Comment je fais pour ne pas me laisser submerger ?

J’adore la plongée parce qu’elle me ramène toujours à l’essentiel : respire, ne lutte pas contre l’hostilité de l’environnement (car tu vas perdre lol), et apprécie le spectacle, le moment.

Ton temps ici est compté, donc savoure-le, et quoiqu’il arrive : ne le subis pas, sinon il risque de t’arriver des bricoles.

Pourquoi c’est pas aussi simple à la surface ? La même urgence s’applique pourtant :

  • Respire.

Respire, comme priorité : si tu vas mal, rien ne pourra aller. Respire, comme base : si tu n’as ni le temps ni l’énergie de respirer, tu n’auras ni temps ni énergie pour quoi que ce soit d’autre.

  • Ne lutte pas.

Ne lutte pas contre les éléments : les éléments SONT. Ce sont des données. Tu peux parfois réussir à influer sur eux, mais au prix de quels efforts ? Pourquoi entrer en résistance d’emblée, lorsque tu peux t’adapter, utiliser les opportunités qu’offre cet environnement, même hostile ? Par exemple, sous l’eau, certes tous tes sens te lâchent plus ou moins, mais la gravité disparait. Franchement, ça s’apprécie. Et personne ne te conseillera de te barder de plombs pour refaire apparaître la gravité dans tes sensations…

  • Apprécie.

Apprécie le spectacle, le moment. Quoi, ta vie quotidienne n’est pas le théâtre d’émerveillements, d’émotions, de créations? Si bien sûr, c’est juste que tu ne prends ni le temps ni l’énergie de les apprécier.

* * * * *

Je suis posée sur la terrasse de Cap Croisette, et je regarde le soleil, pudiquement voilé de coton bleuté et rosé, se noyer silencieusement derrière l’horizon. Il laisse traîner quelques rayons sur la toile claire, striée d’or, de soie et de cuivre. Les cris de quelques mouettes viennent ponctuer le clapotis délicat de l’eau que les vents ont enfin cessé de tourmenter. Au-dessus de moi, le bleu m’aspire, il m’allège des derniers tracas que les masseuses du SPA de La Palud n’ont pas su extraire de mon dos.

Ce moment dure depuis plusieurs minutes, parce que je le fais durer. Ce n’est ni le soleil, ni le vent, ni la mer ni le ciel qui prennent leur temps pour me permettre d’apprécier ce spectacle. C’est moi qui m’offre ce temps, immobile, inactive, si ce n’est pour ces quelques lignes que je mets de longue minutes à taper.

Je laisse aux mots le temps de venir. Ils naissent lorsque je laisse éclore librement les émotions. Lorsque je ne les réprime pas, lorsque je ne les brusque pas. Lorsque je les laisse bourgeonner, éclore, fleurir, fâner, en quelques instants comme en plusieurs heures, souvent.

Comment je fais pour ne pas me laisser submerger ?

Ma première pensée face à ce coucher de soleil a été : « demain soir, retour à Paris ».

Non mais sérieux : « demain soir, retour à Paris ». Je m’auto-insupporte dans mon incapacité à apprécier ce qui se passe devant mes yeux, pour me projeter 24 heures plus tard, en plus dans une configuration négative: en vrai je suis heureuse de rentrer à Paris car ça fait bientôt 9 jours que je suis coupée d’Internet et donc d’environ 85% de ma vie, mais FORCÉMENT, comparer « retour à Paris » avec ce coucher de soleil idyllique, FORCÉMENT je viens greffer une émotion négative sur « retour à Paris ».

Mais je fais ça combien de fois par jour exactement?? C’est-à-dire :

  • Ne pas apprécier le moment présent
  • Me projet dans futur lointain (vraiment, 24h quand il me reste 2 plongées sur 3 à faire, c’est : LOIN.)
  • Amarrer une émotion négative à cette projection

À vue de nez, je dirais que je fais ça… En permanence. mdr.

¯\_(ツ)_/¯

Excellent. Surtout ne change rien, c’est par-fait!!! (J’adore être sarcastique envers moi-même. Ça me permet de dédramatiser ma propre bêtise).

J’ai passé tout un été à utiliser ma formation de plongeuse pour en faire une formation de management. Cool. Il y a d’autres leçons à tirer de la plongée pour ma vie quotidienne.

Le lestage : si tu prends trop de poids, tu coules

En plongée, pour s’immerger, il faut se lester. Le nombre de poids qu’on prend dépend de son expérience (donc de son aisance, de sa stabilité au fond de l’eau), mais aussi de sa densité (densité naturelle (celle du corps), épaisseur de la combinaison, flottabilité du matériel qu’on embarque, etc).

Débutante, j’avais 5kg à la ceinture. Aujourd’hui, à conditions égales, j’en suis à 3.

Dans la vie, je suis plus expérimentée qu’il y a quelques années. Je suis capable d’assumer plus de responsabilités, d’assumer une plus grande charge de travail qu’il y a quelques années. Mais ça ne veut pas dire que je peux continuer à me charger progressivement.

Tout comme je ne serai jamais à 0kg de lestage, à conditions égales.

Pourtant, au quotidien, je continue de m’ajouter des tâches, des missions, des objectifs, des responsabilités, comme si ma capacité d’assimilation était infinie.

Leçon n°1 : know the weight you can carry. Si tu prends trop, tu coules. Tout simplement.

Le profil de plongée : si tu prévois trop ambitieux, tu étouffes

Une plongée, ça se planifie. Tu sais pour quelle durée et quelle profondeur max tu pars, tu anticipes ton itinéraire, et tu t’équipes en conséquence.

Voici ce qui ne peut pas arriver en plongée : continuer de s’enfoncer, de mètre en mètre, parce que, tu comprends, « il faut bien y aller ».

Si tu ne respectes pas ton profil de plongée, si tu pars plus ambitieuse que tes ressources ne le permettent (c’est-à-dire : ton air!!), tu vas au devant de sérieuses déconvenues. (Comme par exemple : la mort!!! Excellent délire).

Qu’est-ce qui me prend de blinder 2 jours de taf dans une seule journée, et qu’est-ce qui me pousse à croire que « nan mais ça va passer » ? J’ai déjà réussi à faire « une troisième après-midi » comme je les appelle, de 20h à minuit ?

Oui j’y arrive mais je tape dans la réserve, et on ne doit pas y toucher, elle ne doit servir qu’en cas d’urgence, justement. Je me fous toute seule dans le rouge en ne respectant pas cette règle élémentaire : les ressources d’urgence sont réservées aux urgences. Pas aux « mais dans 3 jours c’est le week-end alors j’aurais le temps de récupérer ». Ne marche pas mieux avec « mais dans 3 semaines j’ai une semaine de vacances alors jpeux dormir 4h par nuit, on est large ».

Je sais pourquoi je fais ça : je suis ambitieuse. J’ai l’impression de manquer d’ambition lorsque je ne remplis pas mon agenda au taquet de la réserve. Comme si je ne respectais pas les opportunités que m’offrent ma position, le moment.

Mais c’est aussi pété que de vouloir sucer les dernières lampées d’air au fond de la bouteille, au motif que l’océan est trop vaste pour se limiter seulement à 34 minutes de plongée.

Oui ben minute, on remonte, on recharge et on revient. ON RECHARGE. C’est en ne prenant pas le temps de recharger convenablement, en sous-estimant les ressources nécessaires que je ne respecte pas les opportunités qui me sont offertes.

Leçon n°2 : know the fuel you can burn. Si tu ne recharges pas, tu crames. Tout simplement.

Focus sur ce que tu es en train de faire

Une autre magie de la plongée : sous l’eau, je ne pense à rien d’autre. J’ai connu si peu de situations dans ma vie, capables d’absorber toute mon attention sans qu’elle ne se divise.

Mais sous l’eau, impossible de penser à mon agenda qui se remplit à vue d’oeil, y compris en mon absence. Impossible d’anticiper les problèmes que je vois poindre dans les semaines à venir, les challenges qui m’attendent, les noeuds que je n’ai pas encore attaqués et qui auront encore empiré en mon absence.

Sous l’eau, il n’y a que : sous l’eau. Ce qu’il se passe devant mes yeux, le froid, les mouvements gracieux des poissons, le froid, la lumière bleue, la danse des algues, le froid, les rayons du soleil, le froid. Le bleu. Et moi, en apesanteur.

Ok, ça ne m’est pas naturel, mais j’en suis capable. Si je dois déployer des efforts dans les semaines à venir, essayons celui-ci : focus sur ce que tu es en train de faire.

Arrête d’anticiper, et surtout, arrête d’anticiper le négatif. Ça ne veut pas dire d’oublier les risques, ça veut dire : n’anticipe pas le pénible.

J’ai plus de 110 plongées au compteur, et jamais, pas une seule fois au cours d’une plongée, n’ai-je pensé : « ah trop relou quand il faudra laver-ramener-ranger le matériel tout à l’heure, au retour du bateau ».

Jamais.

Leçon n°3 : stand still to stand strong. Si tu penches toujours vers l’avant, tu perds l’équilibre.

Ne pas se laisser submerger : c’est ta décision

C’est pas toujours une partie de plaisir. Engoncée dans le néoprène rendu brûlant par le soleil, strappée aux douze kilos du scaphandre autonome, lestée de plomb, je suis tout sauf à l’aise. Le kif n’est pas présent.

Mais je sais pourquoi j’endure le calvaire de la préparation et du transport du matériel. Ce pourquoi donne du sens à la pénibilité, et la transforme en nécessité. Ce n’est pas une pénitence, c’est une étape.

Ma première fois, j’ai cru que j’allais couler direct dès la mise à l’eau. Forcément, je pesais une demi-tonne avec tout ce barda.

Sauf que non, tu ne coules pas. Cf la densité, Archimède, et caetera. Pour s’immerger, il faut faire un effort. Ce n’est pas naturel, et même complètement équipée pour plonger, l’immersion n’est pas automatique : elle se provoque.

Et voilà où je veux en venir. Comment je fais pour ne pas me laisser submerger ? C’est assez facile : tu décides de ne pas te laisser submerger. On n’est pas fait pour couler, tu sais. Naturellement, tu flottes. Quand tu coules, c’est que tu t’es coulée toute seule comme une grande.

Les voisins passent à ce moment précis « Je marche seul » à toute blinde, et je me rappelle à quel point j’aime les chansons de Goldman. Je ne me rappelle pas la dernière fois que j’ai pris le temps de hurler du Goldman à tue-tête toute seule chez moi. Je me demande s’il y a des soirées karaoké à Paris où ils passent du Goldman.

« Je m’en fous de tout, de ces chaînes qui pendent à mon cou,
J’m’enfuis, j’oublis,
Je m’offre une parenthèse, un sursis »

Ils enchaînent avec « Je te donne », l’une de mes chansons préférées au monde.

« Je te donne ce que j’ai, ce que je vaux ».

Oui, je donne beaucoup, je reçois beaucoup aussi. Mais je ne ME donne pas assez au quotidien, et je n’apprécie pas assez ce que je reçois.

Leçon n°4 : Don’t go under. Breathe in to stay afloat. Si tu arrêtes de respirer, tu coules. Si tu décides de couler, tu coules.

Des « Bonne Idée » à se remémorer

Ces neuf jours de vacances auront à peine suffi à me sortir du rouge. J’ai tellement l’habitude d’être au taquet de la réserve que j’avais même pas senti que j’y étais depuis des semaines déjà.

Il me faudra encore le week-end prochain pour revenir dans le vert. Mais je suis contente de m’être octroyé ces 9 neufs jours avant l’été, ça me donne donc tout l’été pour mettre en place ces excellentes leçons, dans le but de ne plus me laisser submerger.

(« Bonne idée », qui est clairement ma JJG pref, ex-aequo avec « Si j’étais né en 17 à Leidenstadt »).

« Bonnes idées » pour la semaine à venir :

  • ne pas reporter « tout ce qui ne rentre pas dans la semaine » sur le week-end (garder le week-end pour le kif, pas pour les nécessités).
  • ne pas reporter mes rendez-vous médicaux/bien-être au motif que « cette semaine, ça va être tendu ». Oui et ce sera d’autant plus tendu si je repousse ce qui est censé me faire du bien et me soulager. Duh.
  • ne pas planifier 3 demi-journées de travail sur une seule journée de travail. (On dirait de la logique élémentaire, n’est-ce pas)
  • solliciter de l’aide lorsque je me sens submergée.

Tu sais, comme en plongée, quand tu manques d’air. Combien de temps tu crois que t’attends avant d’appeler à l’aide ? Indice : vraiment pas longtemps!!!

Fais pareil à la surface, pour voir.

« Et puis y a toi qui débarque en ouvrant grand mes rideaux,
Et des flots de couleurs éclatent, et le beau semble bien plus beau,
Et rien vraiment ne change, mais tout est différent,
Comme ces festins qu’on mange seul ou en les partageant »

* * * * *

J’ai fini ma dernière relecture. Les voisins passent « place des Grands Hommes », mais je te propose qu’on se donne plutôt rendez-vous dans dix semaines.

Parce que dix ans, c’est trop loin. C’est maintenant que j’ai envie d’aller mieux, pas dans le futur.

(Ah bah tu vois quand tu veux!!)

No time like the present.

* * * * *

Je me suis interrompue pour faire ma méditation du jour, parce que j’en avais envie, et tant pis si j’avais pas fini d’écrire ce billet. Résultat : la Terre ne s’est pas arrêté de tourner (fou!!). Mais aussi : les clins d’oeil de l’univers…

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Ton temps ici est compté, donc savoure-le. Et quoiqu’il arrive : ne le subis pas, sinon tu en crèveras.

« Je marche seul
Quand ma vie déraisonne
Quand l’envie m’abandonne
Je marche seul
Pour me noyer d’ailleurs
Je marche seul
Dans les rues qui se donnent.
Et la nuit me pardonne, je marche seul.
En oubliant les heures.
Je marche seul.
Sans témoin, sans personne.
Que mes pas qui résonnent, je marche seul.
Acteur et voyeur.
Je marche seul.
Dans les rues qui se donnent.
Et la nuit me pardonne.
Je marche seul.
En oubliant les heures.
Je marche seul.
Sans témoin, sans personne. »

Le goût de l’effort (dans le dur)

Je ne me souviens plus si j’ai déjà écrit sur le sujet. J’avais oublié, pour la confiance. Ça m’est revenu cette semaine, en décantant les obstacles et les difficultés qui s’entrechoquaient dans mon esprit, engluées par le doute : la confiance est un muscle qui se travailleJe m’en suis souvenu.

Ça se pratique. Le doute s’amenuise, comme les courbatures se raréfient. Mais ça prend du temps, et beaucoup d’énergie.

Ça se travaille. Mais j’avais aussi oublié : ce travail n’est pas qu’un processus, il est aussi une fin en soi. J’aime ce travail, cette épreuve permanente, par laquelle je progresse, et donc, je m’accomplis.

Comment l’expliquer ? C’est tellement paradoxal. En chier pour kiffer, c’est comme souffrir pour être belle : on dirait un oxymore, une relation décorrelée. Un déséquilibre. Mais toute la différence se fait dans le choix d’être là, et celui d’avancer. Choisir ou subir, c’est toujours ça la différence essentielle, au fond, pour moi.

Je choisis d’être là. Pas au passé, mais au présent, chaque jour : je choisis d’être là. Je choisis de continuer à avancer, comme ça. Et c’est long, et c’est dur, et c’est parfois frustrant, et parfois gratifiant, mais c’est toujours éphémère, pratiquement instantané.

J’investis pour réussir. La mise de départ, c’est beaucoup de confiance et d’énergie, que je relance à tous les coups, parce que j’y crois comme j’ai jamais cru à rien avant ça, parce que je veux réussir plus que j’ai jamais voulu réussir quoi que ce soit avant ça. Parce que le jeu en vaut la chandelle, comme aucun autre avant celui-là.

Je dis que j’investis, parce que je n’attends pas de retour immédiat. C’est pas “action-récompense”, c’est une succession d’actions qui finira par déboucher sur un progrès. C’est pas des paris que je fais, c’est des briques que je pose. Il faut attendre que le ciment prenne. C’est long. C’est lent. Je suis dans le dur.

Mais j’ai retrouvé le goût de l’effort. La satisfaction d’en chier. La sensation que tes actions font bouger les lignes, mais très sensiblement. Comme un frémissement. C’est la conscience du battement d’aile d’un effet papillon. Je sème des graines. Et je bosse.

Le goût de l’effort, c’est le kiffe né dans la douleur. C’est le dernier kilomètre de la course qu’on finit au mental, quand les muscles hurlent mais que la tête prend le relai. Et qu’à l’arrivée, toute la souffrance est déjà oubliée.

C’est la satisfaction d’essayer et de persévérer, de continuer, de garder les yeux sur l’objectif même si ça prendra du temps et demandera beaucoup d’efforts, d’y arriver.

Ça y est, je me suis souvenue que j’aimais suer à grosses gouttes, avoir le souffle haletant et les mollets en feu. J’aime les courbatures qui te font dire à la fois « plus jamais ça » et « j’y retourne quand », pratiquement dans la même pensée. J’en peux plus et j’en redemande. Tout le temps.

Ouais. J’ai oublié de kiffer. J’ai le goût de l’effort au point d’oublier d’en profiter. J’aime suer jusqu’à m’en aveugler, m’essouffler jusqu’à l’épuisement, tirer sur la corde jusqu’à ce qu’elle se tende et menace de lâcher. C’est ça, mon kiffe. Repousser mes limites.

J’en fais toujours plus parce que j’en sors toujours grandie. J’essaie plus que les autres pour réussir mieux qu’eux. Je m’obstine et je persévère pour me rendre fière. Je suis perfectionniste parce que le diable est dans les détails et que je brûlerais l’enfer pour atteindre le paradis.

J’ai le goût de l’effort jusqu’à m’en épuiser. Et c’est ça mon addiction, c’est ça mon kiffe. Je l’avais juste oublié.

C’est pas la traversé du désert, ni même l’ascension de l’Everest. C’est un marathon, et je suis entrée dans le dur. C’est normal que ça tire, que ça fasse mal dans les jambes, que le mental flanche, et que j’en ai des nausées. Mais c’est ça qui est intéressant, pour moi. C’est l’épreuve qu’il représente, ce marathon, ce sont les haies que je dois sauter, la distance à tenir et les intempéries qui viennent tout compliquer.

Je me ferais vraiment chier à moins de ça. Et même dans le dur, j’ai qu’une seule envie : libérer ma foulée. Si j’avais pu courir le marathon au rythme d’un sprint, je l’aurais fait.

Alors, pour tenir l’effort, j’ai voulu ralentir, mais ça me rend folle de frustration, en fait. Et c’est pas ça le problème, au fond. J’ai pas besoin d’être patiente, j’ai juste besoin de me rappeler du goût de l’effort. Et pourquoi j’y suis autant accro.

J’ai juste oublié de kiffer ce pourquoi j’investis tant : la satisfaction d’avancer. Pas toute seule : en équipe, tou•tes ensemble, moi et tout•es celles dont la vie est touchée par les mots qu’on répand.

Le goût de l’effort, c’est ce qui me fait kiffer, même en plein dans le dur. Surtout quand le pire est déjà passé, et que l’avenir nous gave de promesses plus hautes que l’Everest.

« Do or do not. There is not try ».

Yoda a tellement raison. J’ai pas le time pour les hésitations. J’ai trop d’énergie, trop de volonté, trop de motivation pour les coups d’essai.

Je prends des risques parce que je ne supporte pas les regrets. J’avais juste oublié que j’avais le droit à l’erreur… et donc le droit de kiffer les réussites, même si elles sont triviales.

C’est ça, le goût de l’effort. Le kiffe à chaque pas qu’on prend, de ceux qui s’enchaînent à ceux qu’on s’arrache. Plus c’est dur, plus je kiffe. Pour le challenge, et même dans le dur : c’est là que ça devient intéressant.

Le goût de l’effort, c’est apprécier le chemin, pas la destination. L’histoire de la vie, au fond. Sauf qu’on va plus vite pour aller plus loin. Qu’on se donne plus, parce qu’on en a les moyens. Et que je vais crever si je me mets au pas, au diapason des autres qui avancent trop lentement dans leurs vies sécurisées… quand j’affronte la mienne à pic, que j’escalade en tête la piste de mes projets.

Je suis dans le dur. Et à moins de ça, je me ferais chier à en crever.

What time is it? (It’s action time)

— Mercredi, 7 septembre 2016

Le décalage horaire, c’est comme le mal de mer : j’y crois pas trop. Déjà, c’est hautement psychosomatique. Hier (ou avant-hier du coup ? bref), il était 8h00 du matin à ma montre, mais 2h du matin à Paris. J’avais dormi 6h, soit mon quota quotidien.

Mais je me suis dit : attention, tu vas devoir tenir jusqu’à « 5-6h du matin » (soit 23h-00h) avant de pouvoir aller te coucher, donc rajoute peut-être quelques heures de sieste plus tard…

Effectivement, on allait atterrir à 7h30 heure de Paris, mais 13h30 selon mon horloge biologique.

Alors oui ça décalque un peu, mais objectivement, c’est plus le fait de dormir assise dans un fauteuil d’avion qui défonce, hein. Mettez-moi dans une chambre d’hôtel et demandez-moi d’absorber 6h de décalage horaire d’Est en Ouest, franchement, ça va le faire. (D’ailleurs je trouve qu’attacher quelqu’un à un fauteuil d’avion et l’empêcher de se lever pourrait être une tactique de torture/pression psychologique assez redoutable. Ça tire dans les jambes, tu sais plus quoi en faire, et encore : moi j’ai QUE 60cm de jambes hein). (Mais je digresse).

Arrivée à Amsterdam à 8h du mat, donc, je me sens effectivement défoncée comme s’il était 8h du mat et que j’avais mal dormi. J’ai eu faim vers midi, j’ai eu envie de dormir comme après une longue journée suivant une mauvaise nuit.

J’ai eu sommeil (« avoir sommeil », cette expression de daron lol) vers 23h, soit pile poil dans mon rythme perso, qui devrait me faire lever entre 6h et 7h, à la cool.

C’est dans la tête, j’te dis

Alors voilà, le décalage horaire, c’est dans la tête. Tant que je ne passe pas la journée à « traduire » les heures qui passent en « temps qu’il est pour mon corps », mon cerveau n’a pas de raison de penser qu’il est l’heure de quoi que ce soit d’autre que ce qui est dicté par l’heure locale.

Sauf que. Sauf qu’il est 4h14 lorsque j’ouvre un oeil, et je me dis « ça va, pas de souci, il me reste 3 heures de sommeil ». Soit un cycle entier, et il n’est pas rare que je refasse surface entre deux cycles.

Sauf que… Impossible de refermer l’oeil. Donc à 5h14, parce que j’ai pas de temps à perdre à attendre que le sommeil revienne (ce qui pourrait prendre la journée, d’ailleurs, littéralement), j’ai pris mon ordi et je tapote des trucs.

Je comprends pas pourquoi mon corps ne saute pas sur l’occasion de rester en mode veille quelques heres en plus. Je pense que c’est ce soir qu’il va comprendre ce qu’il s’est passé, et que c’est fini les vacances à faire des siestes quand bon nous semble.

Right on time

Comme pour le mal de mer, même si j’y crois moyen, je suis bien obligée de reconnaître l’existence de certains signes physiques (vachement moins désagréables que le mal de mer, du coup quand même).

Pour autant, ça sert à rien « d’attendre que ça passe » en tête-à-tête avec le plafond. Tourner en rond dans mon lit, ça m’épuise davantage que de commencer ma journée un peu plus tôt.

Et puis je suis pas rentrée en France pour reprendre ma place dans un fuseau horaire. Je suis ici parce que j’ai des trucs à faire, des projets à mener, et même si le temps ne joue pas contre moi, je n’ai pas à me laisser balader par des inconvénients aussi futiles que le décalage horaire.

Alors je ne sais pas trop « quelle heure » il est dans mon corps, mais je sais avec précision quelle heure il est dans ma tête : It’s action time. Sharp on.

D. 60 bis Décollage…

Ouais, j’ai déjà posté un truc aujourd’hui. Mais c’est l’heure du départ, ça y est.Tu auras remarqué que je dis « départ » et pas « retour ». C’est vraiment l’arnaque du siècle, de croire qu’on peut « revenir » de ce genre de voyage. Quand tu vas de l’avant comme ça, que tu affrontes des peurs, que tu te dépasses, accomplis des défis que tu n’aurais même pas imaginé il y a de cela quelques années, tu ne « reviens » pas à ton point de départ.

Tu vas de l’avant. Toujours. Tu vas plus loin qu’avant.

Je continue mon voyage, même si la prochaine étape ressemble à mon point de départ, je sais que ça n’aura rien à voir.

Hier soir, j’ai regardé le coucher du soleil depuis la plage de Kuta, saoûlée par la foule de touristes, saoûlée par les sollicitations permanentes des vendeurs en tous genre, bref, un peu saoûlée de tout en cette fin de trip.

Ce matin, je suis allée nager une demi-heure dans la piscine de l’hôtel, juste parce que je peux, un peu pour le kiff et beaucoup pour me fatiguer dès le matin, histoire de réussir à dormir dans l’avion.

Deux jours à Bali, c’était presque trop. Un de plus et je me faisais chier, c’est sûr. Et puis j’ai déjà fait tous les massages possibles (les massages d’une heure à 7€, ça va me manquer. Vrai-ment me manquer).

J’avais hâte de partir hier (aujourd’hui ça passait mieux, j’avais calibré ma journée pour ne pas avoir de temps mort). C’est parce que j’ai hâte de ce qui va suivre.

Je suis partie avec beaucoup de questions, sur moi-même, sur mes envies, sur mes projets, sur mes rêves, sur mon futur… sur mes ambitions. Et en deux mois, j’ai trouvé beaucoup de réponses. J’ai niqué des complexes et tué des démons, j’ai dépassé des frontières pour ma plus grande surprise.

C’est ma nouvelle drogue, je crois : ma capacité à me surprendre moi-même. Je vais continuer, c’est sûr : tu te lances un défi. Tu te demandes comment tu vas y arriver. Tu fais des plans, des tentatives, tu te plantes, tu corriges, tu améliores… et tu réussis.

Et ça, c’est vraiment un kiff de malade — pardon my french.

« Going home? »

À tous les gens qui me demandaient, ces derniers jours, si je rentre « chez moi », je répondais « oui » en pensant : rien à voir. J’ai pas de « chez moi », et quand bien même, « chez moi » c’est n’importe où je le décide, où j’ai des trucs à faire, où mes voyages m’emmènent.

Pour un temps encore, « mes voyages » m’emmènent à Paris, parce que c’est le départ d’une autre aventure, celle qui me motive le plus, et me donne envie de repousser encore plus de frontières. Encore des premières fois, encore des problèmes à résoudre, des puzzles à construire, encore des défis à relever.

Et puis, sans rire. J’vais pas abandonner le navire à la veille de l’élection présidentielle. Qui va monter au front contre l’OPA de l’extrême droite sur le féminisme, et démêler la xénophobie de la lutte anti-sexiste ?

Embarquement immédiat. See you on the other side, comme dirait Adèle.

D. 59 Long Story Short…

Quelques « fun facts », hashtag Summer 2016.

J’ai passé 2 mois à me laver sans eau chaude, et même plusieurs jours sans douche, juste avec un bac d’eau et un seau. Et je pensais que ça me manquerait plus que ça, à vrai dire (Ok il fait 30 degrés, mais quand tu sors de plongée à 16h, t’as FROID. Et va pas me dire que c’est facile de prendre une douche VRAIMENT FROIDE le matin au saut du lit, hein. Vers 6h-7h du mat’ il fait pas 30°C…)

J’ai passé 2 mois en pyjama (tranquille, j’avais juste emmené un pantalon de trek, et j’ai fait qu’un seul trek de 2h, et de toute façon, ce pantalon est devenu beaucoup trop grand).

Je suis partie à l’arrache, en improvisant mon voyage jour après jours, surtout à Flores.

J’ai fait des rencontres précieuses, et vécu des moments vraiment uniques.

J’ai appris des rudiments d’indonésien, assez pour commander à manger, expliquer ce que Je mange ou non (pas d’animaux, pas de sucre dans mes jus, pas de lait ni de fromage, bof les oeufs merci)

Je me suis déplacée en scooter, en passagère sur des scooters conduits par d’autres gens, soit environ la peur de ma vie au carré.

J’ai appris à négocier. À réfléchir à un prix avant de le demander, et à le négocier, quitte à renoncer.

J’ai dormi dans des endroits qui ne ferment pas à clé, qui ne ferment pas tout court d’ailleurs, où des animaux plus ou moins gros s’invitaient parfois UN PEU TROP PRÈS.

J’ai encadré des plongeurs, pris le lead, du briefing à la remontée sur le bateau.

J’ai briefé des novices et assisté à des baptêmes de plongée, et ça c’était sans doute l’une des expériences les plus spéciales de cet été, pour moi. Mon baptême m’a laissé un tel souvenir, que de devenir celle qui participe à l’initiation d’autres curieux•ses était vraiment une étape significative. Et émouvante pour moi !

Bordel, j’étais À KOMODO !!! Et même si j’ai pas plongé, je me souviens des dimanches après midi passés à regarder des documentaires sur ce genre de paradis naturels, à rêver d’y aller un jour. Je revois la gamine fascinée par ces monstres terrestres et marins, ces paysages colorés, se promettre au fond d’elle : « un jour, j’irai là ». Komodo bordel. Non seulement j’y étais, mais j’y reviendrai pour plonger ! Donc en fait je peux carrément écrire : j’ai réalisé un rêve de gosse !

J’ai tenu un budget (genre, vraiment !!!)

J’ai assimilé 600 pages de cours théoriques

Je suis devenue Divemaster PADI. 

J’ai arrêté d’être nulle en maths

J’ai lu 4 tomes d’Outlander (je te remercie pas Diana Gabaldon) (mais en fait si, parce que c’était chouette à lire, et ça m’a remotivée à écrire).

J’ai pas bu une goutte d’alcool tout en prenant des apéros et en faisant des restos très souvent…

J’ai écrit 4 Carnets de Sobriété pour mad, et d’autres articles à la volée

J’ai écris 62 billets de blog, and counting (il manque deux jours, quand j’étais malade sur la croisière, les jours 8 et 9. Mais j’ai écrit -1, -2 et -3…)

J’ai posé un point final à mon premier roman (disons la version « chasse à l’éditeur », en espérant en trouver un•e qui m’aidera à retravailler encore cette version) (ou me dire banco-j’achète, hein, je suis pas difficile).

J’ai fais des choix et des plans pour l’avenir, et j’ai commencé à bosser dessus.

Non, j’ai vraiment pas perdu mon été.

Et j’ai vraiment hâte de rentrer.
🙂

D. 53 La motivation (aussi) est un muscle qui se travaille

Il fait trop chaud.
Sérieux, j’ai pas d’endroit confortable où me poser.
Je sais pas par où commencer.
Je sais pas comment reprendre les corrections.
Et si j’ai pas d’idées ?
Je vais pas y arriver.
J’ai laissé passer trop de jours, je pourrais plus finir maintenant.
À quoi bon ?
Et si ça valait pas le coup, au fond ?

Le doute, c’est comme les grains de sable. Ça enrayerait les plus belles mécaniques de productivité. Mais quand il y en a beaucoup, c’est tellement confortable de rester vautré dedans.

Oui c’est long. Non je sais pas par quel bout le prendre. Mais j’ai un objectif : je veux finir ce roman. Je veux avoir une version « finale » qui ME convienne de A à Z. Que je pourrais publier en ligne sans repasser dessus.

Je suis pas écrivain, j’ai même pas d’éditeur ou d’éditrice pour me relire, me donner des conseils, des critiques, du feedback. Je fais avec quelques retours de potes, sans doute trop bienveillants, pas assez sévères. Je navigue un peu à l’aveugle, c’est vrai.

En fait, des excuses pour laisser ce projet en plan, bien au chaud dans un carton rangé dans le placard de mes aspirations, j’en ai plus qu’il n’en faut. Donc ce n’est pas en pesant le « pour et le contre » des efforts à fournir que je vais m’en sortir.

Tout ce dont j’ai besoin pour finir ce roman, et réussir le défi que je m’étais fixé, c’est de motivation. Juste ça.

Ben si, juste ça. J’aurais pas déjà écrit plus de 85 000 mots sur le sujet si je n’avais pas d’inspiration, pas d’envie, pas d’intérêt à écrire cette histoire. Donc inspiration, envie et intérêt : check.

Bref, des raisons de mener le projet à bout, j’en ai déjà. Quid des moyens de boucler, en revanche ?

Écrire, ça ne me coûte rien. Je ne peux pas plonger, donc je n’ai virtuellement rien à faire de mes journées (étant entendu que le soleil c’est Satan, donc j’vais pas me coller sur la plage en journée).

Le temps disponible : check. Et de toute façon, le temps, ça se prend. C’est une monnaie relative, on a dit !

C’est quoi, la motivation ?

Je crois que j’ai souvent cherché en moi la motivation comme si c’était une donnée : est-ce que cette idée me motive ou non ? Alors qu’en fait, c’est moi qui décide : à moi de me motiver (ou non) pour m’impliquer dans tel ou tel projet.

C’est juste un choix, tout simplement, au fond. Choisir d’allouer des ressources (notamment du temps) à ce projet plutôt qu’un autre. Choisir de focaliser son énergie et son attention sur ce projet, plutôt qu’un autre.

La motivation est une pondération du choix. Comme un super-joker, que je peux sortir à volonté pour dériver mes moyens sur le bon canal.

Avec de la motivation, tout coule, déroule, sans accroc.

Il a suffit que je m’y mette, ce matin. Que je me dise : c’est aujourd’hui. Soit je tue les deux prochains jours à me ruiner en 3G, actualiser mon fil Facebook alors que c’est le milieu de la nuit en France, soit j’ouvre ma dernière version, et j’en fais une nouvelle.

J’ai réécrit tellement de trucs dans le premier chapitre, et le plus fou, c’est que ça me venait tout seul. La motivation a cette puissance étonnante, de stimuler le corps et l’esprit à volonté.

La motivation de finir la course, même si j’vais faire un temps de merde et que je sens plus mes jambes. La motivation d’aller à cette conférence, même si c’est loin et chiant d’y aller. La motivation de m’atteler à cette tâche, que je ne fais que repousser.

C’est aussi un muscle qui se travaille. Au début, je lutte pour tenir ma planche pendant 30 secondes. Mes épaules s’affaissent, le dos me lance et mes mollets brûlent. Et puis, de 30 secondes par jour, on passe à 45, puis à une minute. Et ce qui me paraissait inatteignable est devenu une routine.

Tout ce que j’avais à faire, au début, était de rassembler la motivation de faire cette foutue planche tous les matins. Et ça finit par devenir une bonne habitude.

Je suis en train de relire le 18ème chapitre (sur 28). Il y a plus de taf sur la fin, donc j’aurais probablement pas fini demain.

Mais je vais finir. Parce que j’ai décidé de finir, parce que j’ai trouvé la motivation de finir.

D. 52 Un dimanche paresseux

J-8. Je m’étais dit que je ne ferai pas de compte à rebours, mais je peux pas m’empêcher à la rentrée, à mon retour, à la semaine qui est déjà en train de s’organiser de l’autre côté de ces huit prochains jours.

J’ai pondu plus de textes aujourd’hui qu’au cours du mois entier, sans compter ces posts de blog bien sûr, toujours un par jour. Sauf que je suis en train d’écrire le troisième du jour, que j’ai sorti 2 articles, 2 nouveaux posts pour le blog du Bira Dive Camp, et préparé ma trame d’interview de plongeuses pour une section que je veux lancer sur mon blog de plongée.

Pas trop mal pour un « sick day » comme on dit. On avait zéro client aujourd’hui, zéro réservation, donc les 3 filles et moi avons passé la journée à lézarder sur la terrasse, vautrées sur les banquettes, avec nos ordis.

Je suis sans doute en train de consommer mes dernières data 3G, mais je compte faire un dernier réapprovisionnement à 10€ (ce luxe) pour tenir amplement le reste de la semaine.

Demain, je reste à quai, je repose mon oreille, on verra si je replonge ou pas avant mon départ. Mais je ne perds pas mon temps face à la mer, avec ou sans Internet, je laisse glisser mes doigts sur le clavier.

Il me reste huit jours pour terminer ce roman, et tenir ma promesse. Chiche ?!

D. 51 The Captain with the right hand hook

So I’ve talked a while ago about my body being the stallion and my mind being the rider, and how I need to listen to my body as if I were riding a horse. That is, if I intent to go the distance. I could very well keep burning through my power, and see where that would get me.

Then I figured out that I couldn’t let my body dictate the terms either: if I indulge too much in resting, we’ll get used to moving slowly, and I can’t have that.

All in all, throughout this trip, I have finally managed to get my mind & my body to find a sort of balance between them. But there’s one more lesson I need to learn.

So I wasn’t at the top of my game today, which is the understatement of the year. I had been extremely tired the day before, and both my ears were ringing. When I woke up, the right ear (A-G-A-I-N) felt stiff, swollen, and painful.

I felt it coming though. It was already burning pretty badly the day before, but not yet painful. I am so used to discarding pain, that when I feel something is painful, it’s the sort of pain I cannot ignore anymore.

I guess I got that from the leg muscle-tear I got playing soccer when I was 10 years old. Because all the adults assumed that I was faking it because I hated soccer at school, they kept saying that I was faking it to get out of soccer practice. (I honestly don’t know how they got to this conclusion, since I had been playing soccer with my brothers all the time, and it was about THE ONLY SPORT I actually liked).

I guess I ended up telling myself that I was not really hurt, and I kept walking — or rather, limping on that injured leg for about 2 weeks. Until one morning, I couldn’t take it anymore. I sat up on the stairs of our house, and demanded to see a doctor, refusing to move until promised so. My dad said he would take me after school, so I limped another day on it, until finally, a doctor examined me.

What might have been a minor tear if treated & rested properly early on, had become a knee tendinitis, made worse by my constant limping on it.

3 weeks of rest left this knee weaker than the other for years.

I should have learnt then to take care of pain when it first manifests, but I was 10 years old. Instead, I learnt that if it’s anything serious, the pain will come back worse after I have discarded it.

And most of the time, biting through it combined with a little rest usually works. And if it doesn’t, I’m usually the only one to pay the price.

« Usually ». Well. I had to sit the day out yesterday, and we had 8 guests wanting to do a Try Dive. A fourth Divemaster would have been appreciated. Because I was unable to dive, the team had to divide the try divers in 2 groups, and do 2 rotations each.

It’s not the ear that hurt me most yesterday, although the lack of painkillers on the boat made itself sharply obvious. It’s the feeling that I’m letting the team down, and they have to handle double work because I’m out.

Try Dives can be really tough to monitor, because they tend to go up and down a lot, failing to equalise properly, or to maintain their buoyancy underwater. This very enthusiastic crew was no exception, and everybody’s ears were subjected to quite a strain. Twice.

And a third time that day, with 3 other Try Divers.

Helping out with equipment set up on the boat, rinsing and clearing out the gear was the least I could do that day, and it felt like not enough.

Not because the girls made me feel like I was letting them down (on the contrary), but because I felt like I could have avoided this situation by taking a day off earlier, when I first felt tired and strained.

I won’t be the only one paying the price anymore

I need to remember that I’m not the only one paying the price anymore. I may be paying the highest toll, but as long as I’ll be part of a team, it’s the collaterals I need to think of, not just my own stakes in the matter.

That lesson gets even more essential transposed to team captain, instead of just team member. Sure, I can be a captain with a right hand hook, even with a wooden leg and a glass eye.

But wouldn’t I be better at it if I kept all my parts, to the best of my ability? Doesn’t it make more sense to rest when I need to, instead of when I can’t handle it anymore?

Isn’t it easier to plan a day off, than to suffer through sick days, waiting for my body to be functional again?

I probably have an ear inflammation. AGAIN. I probably need to stay out of the water for a couple of days. AGAIN. Yet I barely have more than « a couple of days » left here, and 4 trials to complete, 2 of which underwater.

I need to accept 2 things about myself:

My mind is in far better shape than my body. I’m faster, smoother, sharper in my mind than with my body.

My mind can always negotiate a little extra energy, I can always persuade myself that « I’m OK ». I waited 18 hours with 2 broken wrists last year, before asking to go to a hospital. I should have known right away that this kind of pain meant that something WAS wrong. But no matter what my mind tells me, my body will always have the last word.

There really is no point in being a healthy, exercising, non-drinking vegan, if I keep ignoring the earliest signs of something going wrong.

I’m not talking about making a fuss every time I have an itch, I just need to stop ignoring the small signals my body sends me.

It’s like clicking « later » on the important updates pop ups on your computer: sooner or later, the thing shuts down and you have to wait out the installation of the 12 657 updates you neglected to download earlier.

I might have to leave this place without completing my Divemaster. It’s a dire price to pay for this lesson, but again, it’s one I really should have learnt by now. And one I really cannot afford to suffer through again.

…Worst case scenario, though: I’ll have to come back here to complete all of my trials.

— Saturday, August 27th

#CheatDay because, once again, I was too tired to be bothered to open up my computer.

D. 45 Est-ce que le temps joue pour ou contre nous ?

Bira Dive Camp est un oasis, posé sur une plage, au milieu d’une baie. Y a pas vraiment de route, de toute façon y a pas grand chose autour, y a pas vraiment de ville à proximité. Y a pas l’Internet, tout juste de la 3G (dieu merci), et y a pas d’horloge aux murs, nulle part.

Y a un seul miroir, au-dessus des « lavabos » du bloc sanitaire. Du coup, je me vois une fois par jour, au sortir de la douche (le soir, j’ai ma lampe frontale qui inonde le reflet).

L’horloge mesure le temps, le miroir me montre ses marques sur mon corps… À part mon épilation du sourcil qui se barre sérieusement en couille, il ne se passe pas grand chose sur ma gueule, en 45 jours…

45 jours. Je les compte pour éviter qu’ils ne m’échappent, mais ça ne marche pas : le temps passe quand même, à ses vitesses relatives et capricieuses.

L’heure et demi d’intervalle de surface qu’on passe sur le bateau entre deux plongées fait en réalité 10 minutes quand j’ai décidé de dormir, et 4 heures quand le vent bat la coque et siffle à mes oreilles.

Le temps gouverne, et je subis

Le temps en profondeur joue toujours contre nous. Plus je reste, moins j’ai d’air, plus j’ai d’azote dans les tissus, plus courte sera mon exploration, plus longue sera la remontée. Le temps gouverne, et j’obéis. Je subis ?

Et à la surface ? J’ai déjà réfléchi sur le temps pendant ce voyage, celui qu’on (ne) perd (pas) à réfléchir, mais aussi à sa valeur (Time is of the essence). Mais c’est une question complexe, et elle revient en ce 45ème jour, parce que le temps qu’il reste vient de reprendre une dimension concrète : deux semaines.

En deux semaines, est-ce que je vais réussir à boucler mon Divemaster ? Il me reste tellement d’épreuves physiques et de tests à compléter… Il y en a pour plusieurs jours entiers, et il va falloir jongler avec les plongées pour les clients.

Et je voudrais vraiment boucler mon roman, auquel j’ai pourtant pas touché depuis ma promesse de m’y remettre. J’ai une infinité d’excuses, entre ma crève, la théorie à se coltiner, les plongées, ma fatigue profonde après, j’ai faim et j’peux pas manger quand je veux, j’arrive pas à me concentrer le ventre vide.

Je subis.

Comment ne pas subir le temps qui passe ?

Ça m’obsède un peu, cette question. J’ai pas peur de vieillir, mais j’ai peur de passer à côté de ma vie, comme une vache regarde passer le train. Je ne veux pas être baladée par les flots de l’existence, je veux faire quelque chose de ce temps imparti, dont j’ignore la durée.

Ne pas subir, c’est choisir. J’avais écris cette phrase, une année, dans mes bonnes résolutions (2008, de mémoire — yep !) :

« C’est étonnant, un choix. Certains sont morts pour permettre aux générations futures de l’avoir, d’autres se tuent pour ne pas avoir à en faire.

On hurle et se plaint quand on ne l’a pas, et par moments, on préfèrerait ne pas l’avoir. En fait, on n’y échappe pas.

Si pour avancer dans l’espace, il faut mettre un pied devant l’autre, chaque mouvement qu’on fait dans le temps est un choix.

Tourner à droite, rentrer chez soi, partir, revenir, choisir ses amis, son école, ses études, choisir un nom pour son poisson rouge, un mot de passe pour sa boîte mail, choisir ses mots quand on parle, choisir d’entendre sans écouter, choisir d’aller, ou de rester. Choisir entre poulet ou poisson, entre le vert et le bleu, entre colère et pardon.

Tant de choix qu’on fait sans s’en rendre compte, et d’autres qui nous coûtent chaque fibre de volonté.

Je sais que je déteste choisir, sans doute autant que j’aurais haï vivre sans avoir le choix. Ce paradoxe me rend folle de rage à chaque fois que je me retrouve sur la corde raide devant cet éternel problème, qui porte en lui-même sa solution : le choix »

« Chaque mouvement qu’on fait dans le temps est un choix »

C’est ça, la solution, n’est-ce pas ? Les choix. Pas les grands choix de vie, qui filent le vertige et la nausée, et de toute façon je ne crois pas aux grands carrefours, comme si « prendre à droite » ce jour-là allait bouleverser mon existence. De 1, c’est déjà suffisamment balèze de faire des choix sans avoir la pression supplémentaire de se dire : ce choix va changer ma vie.

De 2, je pense qu’on peut toujours re-prendre un embranchement plus tard, changer de voie, recommencer, et qu’un choix n’est jamais aussi dramatique qu’il se présente. Parfois, j’aimerais qu’il le soit davantage, les gens ne choisiraient plus aussi légèrement de manger de la viande s’ils mesuraient réellement les conséquences de leur choix à chaque repas.

Faire des choix, ça se travaille

En 2008, j’étais torturée par le choix… En 2016, ça va beaucoup mieux. Qu’est-ce qui a changé ? J’ai arrêté de considérer tous les choix que je suis amenée à faire comme des pièges qu’on me tend, comme s’il y avait une mauvaise réponse ou une mauvaise option.

Un choix, c’est un mouvement dans le temps. Mais le temps n’est pas linéaire (vu que j’ai établi qu’il était relatif !). Donc choisir, c’est LE moyen que j’ai d’agir sur le temps, avec le temps.

Si je voulais vraiment terminer mon roman, j’enverrais bouler ma formation divemaster. Merci les meufs (car toutes les plongeuses sont des meufs, meilleur camp de plongée du monde), c’était fun, mais finalement je suis pas si intéressée que ça pour obtenir mon diplôme cet été, je préfère finir mon roman en continuant à profiter de ce cadre paradisiaque, et à plonger de temps à autres pendant ces deux dernières semaines.

Si je voulais vraiment obtenir mon divemaster, je me débrouillerais pour passer toutes les épreuves le plus vite possible et en être physiquement débarrassée en 4-5 jours. Et me dégager plus de temps de repos. Quitte à suspendre ce journal de bord.

Si je voulais vraiment écrire plus, progresser dans mes brouillons en cours, je m’aménagerais ce temps quotidien.

Et si c’était aussi simple que ça, de maîtriser le temps ? En faisant des choix.

Et si c’était aussi simple que ça, de prendre les commandes de sa vie ? En faisant des choix. Ses propres choix.

La différence entre agir ou subir, c’est pas le pouvoir qu’on a ou pas, les capacités, les possibilités, ce ne sont pas des éléments extérieurs. Ce sont nos choix, et notre propension à les fuir ou à les assumer. (À peu près Dumbledore, au passage).

La différence entre les résolutions que je tiens et celles que j’abandonne, c’est un choix. Entre les projets sur lesquels je m’investis et ceux que je délaisse, c’est un choix.

La différence entre la personne que j’étais et celle que je suis devenue, c’est une succession de choix. Et le premier d’entre eux, c’était la volonté de changer.

Alors, est-ce que le temps joue pour ou contre nous, dans la vie ? Ça dépend, meuf. C’est toi qui choisis.

All My Days

Oh, et le son du soir : Alexis Murdoch, All My Days.

Well I have been searching all of my days
All of my days
Many a road, you know
I’ve been walking on
All of my days
And I’ve been trying to find
What’s been in my mind
As the days keep turning into night

Well I have been quietly standing in the shade
All of my days
Watch the sky breaking on the promise that we made
All of this rain
And I’ve been trying to find
What’s been in my mind
As the days keep turning into night

Well many a night I found myself with no friends standing near
All of my days
I cried aloud
I shook my hands
What am I doing here
All of these days
For I look around me
And my eyes confound me
And it’s just too bright
As the days keep turning into night

Now I see clearly
It’s you I’m looking for
All of my days
Soon I’ll smile
I know I’ll feel this loneliness no more
All of my days
For I look around me
And it seems you’ve found me
And it’s coming into sight
As the days keep turning into night
As the days keep turning into night
And even breathing feels all right
Yes, even breathing feels all right
Now even breathing feels all right
It’s even breathing
Feels all right

D. 42 Est-ce que la nostalgie se dissipe avec le temps ?

Je me suis laissée surprendre par la nuit. Il est plus de 21h, mes paupières sont lourdes et mes épaules endolories. J’ai couru ce matin, nagé cet après midi (cette bullshitteuse d’oreille se comporte normalement), j’ai animé une journée d’exam et de tests pour 2 débutants… Et j’ai fini par me poser un peu.

Au crépuscule, la lune a volé la vedette. L’énorme sphère dorée s’est levée comme un soleil éteint, au beau milieu d’un ciel pastel, doux comme les reflets de nacre du sable blanc, tiède entre mes orteils.

Je suis restée longtemps les pieds dans la caresse de la marée descendante, à écraser les ondes dessinées par la fuite de l’eau sur le sable trempé. Sous la lune.

Un soir comme celui-ci appartient à ces jours frappés d’éternité. On ne les emportera pas au Paradis, car il en regorge déjà.

J’ai pas d’inspiration, ce soir. Ou plutôt, j’ai trop d’inspiration. C’est le bordel. J’ai pas envie de démêler les noeuds. J’ai passé la soirée étrangère aux conversations, mais baignée de l’ambiance chaleureuse de la terrasse cosmopolite (mais très française ce soir).

Avant, j’aurais bu un verre. Ou plusieurs. Désormais, je laisse les émotions infuser, et m’envelopper. Je n’ai plus peur de les ressentir dans toute leur intensité.

Élucubrations au crépuscule

Est-ce que la nostalgie se dissipe, plus le temps passe ? Est-ce qu’on arrête de se languir du passé quand on commence à se réjouir du futur ? Est-ce que je serais moins nostalgique si je pouvais prédire l’avenir ?

Est-ce vraiment le passé que l’on regrette, ou le confort de la certitude d’un monde connu, face à l’excitation mêlée d’angoisse des lendemains indécis, flous, indéterminés ?

Un peu tout ça, peut-être. J’ai la sensation d’être en train d’écrire et de tourner une page de ma vie, en même temps. Je suis fière et gonflée de nostalgie en regardant derrière, fière et gonflée d’envie en regardant devant.

Au fond, j’ai déjà le pouvoir de prédire l’avenir, en mieux : j’ai celui de le construire, le façonner selon mes envies. Je pense que la nostalgie grandit avec le temps, chez les gens qui subissent leur existence. Plus j’avance, et plus j’agis, moins je regrette ces moments qui me faisaient rêver à mettre ma vie sur pause, pour en profiter plus longtemps.

Est-ce que le bonheur a toujours un arrière goût d’amertume ? Peut-être. Comme ces mets raffinés qui écoeurent à l’excès, mais ravissent dans l’exception.

Ce soir, je me prélasse dans la perfection de ces instants, fruits du hasard et de la vie que je me suis construite. Un choix à la fois, au gré de mes inspirations.