D. 49 It’s the details that will throw you off your game

Chances are, I won’t ever drop in the water for a dive forgetting my tank. And even if I did, there would be someone to point out the problem. It’s not the big, obvious mistakes you’ve got to worry about. You know the drill, you run the show, this is not a challenge. But it’s the details that will throw you off your game. A grain of sand grinding a smooth mechanic of well shaped habits.

I’ve been diving here for a little over 3 weeks, so focused on working on my leadership skills, improving the way I divide my attention between finding interesting stuff, and keeping an eye on my divers.

Because I’ve been carrying extra-weight most of the time, in case a diver needs some extra during a dive, I’ve neglected my own balance in the process.

Three weeks. And I’ve let this issue completely under the radar, not noticing its impact on my general behaviour underwater.

When I was practising how to properly demonstrate skills underwater with Laura, I was thrown off balance so often it became frustrating. I could not complete a sequence properly, when I had to struggle just to keep kneeling straight at the bottom.

Laura suggested that I added some weight next time, and I did, this morning, when I had another go at the exercice, this time in front of an actual student.

Granted, the conditions were not ideal, because the current was much stronger. But again, I struggled to keep my balance, and failed multiple times, constantly falling forward.

Once you know it, it becomes obvious

Needless to say, I wasn’t at all satisfied of my performance this morning. Once out of the water, Laura pointed out the problem to me:

« You need to wear your weight at the back. Not in the front. This is why you keep falling forward ».

So I was wearing the right amount of weight, just not in the right place. Of course, once she had pointed it out, I couldn’t believe how I had not seen it myself. I’m wearing all 3.5 kg at the front of my belt, and the extra kilo in the side pocket, also forward. Nothing cancels out the upward pull of the aluminum tank strapped to my back.

THIS IS WHY I’M FALLING FORWARD ALL THE TIME LOL. How did I not see that? For THREE FREAKING WEEKS???

Because it’s the details that will throw you off your game. The ones only an expert eye can see, the ones that creep up on you through « the habits that kill », the ones you can only get rid of by performing rigorous checks and asking yourself the right questions.

About those damn « habits that kill »

Interestingly enough, I did identify the source of the problem: it’s through what I’ve called « a habit that kills » that I came to wear my weights on the front, without even questioning why I always wear them there.

I am used to dive with a steel tank, which are shorter and denser than aluminum tanks. This is why I usually wear weights on the front, to avoid getting the weights pressed against my spine by the tank.

But when diving with an aluminum tank, I should have questioned this habit. It’s not the comfort that drives the decision, it’s the balance issue. Had I thought about that, I would have realised that I was wearing my weight on the wrong side.

But I didn’t. Force of habit. And I blamed external elements for my failure to master proper balance at all times.

Lesson one: you probably have the key to correct your own failure

So, two lessons must be learnt out of this experience: the first, is that I should look into my own behaviour for mistakes & potential improvements BEFORE blaming the elements or any outside influence.

It’s always so tempting to try and find an outside explanation for failure, even the little ones. But this is a dead end, when it comes to self-improvement. So what if the current was, in fact, making it difficult for me to keep my balance? Laura was managing perfectly. So it was achievable.

Lesson two: it’s the details that’ll throw you off your game

The second lesson, is the next step to follow from the first one: pay attention to details. It’s unlikely I’ll make a huge obvious mistake, with no one around to point it out to me. But I will look past an intermediary checkpoint, I will forget about the little things that pave out the way to perfection.

As my 11th Grade Drama teacher used to have us repeat every day:

« Excellence consists in doing ordinary things extraordinarily well »

You can hop on one leg while taking care of other people’s problems, because they matter more at the moment. But when your other leg gives way from exhaustion, a fat lot of good it’ll do you if you’re falling down too.

I should not have overlooked my balance issue for this long. When I really needed to be on my A-game, I couldn’t bring it. Worse, I couldn’t even figure out WHY I couldn’t bring it.

I learn a great deal from my failures, especially the smallest ones.

I moved the weight to the back of my belt for this afternoon’s dives.

My life underwater has just become a whole lot easier. Funny how much influence those little details can have…

D. 44 Good Leadership Takes Practice

Hier matin, Laura (mon instructrice) m’a laissé gérer les deux plongées de la journée. À charge pour moi de faire le briefing pré-plongée, de prendre toutes les décisions de la mise à l’eau à la remontée, et bien sûr, de guider la plongée.

Avec une seule plongeuse à bord hier, le challenge n’était pas le nombre, mais bien le rôle.

C’est dur, d’incarner le leadership. Il faut inspirer confiance, en démontrant de l’assurance. Il faut inspirer de la sympathie, en démontrant de l’humilité. Il faut être solide sur ses appuis, sans donner l’impression d’être bornée.

Il faut prendre des décisions, il faut remporter l’adhésion du groupe pour que ces décisions soient suivies. Il faut assumer les conséquences des problèmes qui surviennent, qu’ils découlent d’erreurs ou de circonstances, qu’on en porte la faute ou non : on en porte néanmoins la responsabilité.

Il faut être humain avec la force d’un être invincible, rester humble comme si le destin pouvait nous faucher demain.

Et de fait, en plongée, une erreur, un problème, peuvent avoir des conséquences dramatiques.

Leading takes practice…

Alors hier matin, même si je n’avais qu’une seule plongeuse à encadrer, plutôt expérimentée (50 plongées, Advanced), le défi était de taille.

Aujourd’hui, on a remis ça, mais avec 2 plongeurs Advanced, sur deux plongées supplémentaires. Mais cette fois-ci, Laura m’a laissée en charge de toute l’organisation, y compris l’accueil des clients, l’équipement, les formalités administratives, la vérification des certifications, bien sûr le briefing et toute la gestion de la plongée.

— Quelques notes à moi-même au sujet
du leadership et de ses challenges —

Confiance, sincérité et écoute de l’autre = la base

Ta confiance en toi doit être sincère, pas gonflée artificiellement. Ça sert à rien de se montrer plus sûre que l’on est, ça ne fait que renforcer la méfiance et le doute de l’autre.
Un bon moyen de le vérifier, c’est ma capacité à ressentir le niveau de stress de mon interlocutrice.

En l’occurrence, mon premier briefing était dans l’over-assurance. Je récitais dans ma tête les points obligatoires, les débitant avec la confiance d’une hôtesse de l’air qui démontre les règles de sécurité pour la 12 657ème fois de sa vie.

Ce n’est qu’au moment où je suis sortie de « mon personnage » pour demander à Laura si je n’avais rien oublié d’essentiel (spoiler alert : j’avais oublié un truc essentiel) que j’ai remarqué que ma plongeuse écoutait mon échange « stagiaire-prof » avec la même attention religieuse que mon briefing… Et j’ai percuté : stress.

En fait elle avait peur des requins, elle n’en avait jamais vu en plongée, et on était au bien nommé « Shark Point ». Et elle n’était jamais descendue à plus de 25m, alors que je venais de lui annoncer 30m en profondeur max.

Bon. Je lui ai demandé si elle était stressée, et elle a répondu oui. Donc j’ai mis en place avec elle des signes pour qu’elle puisse me dire sous l’eau « je veux remonter un peu » et « stop je veux sortir de l’eau » pour éviter une panique.

J’ai vu dans son comportement que ça l’a considérablement détendue : elle avait désormais les moyens de désamorcer des situations la mettant potentiellement mal à l’aise.

Et j’ai percuté que si j’avais pas cherché à dissimuler mon manque criant d’expérience dans l’art du briefing en tentant d’apparaître bien plus confiante que je ne l’étais, j’aurais chopé son stress plus tôt, et adapté mon briefing en conséquence.

Et en prime, ça aurait boosté ma confiance à moi, de me retrouver en face d’une personne qui s’en remet à moi pour assurer sa sécurité, plutôt que de me dire « c’est une plongeuse expérimentée, elle va me juger si je me plante ».

Je propose de ne plus me préoccuper à l’avenir des « on va me juger SI », et de gérer le problème du jugement si et quand il se présente. #NoteToSelf

Calme et sérénité permettent de multi-tasker en paix

Mise à l’eau, on descend, et là, les ennuis commencent. Je dois :

  • accompagner la descente de mon élève
  • repérer et gérer ses (éventuels) problèmes (elle avait des cheveux dans son masque, qui causaient des fuites)
  • toujours être plus bas, et devant elle…
  • …mais rester assez proche pour intervenir en cas de problème
  • surveiller mon profondimètre pour pas dépasser la profondeur max
  • surveiller le décompte de mon temps avant paliers de décompression (pour ne pas choper de palier)
  • surveiller ma consommation d’air
  • surveiller sa consommation d’air en lui demandant régulièrement…
  • …mais pas trop souvent non plus pour pas la saouler
  • gérer nos efforts respectifs vis-à-vis du courant
  • ET trouver des trucs à lui montrer planqués dans les coraux
  • ET surveiller le bleu des fois que des gros trucs passent
  • ET gérer l’orientation générale de notre progression

…Et tout ça c’est dans la phase zen, après on embraye avec la remontée.

Donc que s’est-il passé dans les premières dix minutes ? J’étais débordée. Je chéckais tout en boucle, sans retenir ce que je voyais, et j’ai eu mal au crâne. LA PRESSION, mais pas celle de l’eau, lol.

Ça sert à rien de tout faire en même temps, et bloquer mon cerveau en mode « HIGH ALERT » ou « VIGILANCE CONSTANTE » ne me rend pas plus efficace, au contraire : ça m’épuise. Ça me pompe l’air, littéralement. J’ai jamais consommé autant en dix minutes.

Bref. Stop. Respire. Relax. Zen. Et on reprend.

Et en fait, en mode « ZEN », j’ai trouvé une séquence pratique qui me permet de combiner toutes mes tâches dans un ordre logique, et efficace.

Est-ce que c’était si difficile ? Non. J’ai remis ça cet après-midi, pour ma 4ème plongée en guide, avec ma palanquée de deux plongeurs et mon instructrice. J’ai mené le groupe dans le plus grand des calmes, malgré plusieurs difficultés qui m’auraient sans doute stressée la veille :

  • descente très lente car mon oreille droite passait mal
  • je ne connaissais pas DU TOUT le site, première plongée dessus
  • ma palanquée comprenait un photographe, pire espèce de plongeurs à encadrer, vu qu’ils s’arrêtent douze plombes pour prendre des photos
  • j’ai flirté avec ma limite de décompression sur la fin, mon ordinateur étant visiblement beaucoup plus pénalisant que celui de Laura.

C’est fou ce que j’arrive à gérer quand je ne m’autorise pas à stresser, mais que je me concentre uniquement sur la gestion du ou des problèmes à anticiper, éviter ou résoudre.

Je me propose de ranger le stress dans la boîte à énergie, à vidanger quotidiennement par le sport, par exemple. #NoteToSelf

Listen & Learn : les deux ailes du succès

Pour être honnête, je pratique déjà cette philosophie, mais je me la répète ici pour bien continuer à l’inclure comme l’un des piliers essentiels de mon leadership.

C’est pas écrit dans les bouquins de théorie, parce qu’on peut pas savoir à l’avance sur quel type de plongeurs on va tomber, s’ils aiment le macro, le micro, le bleu, le fond, le courant,… S’ils sont à l’aise, nerveux, s’ils veulent se laisser guider ou si ça les fait chier parce qu’ils aiment l’autonomie, s’ils consomment beaucoup ou pas, s’ils sont susceptibles au stress et à la panique…

C’est pas écrit. Je peux en deviner une partie, mais surtout, je peux leur parler. Je peux leur demander ces informations. Je peux les écouter, quand ils parlent entre eux, quand ils posent des questions. Je peux leur poser des questions, la façon dont je les pose, la façon dont ils répondent me donnent d’autres informations.

Je peux les écouter quand ils me donnent du feedback, quand des gens plus expérimentés me racontent leurs faits d’armes, lorsqu’ils me donnent des conseils ciblés. Quand des gens moins expérimentés me font un rapport d’étonnement, me posent des questions « naïves » en apparence, mais pertinentes au fond.

L’information est un flux constant, à moi d’en tirer le nécessaire et l’utile, et de l’alimenter pour ceux qui y puisent aussi leurs ressources.

Je propose de continuer à considérer les gens qui m’entourent comme des ressources, une mine d’information, et jamais comme des pions à gérer. Respecter et prendre en compte leur individualité n’est pas seulement la clé d’un management safe et épanouissant pour tout le monde, c’est aussi une garantie d’enrichissement et d’amélioration continue pour moi.

Les gens qui réussissent ne réussissent jamais seuls. #NoteToSelf

…Oublie pas de kiffer

J’ai failli oublier. Et pourtant, ça aussi, c’est un essentiel du leadership. Je ne suis pas un martyr. J’ai pas perdu à la courte paille. J’ai choisi d’être là, j’ai choisi d’assumer cette responsabilité, parce que JE KIFFE ÇA.

C’est fucking grisant d’être à la barre, d’avoir face à moi des gens qui écoutent mes consignes, parce qu’ils savent que c’est la clé d’une plongée zen et cool.

Et même si j’ai une sacrée part de cerveau investie à anticiper et gérer les problèmes des autres, quand je suis en équilibre dans le bleu, je suis dans le kiff absolu.

C’est dur, c’est stressant, y a de la pression, y aura des défis que j’imagine pas encore, y aura des attentes, des décisions difficiles à prendre, de l’autorité à démontrer et à faire respecter, ce sera pas toujours facile au quotidien, je sais.

Mais j’ai choisi ça parce que je kiffe. Je ne risque pas de l’oublier.

…Mais juste au cas où : meuf, n’oublie pas de kiffer. #NoteToSelf

Le leadership, ça demande de l’entraînement, de l’expérience. Mais j’ai déjà des bonnes bases, il me semble.

D. 39 Midnight Summer Bliss

La lune est presque pleine. Et ce soir, comme le ciel était clair, la lumière était telle que la plage était blanche. Le sable était tiède, et ma peau étrangement caramel sous la caresse de l’astre. Comme un néon blafard sur une carte postale.

C’est le bordel dans ma tête, ce soir. Alors j’ai pris quelque minutes pour faire le tri, vider le bruit, garder l’essentiel.

Mais ce soir, rien. Tout va bien.

On est allé dîner en ville. C’est-à-dire qu’on s’est réparties à 2 par scooter, et qu’on est allé se poser dans un « warung » de Bira. Un jus d’ananas frais, du tofu frit, de la sauce piquante et un émincé de légumes dans leur bouillon (Cap-Cay), le tout pour 45 000 Rp : 3€.

Parfois j’oublie que je suis au bout du monde, et que des moments comme celui-ci feront des souvenirs à collectionner.

Je me suis rappelée des Français qu’on a eu la semaine dernière, de leur putain d’arrogance, de leur mépris envers les Asiatiques, et vous savez pas ce que vous perdez.

Je me suis demandée, face à la mer, ce que je répondrais aujourd’hui à THE question de recruteur, de type ma plus grande qualité/mon plus grand défaut. (J’ai prévenu que c’était le bordel dans ma tête).

Je sais plus. Ma plus grande qualité, professionnellement, j’aurais dit ma capacité d’adaptation. Ma capacité à ne jamais m’avouer vaincue, battue, dépassée, ne pas être acculée dans une impasse, mais toujours retirer quelque chose d’une situation. Et je dirais que j’ai depuis renforcée cette qualité, en la doublant de mon rapport aux autres : avant, je cherchais souvent à m’en sortir seule. Les autres étaient une solution d’opportunité. Mais depuis quelques mois, et surtout depuis ce voyage, j’ai changé d’état d’esprit à ce sujet. L’équipe. Je suis encore plus performante en équipe.

Mon plus grand défaut, il y a encore quelques semaines, j’aurais dit mon impatience. Mon incapacité à être satisfaite du timing, quoiqu’il arrive. Soit j’ai pas assez de temps pour faire ce que je veux, soit les fruits seront mûrs dans trop longtemps.

Mais cette réponse appartient à l’époque où mon rapport au temps était conflictuel. Ce n’est plus le cas. Je sais que ce n’est plus le cas, parce que j’ai déjà perdu le compte des jours que je passe à terre. Ça m’aurait rendu folle il y a encore quelques semaines. J’aurais compté les heures avant ma prochaine plongée. J’aurais souffert de chaque minute non investie, non employée, non rentabilisée.

Je ne joue plus contre la montre. Le temps n’est plus une contrainte ni un obstacle, c’est une donnée. C’est neutre. Je ne maîtrise pas. Je fais avec.

Alors, c’est quoi mon plus grand défaut ? Je cherche. C’est important pour moi, de connaître mes faiblesses. J’aurais tôt fait de me rappeler mes forces sitôt lâchée dans le champ de bataille.

Mais mes faiblesses me prendront par surprise si je ne tiens pas ma garde.

Je cherche.

PS : ça fait trois nuits de suite qu’un animal se balade dans ma chambre quand j’éteins la lumière. Hier, il a fait vaciller le spray posé sur ma table de chevet, et ce soir, il y a carrément tout renversé (j’étais sortie). J’arrive pas à le choper en flag donc je sais pas ce que c’est…

Mon niveau de chill atteint des sommets. Mon moi d’une autre vie aurait déjà pâli d’angoisse et failli, rien qu’à l’évocation de pareille situation.

Demain, je coache deux jeunes Brits pour la théorie de l’Open Water (débutants zéro). Back to business, parce que même au sec, je peux partager ma passion.
🙂

D. 38 Learning from mistakes

Il faut apprendre de ses erreurs. Je suis rarement aussi péremptoire dans mes introspections, mais celle-ci est une leçon que je voudrais voir enseignée avec la même insistance que le théorème de Pythagore. Elle servirait bien plus souvent, d’ailleurs.

La leçon qu’on peut en tirer est parfois (souvent ?) le seul et unique bénéfice à récupérer d’une erreur. Alors si on ne va pas l’extraire, si on se contente d’enregistrer un échec, c’est un double échec qu’on devrait prendre en compte.

Si on apprend pourquoi on s’est planté, comment ne pas reproduire l’erreur, ça peut même devenir un zéro échec : la leçon est finalement plus importante que le résultat qu’on espérait atteindre.

Les erreurs ne sont pas des échecs tant qu’on en tire quelque chose

Je m’en fous de faire une, trois, cinq ou douze fautes à un QCM. L’essentiel est que j’imprime, que je grave dans le marbre de ma mémoire les réponses aux questions qui m’ont posé problème, lorsqu’il s’agit de notions essentielles.

Je fais ça depuis si longtemps que j’ai oublié que ce n’était pas naturel pour tout le monde. Mais je ne me vois pas exercer une position d’instructeur, d’enseignant, de « coach » sans être capable de transmettre en premier lieu cette leçon essentielle : les erreurs ne sont pas des échecs tant qu’on en tire quelque chose. Un feedback. Un principe. Une méthode. Une leçon. Une expérience.

Comment apprendre de ses erreurs ?

J’ai récemment découvert que le meilleur moyen de transmettre quelque chose était de raconter mon propre cheminement.

Comment je suis passée de la peur de l’échec à l’analyse froide et dépassionnée de mes erreurs ?

Tout est dans le « dépassionné », justement. Pour pouvoir apprendre d’un événement, il faut en détacher la charge émotionnelle. Fuck, j’ai merdé. OK. Est-ce que quelqu’un est mort ? Non ? Bon, on va s’en remettre assez rapidement, donc.

Je trouve qu’on se libère assez facilement de la charge émotionnelle d’une erreur en allant rapidement vers la question : « pourquoi » ?

Cinq « Pourquoi » ?

Qu’est-ce qui a merdé ? Que ce soit exclusivement de ma faute, ou pas, ou partiellement, ça n’influe généralement que très peu sur la réflexion : « pourquoi » ?

J’en décline plusieurs. Au bout de cinq « pourquoi », on arrive généralement au fond du problème, et au passage, par déterminer les parts de responsabilités. Mais comme ce constat intervient après avoir éliminé la charge émotionnelle, c’est abordé beaucoup plus sereinement.

En 5 pourquoi, j’arrive à déterminer que si je suis ENCORE clouée à quai pour la troisième fois en un mois, c’est parce que je n’ai pas pensé à prendre en compte les conditions tropicales pouvant donner lieu à des problèmes d’oreille. Ma faute, j’ai omis de me préparer à une éventualité pourtant probable : celle de choper des micro-organismes capables de m’attaquer le tympan. [DISCLAIMER : tout va bien, hein. Je suis sous antibio + gouttes, c’est juste saoulant d’être encore une fois cloîtrée à terre. Mais les conditions météo actuelles font que personne ne plonge de toute façon, donc bon.]

« Comment » ?

Après les pourquoi, vient le temps des comment. Ok, j’ai compris l’enchaînement de facteurs et de faits qui ont généré mon problème, comment il s’est produit, je réfléchis alors à comment éviter qu’il ne se reproduise.

(Déjà, on parle de « problème », et plus « d’erreur ». Sans la charge émotionnelle, il ne reste que le substrat de l’erreur : c’est souvent un, ou plusieurs problèmes.)

C’est le moment d’identifier plusieurs étapes : la prévention, l’évitement, la résolution.

La prévention

La prévention consiste à réfléchir à toutes les mesures, actions, questions qui doivent être posées en amont d’une situation, pour empêcher l’apparition/ la formation du problème. Dans mon cas, il s’agit d’une liste de questions que je dois poser à mon médecin ORL certifié plongée, et de récupérer une ordonnance adéquate en amont de mon prochain voyage plongée. Easy peasy.

L’évitement

L’évitement consiste à réfléchir aux contingences, aux « plan B », à toutes les mesures, actions et décisions à prendre lorsque les premiers signes d’apparition du problème sont présents. On peut encore l’éviter, mais sans doute déjà plus l’empêcher.

Dans mon cas, il s’agit de la routine de soin appropriée contre les infections tropicales (clairement pas maîtrisée avant la première otite), ajoutée aux premiers soins à administrer dès les premiers symptômes (pas maîtrisés lors de cette deuxième occurence).

La résolution

Enfin, la (ou les) résolution(s) consiste(nt) à planifier les issues de secours, dans le cas où malgré nos mesures de prévention et d’évitement, on se retrouve confronté au même problème.

Je crois qu’il n’y a pas de baguette magique contre les otites, mais la moindre des choses, c’est d’avoir avec moi le traitement approprié, et ne pas dépendre de médecins locaux avec lesquels la communication est limitée, ni de médicaments dont je suis incapable de lire la notice d’utilisation [DISCLAIMER: not the case here]

Pas de destin, pas de fatalisme

Le but de ce processus d’apprentissage, c’est de lutter contre le fatalisme, et la spirale de l’échec. À analyser ses problèmes et ses erreurs, on évite de s’auto-convaincre que le destin joue contre nous. On évite de se laisser déposséder de ses capacités d’action, en se laissant convaincre qu’on n’y peut rien, contre les coups du sort…

Apprendre de ses erreurs est une base de l’empouvoirement, pour moi. C’est reconnaître et apprivoiser mon propre potentiel, estimer mes capacités à leur juste valeur, voire taper un peu plus haut (parce que j’ai toujours tendance à me sous-estimer).

On peut toujours apprendre. Les erreurs nous fournissent des leçons qui ne figurent pas dans les livres. Elles sont le feedback de l’expérience.

Elles sont trop précieuses pour être jetés dans la fosse aux échecs, abandonnées à mariner dans les regrets. Car Dieu sait que cette soupe est indigeste…

D. 36 Les habitudes qui tuent et les habitudes qui sauvent

Depuis le début de ma croisade contre les habitudes (jour 13, Force of habit), j’ai continué à réfléchir à ce qu’elles apportent VS ce qu’elles coûtent. Et j’en suis arrivée à la conclusion qu’il y a deux types d’habitudes : celles qui sauvent, et celles qui tuent.

Les habitudes qui sauvent, c’est le clic de la ceinture de sécurité, le tac-tac-tac-tac c’est bon j’ai mes clés, c’est le code de la CB, c’est vérifier la pièce jointe avant de cliquer sur envoyer. C’est tourner l’ouverture de la bouteille avant de mettre le bras dans le gilet. C’est regarder à droite, à gauche et puis à droite avant de traverser. C’est se relire avant de cliquer sur « envoyer ».

C’est les automatismes qui ne coûtent rien comparé aux drames qu’ils évitent.

Les habitudes qui tuent, c’est le « je connais la route par coeur », le « je pourrais m’équiper les yeux fermés ». Ce sont les mots qui viennent tous seuls parce qu’on écrit toujours les mêmes, les gestes qu’on fait sans y penser. Ce sont celles qui font que les jeunes singes agissent comme les vieux singes, sans se poser de question. C’est du goudron qui nous englue les plumes.

Les habitudes qui tuent sont celles qui n’ont pas de sens, juste l’illusion de la sécurité, maquillée en confort. C’est « si les clés ne sont pas sur le tableau, c’est qu’elles sont dans ma poche », parce que ça coûte moins d’effort de jeter un coup d’oeil que de tâter sa poche.

Les habitudes qui tuent endorment, les habitudes qui sauvent économisent de l’énergie sans compromettre la sécurité, la performance, la productivité, la créativité.

Ta réunion quotidienne ou hebdomadaire est une habitude qui tue si c’est juste une coquille vide, un RDV fixe qui existe parce qu’on le respecte. C’est une habitude qui sauve si elle sert à re-dynamiser une équipe comme la marée qui monte.

Tes TOC sont des habitudes qui tuent si tu sais plus pourquoi tu fais le tour de la cuisine avant de sortir de chez toi. C’est une habitude qui sauve si tu sais que tu vérifies l’état des plaques de cuisson et du robinet avant de t’absenter.

Voilà la clé de mon grand ménage : éliminer les habitudes qui tuent, et développer les habitudes qui sauvent.

Après deux semaines passées à plonger tous les jours, je pourrais m’équiper les yeux fermés. Mais est-ce que j’ai envie de me jeter à l’eau avec un équipement mis en place « par habitude » ?

Et comment je fais pour éviter que ça devienne une habitude ? C’est assez facile, au fond : je ne retiens pas les gestes, je retiens les raisons.

  • Faut que je flotte –> état de la stab (toutes les boucles)
  • Faut que je coule –> mes poids sont-ils bien en place ?
  • Faut que je voie –> Où est mon masque ?
  • Faut que je respire –> bouteille ouverte, détendeur fonctionnel, état de la réserve
  • Faut que je sache où j’en suis –> ordinateur
  • Faut que je me déplace –> palmes

Voilà. Pourquoi je fais les choses, ça peut pas devenir une habitude. Même si je fais la même chose tous les jours, plusieurs fois, je me rappelle à chaque fois : pourquoi je le fais.

Et ça, c’est une habitude qui sauve.

D. 34 L’envie et le besoin d’apprendre, ça s’apprend ?

Comment et pourquoi on apprend ? Je me suis fait la réflexion par 18 mètres de fond ce matin, en encadrant un couple de Belges, certifié Open Water avec sept plongées seulement au compteur.

Dans l’eau, ils gesticulent les bras comme si c’étaient des nageoires, et ils ont fini à 50 bars en trente minutes (il y avait du courant, je les voyais palmer comme des dératés).

Je les regardais bouger dans tous les sens, galérer à maintenir leur stabilité, et j’ai eu un flash de mes propres débuts. Y a pas de miroir sous l’eau, donc je ne me suis jamais vue, mais j’imagine que je ressemblais à ça, un pantin désarticulé qui secoue ses membres dans tous les sens.

J’ai progressé, j’ai appris, et maintenant c’est mon tour de pointer les erreurs et d’aider à progresser. Alors de retour sur le bateau, j’ai pris le temps de réfléchir au débrief que je voulais leur faire.

Ils sont en vacances, pas en formation, donc ça doit être bref et droit au but si je veux être efficace. Il faut que je leur donne des conseils ciblés, faciles à mettre en oeuvre, pas un cours théorique.

… Je leur dis quoi ?

J’ai pris le problème à l’envers. Been there, done that, alors qu’est-ce qu’on m’a dit, à moi ? Et qu’est-ce que j’avais besoin/envie d’entendre, quand j’étais à leur place ?

Pourquoi j’apprends ?

Tout ceci m’amenée à me poser la question : pourquoi j’apprends des trucs ? Et comment ? Si je décortique ça, je vais réussir à reproduire le schéma avec d’autres personnes. L’idée étant d’aider les gens à apprendre des trucs sans en avoir l’air, ce qui est particulièrement utile avec les gens (un peu) traumatisés de l’école et sa pédagogie du bâton.

J’apprends par curiosité : quelque chose retient mon attention parce que ça sort de l’ordinaire, j’ai envie d’en savoir plus. C’est un apprentissage motivé par l’envie.

J’apprends par pragmatisme et intérêt : quelque chose est utile, et va me servir à obtenir quelque chose d’autre par la suite. Ce sont des méthodes ou des connaissances que j’ai besoin d’acquérir comme outil, qui auront une utilité future. C’est un apprentissage motivé par la nécessité, le besoin.

J’apprends par défi, par challenge : quelque chose est inaccessible, ou difficile à atteindre. Apprendre devient aussi gratifiant que d’entreprendre l’ascension d’un sommet. On dit que c’est pour la vue, mais soyons honnête : si c’était pas l’effort en soi qu’on kiffait, on se contenterait des photos. C’est un apprentissage motivé par l’inspiration, le « drive » en anglais. L’intuition ? La « faim » ?

Sans surprise, j’apprends plus vite et plus efficacement quand ces trois canaux convergent, que lorsque je suis uniquement la voie de la nécessité. L’envie seule peut m’amener à court de motivation assez rapidement, c’est difficile à tenir sur le long terme. Et le défi est trop incertain de nature pour justifier un investissement trop important.

Mais combiner envie, besoin et challenge, c’est l’autoroute de l’apprentissage réussi.

Pour moi même, ou pour les autres, je dirais donc que la recette d’un apprentissage réussi, c’est :

  • Une bonne base de nécessité : identifier une compétence utile à acquérir et à développer.
  • Une couche généreuse d’envie : susciter la curiosité et l’intérêt pour cette compétence, qu’il y ait davantage à y gagner que juste la maîtrise d’un truc utile.
  • Un soupçon de challenge : les plus joueurs seront réceptifs à la simple présence d’un défi, pour les autres, il s’agit de donner le goût de l’effort (par exemple avec des points d’étapes pour mesurer le chemin parcouru). Et si y a pas de sommet à l’horizon, à moi d’en fixer un.

À creuser.

D. 28 Need for Speed

Ça va mieux. J’ai toujours la crève, mais j’ai l’esprit beaucoup moins embrouillé. C’est très paradoxal, mais du coup, j’ai eu beaucoup plus de mal à maintenir ma concentration sur la lecture de mon manuel de plongée, aujourd’hui.

Hier, je tournais au ralentit. J’avais qu’un seul « canal » ouvert, il suffisait de lire et de ne pas bouger pour que mon esprit, aussi embrumé qu’il était, imprime néanmoins l’essence de ma lecture en mémoire.

Mais aujourd’hui, la moindre phrase me lançait dans une fourche. Mes yeux lisaient déjà le paragraphe suivant, tandis que mon cerveau déroulait des fils dans tous les sens. Je devais mobiliser de l’énergie à me concentrer activement sur ma lecture, pour ne pas réfléchir d’un lobe aux différents scénarios pratiques que j’étais susceptible de rencontrer, à la lecture théorique en cours par l’autre lobe.

C’est une des raisons qui fait que je m’épuise toute seule, je crois bien. Je cours sans arrêt après mon esprit, au lieu d’investir de l’énergie à me ralentir quand c’est nécessaire. Rien ne va jamais assez vite, je ne parle pas assez vite, les autres ne répondent pas assez vite, les conversations ne vont pas assez vite, la lecture ne va pas assez vite, pas assez droit au but, pas assez à l’essentiel.

Je m’épuise à courir en me plaignant que c’est la faute du reste du monde si l’essence des choses est enfouie derrière tant de pertes de temps. Mais c’est de ma faute, je crée et je nourrie au moins autant de « bruits » parasites que ceux qui me fatiguent. Moi non plus, je ne vais pas à l’essentiel dans mes propres pensées.

Pourquoi je m’inflige la lecture extensive de tout un bouquin dont je connais déjà 70% du contenu, et dont le « test de connaissance » sera un QCM ? Pourquoi je ne saute pas l’étape « lire le bouquin comme on me l’a demandé », et que je n’attaque pas le problème exactement comme je devrais, c’est-à-dire en procédant à l’extraction de son essence :

– lire le sommaire
– identifier les notions clés
– passer sur chaque chapitre en diagonale et noter la notion-clé de chaque sous-section
– repasser sur le sommaire pour vérifier que je connais désormais la notion-clé de chaque titre
– croiser avec les tests de fin de chapitre pour vérifier que j’ai pas zappé une question utile à l’examen.

Le syndrome de la bonne élève

Pourquoi je fais pas ça, pourquoi je prends pas « le raccourci efficace » mais que je passe par la route principale ? Parce qu’on me l’a demandé. C’est le syndrome de la bonne élève, n’est-ce pas. Il faut suivre la consigne, suivre la méthode donnée par le prof. C’est une obligation de moyens ET de résultats. Mais se plier à l’obligation de moyens est une assurance de résultat : si je me plante, je pourrais me justifier « pourtant, j’ai bien lu le bouquin ! »

Si j’en fais qu’à ma tête et que j’échoue, j’ai pas d’excuse. C’était comme ça, à l’école.

Sauf qu’on n’est plus à l’école, et qu’au fond, il n’y a toujours eu que le résultat qui comptait. Et la méthode, elle ne me convient pas. J’emprunte une route qui me mène dans le mur, parce que les informations ne sont pas « rangées » correctement, et que le test (un QCM) me les demande de façon illogique.

Je sais expliquer toute la théorie de la plongée, mais je peux me planter dans un texte à trou, si « la » bonne réponse est celle qui est donnée dans le livre. Trouver un mot qui manque, c’est con, expliquer un concept, c’est compliqué. Résultat.

Je me comprends.

Faut vraiment que j’arrête de faire ça. La bonne élève. À qui je vais faire signer mon bulletin ? C’est mon temps que je perds, et mes nerfs que j’épuise à faire ce qu’on me demande au lieu de réussir ce qui est attendu.

Je dois assimiler un manuel de 250 pages. Pour la plupart des gens, ça passe par le lire. Et pour moi, ça passe par un autre chemin.

Au lieu de passer mon temps à pester que ça va pas assez vite, j’ai qu’à m’engager dans les raccourcis, et arrêter d’avoir peur de me faire engueuler si on me chope à traîner loin des rues principales.

Je me comprends.

J’aurais pu intituler ce billet « Fuck You Hermione Granger », mais ça aurait été de la mauvaise foi. Même Hermione a compris qu’elle avait le droit de tracer sa propre route quand il n’y avait pas de voie assez efficace pour atteindre ses objectifs.

D. 23 Sea sickness is a real thing (and curse this shit)

I just spent twenty-eight hours on that goddamn ferry, the better part of it contorted with stomach pain. I flat out refused to believe that I was being sea sick, on the account that I don’t believe in sea sickness, to start with. Even if such an affliction did, in fact, exist, it could not affect someone who had already spent over seven days at sea, in much worse conditions than these, for instance.

For one, I was lying down the whole time, under proper ventilation, and with a view to the outside, not canned up somewhere below deck. And the size of the ship was so that I could barely feel the movement of the wave underneath.

So there was really no way I could be subjected to « sea sickness », and again: I’d sooner believe in ghosts than in the existence of a stomach disease, caused by the simple fact of being aboard a boat. I do believe that my own mind could cause my body to feel sick, but that can happen in various situations. What the mind does, the mind can undo. If I don’t allow myself to entertain the reality of sea sickness, then my body cannot be afflicted by it, can it?

But there I was, unable to move from my position, bed-ridden by my stomach, threatening to relinquish its content without warning at any sudden move on my behalf.

Well, I must be having my period, then. For sure. Intense nausea has been a symptom before, especially on an empty stomach. I should eat something, drink more, and place my mooncup as a preventive measure.

Eating made it worse. Oh well, then I must have given myself food poisoning, by eating these awful crackers. After all, they do contain some milk products, that must be the reason why I can’t seem to be able to digest them. Even though I had eaten those last week, to no side effects. Fuck this. I need more water.

Well, I’ve been drinking over 1,5 L of water over the last 20 hours, with no feeling of thirst, and no need to go to the bathroom… Something if definitely wrong with me. My body isn’t processing anything at the moment.

Why isn’t my digestive system functioning properly? WHAT THE FUCK, BODY?

By the time we reached Bira, (Saturday, around 6pm, having left Friday at 3pm), I was seriously considering jumping ship. Then again, the full blast karaoke session that had been going on for the past SIX FUCKING HOURS made for a greater incentive than this pretend-sea sickness I still don’t really believe in.

I waited for my ride a few steps away from the ferry docks, praying it would be a car, not a bike of any kind. The ground was moving all around me, and I ended up sitting down on the warm stone, increasingly aware of my stomach, which content had not been released in over twenty-eight hours.

My ride came. Of course it was a motorbike. Of course there was no helmet. The driver took my backpack in front of him, and I remembered just enough indonesian to ask « pran-pran »: slowly please. It was only about ten minutes but it felt agonisingly longer, although at this point, I had no resistance left. I think my body went to survival mode, and I wasn’t as fear-ridden as I would have been, riding by night on the back of a motorcycle, clinging to some guy’s shoulders for dear life.

When we passed the gates of « Bira Dive Camp », I let out a sigh of relief. I was trembling when I got off of the bike, thanking my driver for his skills. He took me to meet the staff, then to my dorm, and let me get settled in.

But he was gone for about a minute when my stomach decided that it was time to let it all out. Ha, so here’s the water I’ve been drinking, but that my body hasn’t been getting.

I went down to the terrace only to bade everyone good night and fill up my water bottle, which I drained once for good measure. I was dehydrated for sure, and it was pointless to eat in these conditions.

As I lay flat on my mattress, I could here the soft rustling sound of the waves, less than fifty meters below. The noise alone was giving me a funny feeling inside. I drained another bottle of water during the night, and thought I’d best pass on the invitation to join in for the next morning’s first dive. Diving while dehydrated isn’t exactly the best idea.

So, I guess, that these past two days have taught me this: sea sickness is real. I am prone to sea sickness. I need to find a way to get past this. I will then get as much information as I can find about this illness, why it happens, how to get rid of it. There has to be a way. I like the sea too much to let it keep me at bay, on the ground that my stomach can’t — well, can’t « stomach » it.

I am the boss here. And I say that since I cannot ignore the problem anymore, I’ll solve it. Period.

— Saturday, July 30th

D. 16 Il ne me manque rien

Je continue mes réflexions sur les habitudes, en glissant sur la question du confort. Hier soir, j’ai fait mon sac pour les cinq jours à venir. J’ai gardé les vêtements chauds, parce que nous allions un peu nous poser en altitude, et qu’on ne sait jamais, les nuits pourraient se rafraîchir.

Mais j’ai viré mes affaires de plongée : exit le shorty, les palmes, le parachute et son plomb de 500g, la lampe-torche étanche également sévèrement lestée (pour ne pas perturber ma flottabilité, bien sûr). Tout est resté à l’hotel, que je retrouverai mercredi ou jeudi soir.

Exit aussi le Routard de Bali-Lombok, dont j’ai déjà tiré l’essentiel des informations pratiques. J’ai largué mon pantalon de pyjama panthère, trop épais pour le chaud, trop léger pour le froid, et trop lourd à porter. C’était mon choix « demi-saison », mais il n’y a pas de demi-saison ici. Il fait 30°C ou il fait froid parce qu’on est en altitude. Faites vos jeux.

Je me suis fait la réflexion pendant le trajet, dans la voiture climatisée qui nous amenait de Labuan Bajo à Ruteng : il ne me manque rien. En termes matériels, entendons-nous bien.

Je me prends à me demander : à quoi servent les myriades de TRUCS qu’on est capable d’entasser dans nos appartements ? J’ai eu plus de six appartements (déjà !) dans ma vie, autant de déménagements, tellement de cartons, et pour le cinquième, j’ai simplement renvoyé chez mes parents des cartons pas déballés du précédent déménagement.

À quoi ça me sert ?

À quoi ça me sert, tout ça ? Tous les livres dont j’ai besoin sont sur mon Kindle — ou ils finiront par l’être. Les habits dont j’ai besoin se résument à deux ou trois tenues pour pouvoir tourner entre les lessives, et de quoi répondre aux contraintes climatiques et environnementales.

Mais le luxe que c’est, de ne pas avoir à se poser cette question le matin : qu’est-ce que je mets ? Et bah LA tenue propre qui correspond à la météo du jour, ma chère. Le choix est très vite fait, et il est pleinement satisfaisant.

Je me surprends, plusieurs fois par jour, à me demander « OK, comment je m’occupe ? ». Si je veux une connexion Internet, il faut aller la chercher. Si je veux faire quelque chose, il faut m’organiser. Mais entre deux expéditions, excursions, visites, il faut bien « s’occuper », d’autant que la nuit tombe à 18h ici, et que la faiblesse de l’éclairage public en fait une VRAIE nuit noire dès 19h.

Donc, comment je m’occupe ? C’est magique. Je réfléchis. Je lis. J’apprends l’indonésien (super vite vu mon temps libre). J’écris. J’écris sur l’ordinateur quand je prends le temps de me poser, j’écris sur mon carnet nul qui n’aura jamais assez de pages (donc que j’économise) sur lequel je gribouille des schémas de pensée, des raisonnements…

Je prends le temps de ne rien faire

Je n’ai rien et je ne m’ennuie pas, parce que je meuble de façon épanouissante. On avait plus de trois heures de route, ce matin. J’en ai passé une et demi à avaler du vocabulaire indonésien, et le reste à contempler le paysage, et reposer mes yeux par intermittence (ça balançait beaucoup trop dans tous les sens pour pouvoir dormir, et la passagère derrière nous a rendu ses tripes dans un sac plastique pas moins de sept fois. God bless her soul).

On est arrivé, j’avais pas vu le temps passer. On a trouvé un hotel, en marchant un peu. 100 000Rp la nuit, avec une porte qui ferme à clé, et dans la chambre d’en face, un grand Danois d’un mètre quatre-vingt. Mon ami, compagnon de voyage pour quelques jours encore.

On est allé déjeuner dans un warung, j’ai réussi à traduire une partie de la carte, assez pour lui permettre d’apprécier la diversité des options. On a mangé un Gado-Gado, un plat de légumes au tofu, tempeh et sauce piquante à la cacahuète. C’est tiède, un peu chelou, mais c’est bon (c’est servi avec des chips de crevettes et un oeuf dur, et je sais pas encore comment demander sans, et je refuse de gâcher de la nourriture ici donc je mange quand même, sauf si j’ai plus faim. Mais je ne fais pas de gâchis de principe.)

30 000Rp pour nos deux plats : à peine 2€.

Je m’étais juré : pas de scooter

Treize heure trente, ça y est, on a trouvé un scooter à louer. Trop cher, mais bon, 100 000Rp à deux, ça fait jamais que 3,50€ pour trois heures de scooter à travers les rizières en toile d’araignée de Cancar, c’est donné.

On part, je suis tétanisée à l’arrière, j’avais pas besoin de prendre un sac à dos, mais je l’ai rempli de mou pour me servir de dorsale en cas d’accident. Je peux pas lâcher prise sur les accidents de la route, je sais que ça pardonne pas, j’ai insisté pour avoir un casque qui ferme, tandis que la bride de celui de Magnus flotte au vent. J’ai un pantalon et une veste pare-soleil et coupe-vent, mais on roule à 30, parce que s’il accélère, je lui plante mes cinq doigts dans l’épaule et je lui déboîte la clavicule, c’est sûr.

Mais on avance, et je me détends, parce qu’on a un bon scooter et qu’il conduit bien, il ralentit quand il faut, la route est en bon état, et puis on quitte la rue principale pour s’engouffrer dans les rizières.

Les rizières de Cancar (on dit « Tchannchar »)

Y a pratiquement plus de circulation, maintenant le challenge c’est les trous sur la route, mais ça y est, je me sens bien. On monte dans la jungle quand soudain la forêt s’écarte et on vole au-dessus des rizières, qui dégringolent à quelques mètres de nous. Le ciel est nuageux mais c’est beau quand même parce que ça fait ressortir le vert que sinon le soleil écrase, et le ciel d’acier vole son éclat.

La route qu’on suit arrive dans ce village, dont j’ai pas imprimé le nom. Un truc en G, qui ressemble à « montagne », donc « gunung » ou quelque chose dans le genre. Le riz sèche sur des grandes bâches devant les maisons. Les enfants courent après le scooter, nous lancent des « hello ! » enthousiastes et éclatent de rire quand on leur répond.

Les habitants nous sourient, les filles et les garçons sont habillés pareil, ils jouent pareil, ils travaillent aussi, on les voit porter des sacs de riz ou des bidons d’eau, on voit des dos cassés dans les rizières aux alentours, recouverts de vêtements contre le soleil qui tape quand même malgré les nuages.

On est rentrés, et j’étais bien. Dans la rue, les lycéens nous arrêtent pour « practice english! ». Ils font des stages et des formations dans le tourisme et l’hôtellerie, donc ils savent demander qui on est, d’où on vient, pourquoi on est là, quel est notre programme. Ils veulent faire des photos avec nous.

Au début j’étais un peu méfiante, parce que j’ai des objets de valeur plein les poches. Des trucs. De l’argent. Qu’est-ce qu’ils veulent me vendre, encore ?

Ils n’ont rien à vendre, ils veulent juste parler anglais. Et ils éclatent de rire aussi quand je leur réponds « saya senang belajar bahasa indonesia ». Ou « saya suka », je sais pas trop. Je suis super contente d’apprendre l’indonésien, en gros.

C’était le 16ème jour de mon aventure, et aujourd’hui, c’était vraiment l’aventure. Ça fait peur et ça surprend, ça secoue et détend. Je n’ai rien avec moi, et il ne me manque rien.

Quelques résolutions

Conclusion, résolution : à mon retour, grand ménage de printemps dans mes placards. Ça faisait déjà quelques années que j’avais arrêté de faire du shopping, mais va falloir se débarrasser des fonds de tiroir, littéralement. Toutes les fringues qui ne sont plus confortables, plus à ma taille, qui ne remplissent aucune fonction pratique (sport, froid, pluie, soleil, chaleur), ça dégage.

Tous les objets à vocation sentimentale, soit j’en fait une photo et je raconte son histoire sur Instagram (ça durera plus longtemps et ça prendra moins de place), soit en fait, ça vaut pas le coup d’utiliser de l’espace pour un truc dont j’ai oublié le sens. Dans les deux cas, j’en ai pas besoin dans mes armoires.

Tous les livres qui n’ont pas une fonction pratique (dont j’ai besoin en ce moment, et régulièrement), ça va dégager aussi. Ça ne se jette pas, bien sûr. Je vais les donner. Mais je vais réfléchir à comment m’en séparer… Ceux qui me restent sont, pour la plupart, dédicacés. J’aimerais bien les garder pour ma future bibliothèque, mais dieu seul sait où et quand j’en aurais une.

Je crois que j’aime davantage l’idée que mes exemplaires dédicacés continuent leur vie de livre, à passer de mains en mains, à l’infini.

Quelqu’un finira par se retrouver avec un original de François Hollande, signé au nom de Clémence, « avec toute mon amitié ».

Je ne crois pas que toutes les choses que j’aime et qui m’entourent à Paris soient sans valeur, ni utilité. Je crois juste qu’elles prennent trop de place dans ma vie, que je pense sans cesse en termes de confort et pas assez strictement en termes d’utilité.

La moitié des affaires que j’ai emportées est inutile. Mais elles m’apportent un certain confort. Moitié moins, voilà un objectif.

Réduire de moitié la quantité de « trucs » que je possède. Je veux me recentrer sur l’essentiel dans ma vie, et ça passe par redescendre mon centre de gravité au plus près de la Terre.

Demain soir — Inch’Allah ! Nous dormirons à Wae Rebo, dans un village traditionnel. C’est-à-dire à même le sol, dans une espèce de hutte collective. « Les toilettes sont dans la nature » peut-on lire sur Internet.

Je m’attends donc à prendre une nouvelle leçon sur le confort matériel et la simplicité.

21h, je fais les comptes de la journée : 100 000 pour la nuit, 50 000 chacun pour le scooter (j’offre les 30 000 d’essence, c’est lui qui a conduit), 15 000 chacun pour le déjeuner, et j’ai fait des folies ce soir : 45 000 pour des nouilles frites et un thé au gingembre.

240 000Rp, soit environ 17€. Paris et ses pintes à 7€ ne me manqueront pas, c’est certain.