines les mouvements parasites, il te reste bien plus d’énergie pour l’essentiel.

Stay calm, never panic

Une panique en plongée, c’est un accident imminent. C’est un plongeur qui arrache son détendeur, parce que son cerveau lui crie qu’il respirera mieux sans.

Alors quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe, on ne panique pas. On respire. Au pire, on s’arrête, on bouge plus, on respire, et on signale qu’on a un problème.

Si on arrive à l’expliquer, rendez-vous au point suivant. Si on n’arrive pas, les autres nous sortent de là, et on discute ensuite.

C’est plutôt une bonne stratégie de gestion de la pression qui te dépasse, je trouve. Tu sais plus quoi faire, t’es paralysée, et tu sens la panique monter ? Stop. On respire. On appelle à l’aide. Et met un terme à la situation de stress. Que ce soit de suspendre un projet, provisoirement ou définitivement, décaler une deadline, y a jamais aucune situation qui justifie d’être physiquement en souffrance.

Si je sais gérer une panique par 30 mètres de fond, je sais gérer une panique à la surface, quand je suis capable de communiquer avec la personne autrement qu’à travers trois signes de la main droite.

Problem solving skills

La résolution de problèmes est sans doute l’apprentissage qui m’a le plus surpris, et appris sur moi-même. On ne peut rien faire sous l’eau quand on s’énerve, quand on est mal à l’aise, quand on est en souffrance, quand on n’est pas concentré.

C’est simple : on se stabilise en utilisant notamment ses poumons. Donc quand tu bloques ta respiration (à ne jamais faire), quand tu respires plus fort ou plus vite, tu te déséquilibres. Ce qui complique immédiatement toute tentative de quoi que ce soit.

Un autre test que j’ai eu à passer, était d’échanger tout mon équipement avec ma partenaire, incluant : masque, le gilet + bouteille et les palmes, tout en se partageant un seul détendeur pour deux.

Bon alors. Sous l’eau, on peut pas parler. Même en utilisant l’octopus, le tuyau est pas long, donc on est très proches l’une de l’autre. Et faut se passer le détendeur, et ne pas retenir sa respiration quand on l’a pas, donc expirer en continu. Et bien sûr, on se retrouve avec un équipement qui n’est pas le sien ensuite… Donc en gros :

  • ne pas paniquer et bloquer sa respiration
  • ne pas paniquer et ne pas prendre une inspiration d’eau !!!
  • ne pas paniquer et s’emmêler dans l’équipement
  • ne surtout pas paniquer quand tu te retrouves sans masque ET sans détendeur
  • ne pas paniquer quand tu dois remettre un masque sans détendeur

On n’échange pas la ceinture de plomb. Voilà, on avait réussi notre échange dans un calme relatif (bon ok j’ai perdu un point parce que j’ai failli étrangler ma partenaire avec le tuyau de l’octopus en mettant son bloc sur mon dos, pff vlà le souci du détail j’te jure :/ ) mais alors que je me tournais vers Laura en mode « c’est terminé », elle nous a fait signe « ceinture de plomb ».

Euh alors là mais pardon, c’était pas prévu ça. Donc je commence à *stresser* intérieurement, et je me calme, illico, parce que ça va pas m’aider à faire l’échange.

Ce test s’appelle un « stress test ». Le but, c’est juste de vérifier que tu sais multi-tasker sous l’eau, sous pression, sans y succomber.

Encore une fois, ce que je sais faire avec 4 mètres d’eau au-dessus de la tête, je dois pouvoir y arriver les yeux fermés à la surface.

Mais c’est pas idiot de garder à l’esprit combien ça aide de rester calme et de maîtriser sa respiration, sur un rythme ample et souple.

Garde les yeux sur la ligne d’arrivée

C’est l’essentiel, vraiment. Pourquoi je suis là ? Pourquoi je fais tout ça ? Qu’est-ce que j’espère en retirer ? Non : qu’est-ce que je veux en retirer ?

Trop longtemps, je ne me suis pas autorisée à poursuivre des objectifs, préférant entretenir des espoirs. Je pensais qu’en faisant ça, je m’épargnais des déceptions. En réalité, j’excusais par avance mes échecs.

Je suis un sujet agissant. La déception, l’échec, la frustration, la lassitude, la démotivation sont des sentiments que je m’autorise. Il ne tient qu’à moi de les redéfinir, et de les analyser autrement.

J’ai arrêté de ressentir des frustrations, pour préférer analyser l’information qu’elles me portent. Je suis frustrée de quoi ? Je suis déséquilibrée ? Mobiliser de l’énergie pour identifier les causes de ce problème d’équilibre est bien plus productif que de nourrir un sentiment négatif stérile. Ça me fait chieeeeer. Oui, et ensuite ?

Tous les chemins mènent à la ligne d’arrivée

…C’est juste une question de volonté. Tu veux quelque chose ? Va le chercher. C’est vraiment aussi simple, et aussi compliqué que ça, en même temps. Il y a trois jours, j’avais le tympan figé au fond de l’oreille, et je me disais : fuck that, je m’en fous au fond d’avoir mon Divemaster ou pas, je compte pas bosser avec dans l’immédiat… J’avais juste besoin de me prouver que je suis capable de le passer, et je sais que oui, il me manque juste 4 épreuves que je sais faire.

Et puis hier soir, je me suis dis : mais quoi ? Il me reste 48 heures sur ce camp, et je vais même pas essayer de mettre la tête dans l’eau, des fois que l’oreille passe ? Je dois descendre à 4-6 mètres pour faire mes 2 tests sous-marin, ça se tente, non ? Soit j’ai un vrai problème et ça va faire mal et on force pas, soit c’est passé et ça va le faire, mais je ne le saurai pas si je le tente pas.

Alors c’est pas forcément en rush l’avant-dernier jour que j’aurais choisi de boucler le truc, et du coup, j’ai pas eu des notes exceptionnelles, mais le résultat est là. J’ai réussi.

Set yourself up for success

Dernière leçon, et non des moindres, celle de l’état d’esprit : tu peux pas plonger si t’as pas envie d’être là, que t’as peur d’y aller, et que t’es convaincue qui va t’arriver un truc. Les gens qui arrivent dans cet état d’esprit, on les repère assez vite, et s’ils sont déjà sur le bateau, en général, ils ne passent pas la surface de l’eau.

Parce qu’on n’arrive à rien si on ne commence pas par se motiver. Et je re-boucle ce mémo avec ma métaphore d’intro sur la course à pied. C’est pas la peine d’aller prendre le départ si tu te dis que t’es pas capable de tenir la distance. Tu viens forcément parce que tu crois que tu peux le faire. Tu as la conviction que tu peux le faire. Passe-la en certitude, et conjugue-la au présent : Tu vas le faire, et tu le fais. Voilà. Si échec ou déception il y a, on s’en occupera en temps voulu.

Rafael Nadal a passé deux heures seul sous la douche, à pleurer, après sa défaite en finale de Wimbledon en 2007 (il le raconte dans son autobiographie). L’année suivante, il a sorti le match de sa vie et a battu Federer au terme d’un dimanche épique. La finale 2008 est l’un des plus beaux, des plus fous matchs de l’histoire du tennis. Donnez-moi des échecs qui servent de terreaux à de pareilles victoires. 

J’ai pas pu plonger depuis 5 jours, j’ai pas eu une seule session d’entraînement sur certaines des « skills » dont je devais faire la démonstration. Pour certaines, je les avais jamais apprises moi-même.

Mais hier soir, j’ai dit à Laura : je suis prête, on peut tenter de faire le test demain ?

Je suis prête. Et ce matin, en montant sur le bateau, je ne me suis pas dit « omg j’vais me planter, j’ai pas du tout pu pratiquer mes skills ».

Je me suis dit : « ce soir, quand je descendrai de ce bateau, je serai Divemaster ». Parce que je ne suis pas venue jusqu’ici, j’ai pas fait tous ces efforts pour abandonner la course au pied de la ligne d’arrivée.

On est le soir. Et je suis désormais : Divemaster.

Et ce soir, au son de Coldplay, je savoure cette victoire en me noyant encore une fois dans un Ciel plein d’étoiles (tu l’as ?!).

Fuck yeah!!!

D. 54 Le grain de sel et la gangrène

…Ou pourquoi je suis fatiguée d’être le messager. (Ouais j’suis allée le chercher un peu loin, ce titre. Au départ c’était « I’d hate to be the bearer of bad news », mais après avoir fini de l’écrire, j’ai commencé par décider de ne pas m’auto-qualifier d’oiseau de mauvaise augure. Parce que oui ça pique, mais je ne suis pas le problème de cette fable. Voilà pour les coulisses…)

Here comes the Killjoy…

C’est une phrase du bouquin de théorie de plongée, sur le respect de l’environnement, qui m’est restée en mémoire. Je l’ai lue il y a plus de trois semaines, et elle continue de me revenir à l’esprit, régulièrement.

Il y avait toute une partie consacrée à la surpêche, aux pratiques anti-écologiques qui font énormément de mal à la faune océanique, aux dangers assez imminents que représentent la pollution et l’action humaine, lorsqu’elles entraînent la destruction des mangroves et la mort des coraux.

Et il y avait une question du test :

« Comment pouvez-vous participer à la sauvegarde des écosystèmes marins ? »

Étonnamment, il n’y avait pas « #GoVegan » dans les propositions de réponse, mais j’y reviendrai.

L’une des réponses à cocher était (je paraphrase de mémoire) :

« Informer vos proches (amis, famille, collègues) de l’impact des choix de consommation sur l’environnement marin, et des pratiques responsables & achats équitables qu’ils peuvent adopter pour contribuer à la préservation des écosystèmes »

Practice target on the messenger

Ah mais pas de souci les gars. Pas-de-souci. Et je pourrais aussi porter un T-shirt « #GoVegan », au cas où juste le fait d’être végane n’attirait pas suffisamment d’attention au quotidien, surtout au moment des repas.

C’est pas comme si « mes proches », « amis-famille-collègues » comme ils disent, mais rajoutons n’importe quel quidam au passage, n’avaient pas de base une réaction défensive au simple rappel de l’existence du véganisme.

Moi je veux bien « informer mon entourage », mais bordel, ça me fatigue. Ça me fatigue d’avoir à me justifier aussi souvent, de choix qui devraient être une évidence. Je ne parle pas de refuser de manger des animaux, je parle de refuser de consommer des produits dont l’achat participe à l’encouragement de pratiques nocives pour l’environnement, les animaux et l’Homme.

Le véganisme ne me prémunit pas contre TOUS les produits tombant dans cette catégorie, mais force est de constater que l’écrasante majorité des produits animaux entrent dans cette catégorie.

Non, les oeufs que pondent les poules que ta tante élève dans son jardin, effectivement, ils ne font de mal à personne. Ni les poulets qu’elle tue tous les trois mois pour te préparer son fameux coq au vin. Ni le fromage qu’elle fait maison quand sa chèvre lui donne du lait.

Les animaux de trait utilisés en permaculture, eux non plus, ils n’attaquent pas l’équilibre biologique naturel.

« De la culpabilité »…

Bon c’est dommage pour ceux de ces animaux qui finissent en coq au vin, ragoût, hachis ou sauciflard, mais je suis prête à cette concession morale. Si on pouvait ne consommer QUE les animaux qu’on élève et qu’on nourrit nous-même, avec nos propres ressources, et dont on s’occupe de A à Z, de la naissance à la (mise à) mort, en passant par les soins et la gestion des déchets, on éviterait déjà :

  • d’accaparer 75% des terres agricoles (pour la monoculture de la nourriture du bétail)
  • de ruiner les écosystèmes essentiels à la survie de l’humanité (en les rasant pour les transformer en terres agricoles, asséchées rapidement par la monoculture de… cf 1er point)
  • d’affamer et d’exproprier les paysan•es locaux, en accaparant les terres agricoles pour la monoculture de… cf 1er point
  • d’empoisonner les populations locales en noyant de pesticides les terres agricoles accaparées pour la monoculture de… cf 1er point
  • d’empoisonner les eaux douces, les zones humides et les deltas, où charrient en permanence les pesticides et les milliards de tonnes de déchets organiques produits par les millions d’animaux d’élevages (Google : pollution océan élevage pour voir) (attends tiens, clique-là !).

… Et je pourrais continuer la liste. Je pourrais continuer la liste tellement longtemps, elle est tellement longue, désespérante, et me rend de plus en plus triste à mesure que je réalise qu’on a vraiment, nous, individuellement ET collectivement, le pouvoir de changer tout ça.

Mais je ne peux pas le dire. C’est culpabilisant, tu comprends. Faut pas culpabiliser les gens.

D’accord.

Juste. J’ai une question : pourquoi c’est ressenti comme culpabilisant quand je ne fais que PARLER de véganisme ?

Ce serait pas justement parce qu’on est tous un peu coupable de l’état du monde actuel, là, dites ? Parce que bon, perso, quand je lis une phrase de type : « la consommation de viande rouge est mauvaise pour la santé et l’environnement », je ressens zéro culpabilité. Et techniquement, c’est pas une phrase culpabilisante. Y a pas écrit : « Tu ruines ta santé et l’environnement en mangeant de la viande rouge, #LeSachiezTu ? »

Alors pas de souci, je suis super opé pour continuer à « informer [mes] proches (amis, famille, collègues) de l’impact des choix de consommation sur l’environnement marin, et des pratiques responsables & achats équitables qu’ils peuvent adopter pour contribuer à la préservation des écosystèmes ». Pas-de-souci.

Je vais juste m’équiper d’un gilet pare-balles avant, parce qu’à ce sujet, les gens ont la gâchette facile envers le messager.

La culpabilité des autres VS ma responsabilité

Mais tu sais quoi ? Challenge accepted. Au fond, j’ai pas choisi d’assumer publiquement mon véganisme pour qu’on me remette une médaille. J’aurais pu continuer très longtemps à manger ce que je veux chez moi, picorer ce que je peux ailleurs, voire développer des techniques d’évitement socialement acceptables, de type : je suis intolérante au lactose, je suis allergique aux fruits de mer, ah je suis un régime sans cholestérol donc pas de charcuterie pour moi, ah ça les oeufs, j’aime pas du tout ça mon bon ami !

On me trouverait tout aussi chiante, mais on me plaindrait en société au lieu de fantasmer mon jugement, de tester mes convictions, ou de les mépriser ouvertement (parce que le véganisme est une religion comme une autre, m’voyez…)

Ben non. J’ai fait un choix. Celui d’assumer publiquement que je base mes choix de consommation sur un raisonnement éthique, moral, humaniste (et rationnel aussi, parce que bon, continuer à soutenir que la viande et le lait sont bons pour la santé à une époque où la recherche médicale a désormais démontré le contraire, je sais pas, ça m’échappe.) (à propos du lien : ça se passe dans le 3ème paragraphe. De rien.)

En fait je sais pourquoi j’écris tout ça ce soir. Parce qu’hier soir, j’ai lu cet article de Black Voices, qui explique le problème avec le fait d’avoir « des amis racistes » (Rapport au fait que Daniel Radcliffe a déclaré avoir dans son entourage, des gens aux idées racistes avec lesquels il était « viscéralement en désaccord », mais sans pour autant considérer d’arrêter de les fréquenter). Fort bien. Moi non plus, je ne me vois pas arrêter d’être amie avec tous les carnistes de mon entourage (même si mes cercles VG ne sont qu’amour et bon délires).

L’article mettait le doigt sur notre responsabilité, lorsqu’on est témoin de discours ou d’actes oppressifs, de les challenger (ils disent « to check » en anglais. « These prejudices go unchecked »).

Et combien de fois, dans une discussion sur le véganisme que je n’ai pas sollicitée (souvent déclenchée par ma simple présence), je laisse mes interlocuteurs proférer des contre-vérités absurdes ?

« Non mais moi », l’exception qui confirme la règle

« Non mais le boeuf français, il est nourri au soja/blé français ». (Ah ouais ? Calcule voir la superficie nécessaire pour faire pousser assez de soja pour nourrir le nombre de boeufs qu’on s’enfile collectivement chaque année, juste pour voir combien de fois la France ça fait. Pas sûr que les plaines de Beauce suffisent, du coup. #JeDisCaJeDisRien)

« Non mais il faut manger de tout, au moins un peu, pour être en bonne santé ». (Passons l’info à 97% de la population asiatique, intolérante au lactose, et à tous les peuples végétariens depuis des lustres, au passage. Ça fait des générations entières de gens carencés, jésus-marie-joseph !)

« Non mais moi je sais ce que je consomme et d’où viennent mes produits. Je consomme local, bio et équitable ! ». (Su-per Norbert. C’est local comment le saumon de Norvège ? Et sinon, #ProTip : quand on calcule le chemin parcouru par un produit, on part de la matière première, donc pour ta côte de boeuf, c’est d’où vient le soja que ton boeuf a mangé qu’il faut prendre en compte. C’est pas la distance de chez toi à ton boucher qui fait qu’une viande est « locale », tu sais. Tiens lis cet article, c’est bien expliqué).

Oui voilà, c’est magnifique, personne n’est jamais le problème, c’est toujours les autres, cette foule innombrable dont on ne fait pas partie bien sûr (d’ailleurs on n’y est jamais confronté, dans des endroits comme, au hasard, la caisse des supermarchés), et c’est les « gros » le problème, les industriels qui ravagent l’environnement (et qu’on ne cautionne AU GRAND JAMAIS en achetant leurs produits, par exemple), et bien sûr aussi c’est à cause de l’inaction de tous ces hommes politiques (qui arrivent au pouvoir par l’action du Saint-Esprit, et pas en conséquence de nos votes ou de notre abstention, hein).

On est tous des exceptions, t’as vu. Et moi aussi.

Parce que « non mais moi », je suis végane parce que je suis intolérante au lactose et que j’ai perdu le goût pour les viandes, en fait. Pis les oeufs, j’ai jamais aimé ça, d’abord.

C’est vrai. C’est vrai, mais c’est lâche de ma part de le présenter comme ça. C’est lâche de dissocier la dimension éminemment politique, éthique et morale de mes discussions sur le véganisme, juste parce que je suis fatiguée d’être le messager, et que j’en ai marre de prendre des balles.

Mais j’ai une responsabilité, en fait. Assumer ce choix , c’est pas me balader avec un T-shirt #GoVegan. C’est assumer ma responsabilité dans la diffusion de l’information cruciale qui entoure ce choix .

Parce que bon, quand un ami profère un truc ouvertement raciste, je baisse pas les yeux sur mon assiette en disant « haha ouais, tant que c’est bio, ça passe ! », m’voyez. Quand on me tient un discours ouvertement homophobe, je ne temporise pas en disant « haha ouais, chacun ses choix, chacun s’occupe de son assiette et la paix des ménages sera préservée ! ». Non, hein. Je leur rentre dans le lard, à ces gens-là. Avec plus ou moins de tact, de patience, de colère ou de pédagogie, selon le contexte.

Pourquoi je suis aussi lâche sur le véganisme ?

Tu te sens coupable quand je te réponds que la consommation de viande rouge est nocive pour la planète ? Moi, je me sens coupable quand tu me dis que t’en manges « pas souvent, que du local », et que je ne te réponds pas.

C’est comme ça qu’on devient « une végane extrémiste », j’imagine. Quand on accepte cette responsabilité d’informer, et qu’on n’indulge plus l’ignorance coupable.

À ceux qui me demandent si ça a pas été trop dur d’arrêter la viande, j’ai envie de vous répondre : c’était à rien à côté du devoir de l’expliquer.

PS : bordel, j’ai craqué. J’ai créé le mot-clef « Mes états d’âme » spécialement pour ce billet. Faudrait pas que ce soit pris pour une leçon de morale, hein, faut bien que d’éventuel•les lecteur•rices comprennent que ce sont « Mes états d’âme » que je déverse…

…On n’est pas sorti de l’auberge.

D. 53 La motivation (aussi) est un muscle qui se travaille

Il fait trop chaud.
Sérieux, j’ai pas d’endroit confortable où me poser.
Je sais pas par où commencer.
Je sais pas comment reprendre les corrections.
Et si j’ai pas d’idées ?
Je vais pas y arriver.
J’ai laissé passer trop de jours, je pourrais plus finir maintenant.
À quoi bon ?
Et si ça valait pas le coup, au fond ?

Le doute, c’est comme les grains de sable. Ça enrayerait les plus belles mécaniques de productivité. Mais quand il y en a beaucoup, c’est tellement confortable de rester vautré dedans.

Oui c’est long. Non je sais pas par quel bout le prendre. Mais j’ai un objectif : je veux finir ce roman. Je veux avoir une version « finale » qui ME convienne de A à Z. Que je pourrais publier en ligne sans repasser dessus.

Je suis pas écrivain, j’ai même pas d’éditeur ou d’éditrice pour me relire, me donner des conseils, des critiques, du feedback. Je fais avec quelques retours de potes, sans doute trop bienveillants, pas assez sévères. Je navigue un peu à l’aveugle, c’est vrai.

En fait, des excuses pour laisser ce projet en plan, bien au chaud dans un carton rangé dans le placard de mes aspirations, j’en ai plus qu’il n’en faut. Donc ce n’est pas en pesant le « pour et le contre » des efforts à fournir que je vais m’en sortir.

Tout ce dont j’ai besoin pour finir ce roman, et réussir le défi que je m’étais fixé, c’est de motivation. Juste ça.

Ben si, juste ça. J’aurais pas déjà écrit plus de 85 000 mots sur le sujet si je n’avais pas d’inspiration, pas d’envie, pas d’intérêt à écrire cette histoire. Donc inspiration, envie et intérêt : check.

Bref, des raisons de mener le projet à bout, j’en ai déjà. Quid des moyens de boucler, en revanche ?

Écrire, ça ne me coûte rien. Je ne peux pas plonger, donc je n’ai virtuellement rien à faire de mes journées (étant entendu que le soleil c’est Satan, donc j’vais pas me coller sur la plage en journée).

Le temps disponible : check. Et de toute façon, le temps, ça se prend. C’est une monnaie relative, on a dit !

C’est quoi, la motivation ?

Je crois que j’ai souvent cherché en moi la motivation comme si c’était une donnée : est-ce que cette idée me motive ou non ? Alors qu’en fait, c’est moi qui décide : à moi de me motiver (ou non) pour m’impliquer dans tel ou tel projet.

C’est juste un choix, tout simplement, au fond. Choisir d’allouer des ressources (notamment du temps) à ce projet plutôt qu’un autre. Choisir de focaliser son énergie et son attention sur ce projet, plutôt qu’un autre.

La motivation est une pondération du choix. Comme un super-joker, que je peux sortir à volonté pour dériver mes moyens sur le bon canal.

Avec de la motivation, tout coule, déroule, sans accroc.

Il a suffit que je m’y mette, ce matin. Que je me dise : c’est aujourd’hui. Soit je tue les deux prochains jours à me ruiner en 3G, actualiser mon fil Facebook alors que c’est le milieu de la nuit en France, soit j’ouvre ma dernière version, et j’en fais une nouvelle.

J’ai réécrit tellement de trucs dans le premier chapitre, et le plus fou, c’est que ça me venait tout seul. La motivation a cette puissance étonnante, de stimuler le corps et l’esprit à volonté.

La motivation de finir la course, même si j’vais faire un temps de merde et que je sens plus mes jambes. La motivation d’aller à cette conférence, même si c’est loin et chiant d’y aller. La motivation de m’atteler à cette tâche, que je ne fais que repousser.

C’est aussi un muscle qui se travaille. Au début, je lutte pour tenir ma planche pendant 30 secondes. Mes épaules s’affaissent, le dos me lance et mes mollets brûlent. Et puis, de 30 secondes par jour, on passe à 45, puis à une minute. Et ce qui me paraissait inatteignable est devenu une routine.

Tout ce que j’avais à faire, au début, était de rassembler la motivation de faire cette foutue planche tous les matins. Et ça finit par devenir une bonne habitude.

Je suis en train de relire le 18ème chapitre (sur 28). Il y a plus de taf sur la fin, donc j’aurais probablement pas fini demain.

Mais je vais finir. Parce que j’ai décidé de finir, parce que j’ai trouvé la motivation de finir.

D. 51 The Captain with the right hand hook

So I’ve talked a while ago about my body being the stallion and my mind being the rider, and how I need to listen to my body as if I were riding a horse. That is, if I intent to go the distance. I could very well keep burning through my power, and see where that would get me.

Then I figured out that I couldn’t let my body dictate the terms either: if I indulge too much in resting, we’ll get used to moving slowly, and I can’t have that.

All in all, throughout this trip, I have finally managed to get my mind & my body to find a sort of balance between them. But there’s one more lesson I need to learn.

So I wasn’t at the top of my game today, which is the understatement of the year. I had been extremely tired the day before, and both my ears were ringing. When I woke up, the right ear (A-G-A-I-N) felt stiff, swollen, and painful.

I felt it coming though. It was already burning pretty badly the day before, but not yet painful. I am so used to discarding pain, that when I feel something is painful, it’s the sort of pain I cannot ignore anymore.

I guess I got that from the leg muscle-tear I got playing soccer when I was 10 years old. Because all the adults assumed that I was faking it because I hated soccer at school, they kept saying that I was faking it to get out of soccer practice. (I honestly don’t know how they got to this conclusion, since I had been playing soccer with my brothers all the time, and it was about THE ONLY SPORT I actually liked).

I guess I ended up telling myself that I was not really hurt, and I kept walking — or rather, limping on that injured leg for about 2 weeks. Until one morning, I couldn’t take it anymore. I sat up on the stairs of our house, and demanded to see a doctor, refusing to move until promised so. My dad said he would take me after school, so I limped another day on it, until finally, a doctor examined me.

What might have been a minor tear if treated & rested properly early on, had become a knee tendinitis, made worse by my constant limping on it.

3 weeks of rest left this knee weaker than the other for years.

I should have learnt then to take care of pain when it first manifests, but I was 10 years old. Instead, I learnt that if it’s anything serious, the pain will come back worse after I have discarded it.

And most of the time, biting through it combined with a little rest usually works. And if it doesn’t, I’m usually the only one to pay the price.

« Usually ». Well. I had to sit the day out yesterday, and we had 8 guests wanting to do a Try Dive. A fourth Divemaster would have been appreciated. Because I was unable to dive, the team had to divide the try divers in 2 groups, and do 2 rotations each.

It’s not the ear that hurt me most yesterday, although the lack of painkillers on the boat made itself sharply obvious. It’s the feeling that I’m letting the team down, and they have to handle double work because I’m out.

Try Dives can be really tough to monitor, because they tend to go up and down a lot, failing to equalise properly, or to maintain their buoyancy underwater. This very enthusiastic crew was no exception, and everybody’s ears were subjected to quite a strain. Twice.

And a third time that day, with 3 other Try Divers.

Helping out with equipment set up on the boat, rinsing and clearing out the gear was the least I could do that day, and it felt like not enough.

Not because the girls made me feel like I was letting them down (on the contrary), but because I felt like I could have avoided this situation by taking a day off earlier, when I first felt tired and strained.

I won’t be the only one paying the price anymore

I need to remember that I’m not the only one paying the price anymore. I may be paying the highest toll, but as long as I’ll be part of a team, it’s the collaterals I need to think of, not just my own stakes in the matter.

That lesson gets even more essential transposed to team captain, instead of just team member. Sure, I can be a captain with a right hand hook, even with a wooden leg and a glass eye.

But wouldn’t I be better at it if I kept all my parts, to the best of my ability? Doesn’t it make more sense to rest when I need to, instead of when I can’t handle it anymore?

Isn’t it easier to plan a day off, than to suffer through sick days, waiting for my body to be functional again?

I probably have an ear inflammation. AGAIN. I probably need to stay out of the water for a couple of days. AGAIN. Yet I barely have more than « a couple of days » left here, and 4 trials to complete, 2 of which underwater.

I need to accept 2 things about myself:

My mind is in far better shape than my body. I’m faster, smoother, sharper in my mind than with my body.

My mind can always negotiate a little extra energy, I can always persuade myself that « I’m OK ». I waited 18 hours with 2 broken wrists last year, before asking to go to a hospital. I should have known right away that this kind of pain meant that something WAS wrong. But no matter what my mind tells me, my body will always have the last word.

There really is no point in being a healthy, exercising, non-drinking vegan, if I keep ignoring the earliest signs of something going wrong.

I’m not talking about making a fuss every time I have an itch, I just need to stop ignoring the small signals my body sends me.

It’s like clicking « later » on the important updates pop ups on your computer: sooner or later, the thing shuts down and you have to wait out the installation of the 12 657 updates you neglected to download earlier.

I might have to leave this place without completing my Divemaster. It’s a dire price to pay for this lesson, but again, it’s one I really should have learnt by now. And one I really cannot afford to suffer through again.

…Worst case scenario, though: I’ll have to come back here to complete all of my trials.

— Saturday, August 27th

#CheatDay because, once again, I was too tired to be bothered to open up my computer.

D. 46 How can I help?

De l’aide. En recevoir, en demander, c’est difficile. On n’a pas l’habitude. C’est perçu comme une faiblesse. Et pourtant, c’est un moyen d’aller de l’avant.

Aujourd’hui, j’ai fait une plongée « pédagogique » : Laura (mon instructrice) et moi, on s’est posées par 13 mètre de fond, sur le sable, et on passé 48 minutes à répéter des gestes. Perdre et remettre son détendeur. Enlever et remettre son masque. Enlever et remettre sa ceinture de plomb, sa stab & la bouteille, nager sans masque, faire une remontée d’urgence, une remontée assistée, etc…

Une vingtaine de « compétences » dont je découvrais la plupart, n’ayant pas appris à les exécuter moi-même en France (parce qu’en soi, y a zéro raison de et zéro difficulté à enlever et remettre quoi que ce soit sous l’eau).

Mais faut pas juste savoir le faire : comme je viens de le dire, y a pas de difficulté. Faut savoir l’enseigner. Faut pouvoir exécuter les gestes suffisamment lentement, amplement, en soulignant suffisamment chaque étape, pour que l’élève en face puisse répéter la séquence et réussir la compétence.

Travaux pratiques

De retour au camp, pas le temps de lézarder au soleil, on repart pour une troisième plongée, après une grosse heure de pause. Un client veut tester la plongée, Laura l’emmène pour un baptème — avec moi.

Romain est français, donc j’ai commencé à taper la discute. Donc Laura m’a proposé de prendre les commandes : tu lui montres l’équipement, tu lui expliques tout, comment ça marche, à quoi ça sert, comment on l’utilise, et les 2 compétences qu’il va devoir réaliser sous l’eau : lâcher-reprise d’embout, et vidage de masque. OK?

OK.

C’est plus de la théorie, c’est même plus de la pratique, c’est In Real Life, sans filet. Le mec, si je le briefe mal, si je le surveille mal, il risque une surpression pulmonaire. Même à 10 mètres, ouais.

Et sous l’eau, il a eu plusieurs galères. Je le voyais, lutter pour équilibrer ses oreilles. Et j’arrêtais pas de me dire : est-ce que j’en ai trop dit ? Pas assez ? Est-ce que je lui ai mis trop de pression ? Pas assez ? Est-ce qu’il a peur de descendre parce qu’il a peur de se faire mal, ou est-ce qu’il se fait déjà mal en forçant ?

Comment tu aides quelqu’un que tu vois galérer, mais avec qui tu as du mal à communiquer ?

Je le voyais, galérer avec sa stab. Mettre trop d’air. Pas assez. Et puis, le dilemme : si je prends les choses en main, ça va attaquer sa confiance. « Laisse, je gère », sous entendu « parce que tu t’en sors pas ». Alors je démontre. Je démontre encore. Il n’imite pas comme il faut.

Comment tu aides quelqu’un que tu vois galérer sans le faire douter de ses propres capacités à résoudre le problème ?

J’ai appris à demander de l’aide, reste à apprendre à en apporter

C’était dur, aujourd’hui. Dur de se mettre à la place de l’élève pour décortiquer geste après geste des séquences que j’ai déjà intégrées dans mes automatismes. Dur d’être à la place du moniteur pour un novice absolu, d’être dans cette impuissance relative, et pourtant responsable.

Cette journée m’a fait réfléchir à l’aide. J’ai déjà appris à demander de l’aide, et c’était pas facile, tant cette forme d’humilité raisonnable est vue d’un mauvais oeil dans nos sociétés. Moi, je sais que c’est une forme de sagesse et de maturité.

Mais je dois encore apprendre à aider les autres. Proposer de l’aide, apporter de l’aide à ceux qui en demandent.

C’est un sujet complexe, faut que j’y réfléchisse. J’ai pas encore digéré cette journée. Parce qu’elle a été chargée :

– première plongée, Shark Point, je sers de guide à deux Espagnoles (Elles m’ont dit : « tu es une super guide, je me suis vraiment sentie en sécurité ! ») (et puis je leur ai débusqué deux tortues donc je suis un peu leur star)

– intervalle de surface : Laura me fait nager un 400M « nu » (sans masque ni palmes ni combi, juste en maillot), chronométrés. Je fais un 10min30 de merde, mais y avait du courant sur la moitié de la distance…

– deuxième plongée : plongée « pédagogique ». Je suis sortie lessivée.

– Pause dej (après avoir rangé le matos de la matinée et déchargé une partie du bateau)

– troisième plongée : le baptême de Romain, que j’ai équipé, briefé, coaché, accompagné pendant toute sa plongée (y compris sa remontée accidentelle, et sa ré-immersion).

– …re-rinçage et rangement du matos, je vais me doucher, et de retour à la terrasse :

– une Française vient se renseigner pour passer son Open Water, donc j’offre nos services en français.

– je débrief toutes les compétences que j’ai foirées, je détaille les séquences à l’écrit pour les revoir avec Laura

– Laura me demande de l’aide avec un client espagnol qui parle très mal anglais, j’me retrouve à improviser un coup de fil en espagnol pour préparer les sorties du lendemain (Jaume, donc, nous rejoint pour deux plongées demain).

Help. Help help help. Pourquoi des fois c’est facile d’aider les gens, et parfois, il faudrait presque trouver une parade juste pour prêter main forte ?

Comment on aide à apprendre ? #WorkInProgress.

À suivre… Ce soir, j’ai posé les questions. Demain, je chercherai les réponses. Pour l’heure, je vais me coucher. Je suis épuisée.

PS : j’ai corrigé mille coquilles à la première relecture, à ce compte-là il doit en rester plein. Signe s’il en est qu’il est temps de mettre les méninges en veille…

D. 43 Achieving Excellence by Striving for Perfection

3%. Ou 4 erreurs, dont une « vraie » erreur : je me suis trompée de réponse. Y a toujours un détail, ou plusieurs, qui clochent, n’est-ce pas ? Rien n’est jamais parfait.

Est-ce qu’on se rend fou à chercher la perfection, ou est-ce qu’on se rend meilleur à toujours viser plus haut, plus loin, plus juste ?

Je pense que ça dépend de notre état d’esprit.

Il n’y a pas si longtemps, ces 3%, ces 4 erreurs, m’auraient frustrée. Pendant l’exam, j’aurais consacré de l’énergie à me focaliser sur l’objectif du 100%, au lieu d’être concentrée sur la question, et l’objectif immédiat : répondre correctement.

Et puis, à la correction, j’aurais été agacée, déçue certainement de ne pas avoir atteint la perfection.

Mais la perfection n’est pas un objectif opérationnel. C’est un chemin vers l’excellence. Et l’excellence, c’est l’avatar pragmatique de la perfection. Quand la courbe exponentielle tend vers plus l’infini, elle n’atteint jamais vraiment l’infini quand on la dessine.

J’ai appris à passer le cap : poursuivre la perfection, sans subir le contre-coup d’une déception quasi-systématique. Et au contraire, évaluer le résultat sur l’échelle réaliste de l’excellence.

En faisant ça, j’ai pas seulement réduit la dose de frustration que je m’auto-injectais régulièrement. J’ai amélioré mes performances, en éliminant une charge émotionnelle parasite : la peur de l’échec, extrêmement énergivore, et tout le stress qu’elle génère.

Mais surtout, j’ai développé cette habitude de toujours viser un peu plus haut, un peu plus loin que mes objectifs.C’est ce qu’il faut pour taper le centre de la cible, non ?

J’ai validé mon examen théorique. Ça va être une autre paire de manches pour passer les épreuves de natation, mais ça me fera un bon entraînement pour le niveau 4, que je compte aller chercher l’année prochaine.

J’ai fini de courir derrière la perfection comme un sanglier qui charge à l’aveugle (et fini par se prendre une bagnole de nuit sur une route de campagne). Je suis la panthère qui détale derrière sa proie, qui ne déploie toute son énergie que lorsqu’elle a ciblé l’effort à fournir. Parce que ses réserves sont comptées. Parce que c’est le résultat qui compte, pas l’intention d’y arriver.

J’ai arrêté de courir derrière un mirage. Du coup, l’horizon se dégage, et je vois plus clair, plus net, plus loin.

Ce ne sera pas parfait. Mais je prendrais à tout les coups excellent en réalité contre parfait en théorie.