Tempo

Cinq mois. Et pas une nouvelle note à publier. Mais plein de fausses notes, de ratures sur la partition, d’heures passées au clavier à recommencer, à s’entraîner, à réciter, à répéter, à jouer, à s’éclater.

J’ai pas (encore) trouvé mon rythme alors j’écoute celui des autres et je cours après le tempo. J’écoute les cor(p)s qui prennent le dessus et parfois se mettent en sourdine. Je tends l’oreille vers les cordes qu’on tire et qu’on détend avant qu’elles ne lâchent, qui grincent et pleurent lorsqu’on les gratte, qui surprennent et enchantent lorsqu’on les accorde.

Je cherche l’harmonie dans la cacophonie des choeurs en formation.

Cinq mois. Je me suis sentie seule et noyée dans la foule, étouffée par les silences et assourdie par les bruits. J’ai été bousculée par le rythme, et figée par l’inertie d’un orchestre trop complexe à diriger. J’ai été emportée par les symphonies déchaînées comme une tempête sur les plaines, je me suis laissée émouvoir et surprendre par les mélodies timides, improvisées par les solistes, comme un secret murmuré.

J’ignore le métronome dont les allers-retours arrogants me narguent, et m’insupporteront tant que je n’aurai pas trouvé le rythme. Je suis partie pour courir un marathon au rythme d’un sprint…

Et j’ai pris le contrôle.

J’ai cherché ma métaphore pendant de longues semaines, et je l’ai trouvée dans l’image qui m’est la plus étrangère. Debout sur l’estrade, écrasée par l’obscurité, je ne vois que la partition que j’ai sous les yeux. Silence. Tout autour, le néant, jusqu’à ce que je lève le poignet.

C’est fou, ce pouvoir de lancer la musique d’un geste si léger.

Moi je pensais que pour être un leader, il fallait incarner une forme d’autorité. Il faut des épaules larges et une voix qui porte, une posture droite et un regard d’acier. Il faut aveugler les autres et rester soi-même dans l’obscurité. Il faut transpirer l’assurance et proscrire toute vulnérabilité.

Mais je n’avais jamais vu de chef d’orchestre. Seul, debout dans la lumière, c’est lui qui est aveuglé. Il ne voit que son propre chemin, les autres le suivront car ils ont confiance. C’est cette confiance qui lie tous ces instruments à l’extrémité de sa baguette, à la dextérité de ses gestes. Ses erreurs à lui deviendront les leurs, il le saura et ne leur en tiendra pas rigueur.

Perfection takes practice

Et tous les jours, recommencer. Il y aura des fausses notes tant qu’il y aura des humains à l’exécution, parce qu’entre les ratures griffonnées sur la partition et la magie des sons qui envahissent l’espace et transpercent les carapaces, il se passe un miracle.

Et le miracle, c’est de toujours réussir à produire un résultat unique, à force de répétitions.

On reprend à la clé, je gomme les essais de la veille et on improvise les mouvements du jour, pour n’écrire que le meilleur. Si ça marche, on répètera. Si ça coince, on persévèrera.

On vise la perfection pour atteindre l’excellence, une note à la fois. L’ensemble est toujours unique, et c’est ce qui le rend beau, même les soirs où j’ai le bras lourd et les doigts crispés sur le bois. Les jours où les violons sont désaccordés, où la batterie résonne trop fort et mes solistes se noient dans le bruit, les moments où je n’entends plus l’harmonie.

Mais lorsque le rideau tombe et que le silence se fait, le répit me pèse vite. Heureusement qu’il est de courte durée…

Cinq mois. J’arrive au bout de ma partition, et la perspective qui me paralysait il y a un an m’excite à présent : à nous d’écrire la suite, à nous de la jouer.

À nous de mettre en musique la poésie du quotidien, les espoirs et les doutes que les mots ne savent plus exprimer, les attentes qu’on ne s’avoue qu’à plusieurs parce qu’elles sont trop lourdes à porter pour une seule personne.

À nous de faire rêver.

Silence. Rideau…

En scène…

Et musique, maestro.

D-1. Once In A While…

I’ve found a way to keep breathing, do something productive AND continue preparing my trip, without adding to the growing bubble of panic in my chest: I’ve been composing the playlist of my trip.

I’ve never been a huge fan of music. I mean I do love music, it’s just that I don’t have any patience to discover new things, I never really sit down only to listen to music, it has always been a background atmosphere, or whatever people around me are listening to.

So that has been pretty new to me already, to let Deezer suggest the tracks I’m gonna be taking with me along the way. I’ve tried really hard not to put the same songs in yet another new playlist, that is really just a compilation of all the songs I already listen to, with some new additions.

Over 3 weeks of random listening, I managed to select 94 songs, adding up to a little over 6 hours of calm, soothing, relaxing and above all, beautiful music.

Here is it, my masterpiece.

But I couldn’t take a playlist without the 5 songs that sum up best my state of mind at this point in my life, not only for this trip. The 2nd one is a new addition, that I discovered only today, but the other 4 are a bit older. A lot older for Stay Alive, that has been soothing my brain for a little over 2 years now.

It’s not just the melody, the lyrics also speak to me.

5. Concrete, Tom Odell

« I’d sleep on a bed that’s made of concrete
Just the two of us and no sheet »

4. Wake me up, Aloe Blacc

« I can’t tell where the journey will end
But I know where to start »

3. Lift a Sail, Yellowcard

« When the waves come from underneath,
I am ready now, I am ready…

With the last sail lifted high,
I am ready now, I am ready now. »

2. Once In A While, Timeflies

« Once in a while, I ask myself
What am I doing? »

1. Stay Alive, José Gonzales

« In the morning watch a new day rise
We’ll do whatever just to stay alive

Well the way I feel is the way I write
It isn’t like the thoughts of the man who lies

There is a truth and it’s on our side
Dawn is coming
Open your eyes

Look into the sun as the new days rise »

6 hours and 5 minutes of music. For a trip 6 hours ahead of my home time frame.

Appropriate.